L’affrontement à venir avec le Pentagone
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L’affrontement à venir avec le Pentagone
L’affrontement à venir avec le Pentagone
On connaît la situation du Pentagone, à la fois croulant sous les $milliards et en crise systémique profonde; l’on connaît aussi les ambitions pour les dépenses militaires de la partie la plus radicale du complexe militaro-industriel (CMI). Les industriels et les militaires veulent un budget “de fonctionnement” du DoD (non compris les dépenses des guerres en cours) équivalent à 4% du PIB (il est actuellement autour de 3,3%-3,4%).
A côté de cela, il y a les projets des candidats probables pour la future présidence. Loren B. Thompson donne quelques précisions, inédites ou dans tous les cas fort peu connues, dans un texte de UPI (SpaceWar.com) du 20 mai. (Thompson développe dans son texte l’argument qu’il n’y a pas de polarisation de la politique aujourd’hui aux USA mais, au contraire, une forte proximité de vues. Cele est juste quant aux programmes, mais pas du tout quant à l’affrontement idéologique. Mais nous laissons de côté cet aspect du texte.)
«And then there is the matter of national defense, where the two likely nominees are supposedly exact opposites. Well, guess again. When you look beyond Iraq, they share many of the same positions:
»• Both say that morality must be a core feature of U.S. military strategy and foreign policy.
»• Both say the size of the military, especially ground forces, needs to be increased.
»• Both say the military needs to shift to a new mix of skills focused on unconventional threats.
»• Both say the weapons acquisition process is broken and needs to be fixed.
»Consider, too, the things they both think about defense, but don't say. Neither trusts military contractors. Neither believes that all the big-ticket weapons in the current military modernization plan are affordable – or necessary. And neither plans to maintain defense spending at its current level, which is about $700 billion when you include war-related supplemental appropriations.
»The Obama camp expects to cut military outlays to around $500 billion annually, while the McCain camp expects to end up around $550 billion. Not much difference there.»
«Not much difference there.»… Par contre, la différence est considérable entre ce que veulent les militaires et les industriels et ce qu’envisagent les candidats. Alors que les premiers veulent autour de $600-$620 milliards en “fonctionnement courant”, sans les dépenses actuelles des guerres ($200 milliards), les seconds veulent $500-$550 milliards tout compris. Jamais les exigences du complexe et les programmes des candidats à la présidence sur la question du budget militaire n’ont été aussi éloignées.
Bien entendu, divers aménagements peuvent être avancés pour atténuer la vigueur de ce constat. Les candidats espèrent très vite réduire les dépenses militaires pour l’Irak, – ce qui serait beaucoup plus vite dit que fait. Au contraire, ces mêmes candidats veulent augmenter le volume des forces, ce qui implique qu’une partie du budget sera consacrée à des dépenses non existantes aujourd’hui. La conclusion générale qu’on doit tirer est qu'il existe dans les conceptions même un si grand potentiel d’affrontement entre la future administration et cette partie radicale du CMI qu’on voit mal comment une crise pourrait être évitée. La situation, dans l'esprit de la chose, est comparable à celle de l’arrivée au pouvoir de l’administration Kennedy, en 1961, avec un programme radical de réforme du Pentagone (avec Robert McNamara à la défense) ; dans la réalité, elle est bien plus grave, à cause du volume des dépenses, de la profondeur de la crise du Pentagone, de l’affaiblissement du pouvoir politique et ainsi de suite. (Par contre, la situation n’a rien à voir avec 1993, lorsque Clinton arriva avec ses projets de réduction budgétaire. La fin de la Guerre froide rendait cette orientation irrésistible, – et encore fut-elle freinée. Aujourd’hui, il n’y a pas d’abaissement de la tension dans la situation générale, ce qui rend beaucoup plus difficile d'imposer des réductions budgétaires et des réformes.)
Considérant les programmes des candidats et la situation du Pentagone, on est conduit à penser que tout projet de réforme lancée par la nouvelle administration impliquera nécessairement des propositions radicales et déstabilisantes; qu’il se heurtera à une opposition radicale au Pentagone; que le pouvoir politique ne pourra pas aisément abdiquer devant la résistance bureaucratique sous peine de perdre toute possibilité de contrôler le Pentagone.
Mis en ligne le 21 mai 2008 à 08H12
L’affrontement à venir avec le Pentagone
On connaît la situation du Pentagone, à la fois croulant sous les $milliards et en crise systémique profonde; l’on connaît aussi les ambitions pour les dépenses militaires de la partie la plus radicale du complexe militaro-industriel (CMI). Les industriels et les militaires veulent un budget “de fonctionnement” du DoD (non compris les dépenses des guerres en cours) équivalent à 4% du PIB (il est actuellement autour de 3,3%-3,4%).
A côté de cela, il y a les projets des candidats probables pour la future présidence. Loren B. Thompson donne quelques précisions, inédites ou dans tous les cas fort peu connues, dans un texte de UPI (SpaceWar.com) du 20 mai. (Thompson développe dans son texte l’argument qu’il n’y a pas de polarisation de la politique aujourd’hui aux USA mais, au contraire, une forte proximité de vues. Cele est juste quant aux programmes, mais pas du tout quant à l’affrontement idéologique. Mais nous laissons de côté cet aspect du texte.)
«And then there is the matter of national defense, where the two likely nominees are supposedly exact opposites. Well, guess again. When you look beyond Iraq, they share many of the same positions:
»• Both say that morality must be a core feature of U.S. military strategy and foreign policy.
»• Both say the size of the military, especially ground forces, needs to be increased.
»• Both say the military needs to shift to a new mix of skills focused on unconventional threats.
»• Both say the weapons acquisition process is broken and needs to be fixed.
»Consider, too, the things they both think about defense, but don't say. Neither trusts military contractors. Neither believes that all the big-ticket weapons in the current military modernization plan are affordable – or necessary. And neither plans to maintain defense spending at its current level, which is about $700 billion when you include war-related supplemental appropriations.
»The Obama camp expects to cut military outlays to around $500 billion annually, while the McCain camp expects to end up around $550 billion. Not much difference there.»
«Not much difference there.»… Par contre, la différence est considérable entre ce que veulent les militaires et les industriels et ce qu’envisagent les candidats. Alors que les premiers veulent autour de $600-$620 milliards en “fonctionnement courant”, sans les dépenses actuelles des guerres ($200 milliards), les seconds veulent $500-$550 milliards tout compris. Jamais les exigences du complexe et les programmes des candidats à la présidence sur la question du budget militaire n’ont été aussi éloignées.
Bien entendu, divers aménagements peuvent être avancés pour atténuer la vigueur de ce constat. Les candidats espèrent très vite réduire les dépenses militaires pour l’Irak, – ce qui serait beaucoup plus vite dit que fait. Au contraire, ces mêmes candidats veulent augmenter le volume des forces, ce qui implique qu’une partie du budget sera consacrée à des dépenses non existantes aujourd’hui. La conclusion générale qu’on doit tirer est qu'il existe dans les conceptions même un si grand potentiel d’affrontement entre la future administration et cette partie radicale du CMI qu’on voit mal comment une crise pourrait être évitée. La situation, dans l'esprit de la chose, est comparable à celle de l’arrivée au pouvoir de l’administration Kennedy, en 1961, avec un programme radical de réforme du Pentagone (avec Robert McNamara à la défense) ; dans la réalité, elle est bien plus grave, à cause du volume des dépenses, de la profondeur de la crise du Pentagone, de l’affaiblissement du pouvoir politique et ainsi de suite. (Par contre, la situation n’a rien à voir avec 1993, lorsque Clinton arriva avec ses projets de réduction budgétaire. La fin de la Guerre froide rendait cette orientation irrésistible, – et encore fut-elle freinée. Aujourd’hui, il n’y a pas d’abaissement de la tension dans la situation générale, ce qui rend beaucoup plus difficile d'imposer des réductions budgétaires et des réformes.)
Considérant les programmes des candidats et la situation du Pentagone, on est conduit à penser que tout projet de réforme lancée par la nouvelle administration impliquera nécessairement des propositions radicales et déstabilisantes; qu’il se heurtera à une opposition radicale au Pentagone; que le pouvoir politique ne pourra pas aisément abdiquer devant la résistance bureaucratique sous peine de perdre toute possibilité de contrôler le Pentagone.
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