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une enfance qu vietnam

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Message par valou Mar 25 Mar - 22:14

Marguerite Pietri, une enfance au Vietnam





La maison familiale, à Hanoï ...
«À Hanoï, je me rappelle qu'on habitait boulevard Carnot - ce qui ne vous dira sûrement rien (rires )... Un quartier avec de grandes maisons, de grands jardins, de grands trottoirs... tout était surdimensionné.»

À l'époque, c'était l'Indochine ...
Le Dragon a une immense bouche ...
Fêter les Ancêtres ...
Une culture pour toujours ancrée ...
A l'occasion du Têt, la fête est aussi sur la table ...
Des souvenirs peu communs ...

A l'époque, c'était l'Indochine ...
Marguerite avait trois mois lorsqu'elle est arrivée au vietnam... et ne le quittera qu'à l'âge de 16 ans. Toute une enfance passée à Hanoï, parmi les Vietnamiens, leurs usages, leurs traditions, qui deviendront siennes. Elle raconte le Têt dont elle se rappelle ... celui de l'Indochine des années 30, vu au travers de ses yeux d'enfants, d'Occidentale qui a parlé chinois avant même d'appréhender le français, qui n'a connu Noël qu'à l'âge de six ans. Un chemin de vie rare, un témoignage unique, forcément «exotique» ...

J'ai vécu toute mon enfance en Indochine car mon père y était magistrat, il était Président de la Cour d'appel de Hanoï. Je suis arrivée là-bas à l'âge de trois mois exactement. Moi je suis née en France, mais ma soeur est née au Vietnam. J'ai parlé chinois avant de parler français, car là-bas, il est de coutume que les bébés, jusqu'à l'âge de cinq ans, soient élevés par les Assams, des nourrices chinoises puis, seulement quand ils sont plus grands, par des nourrices Vietnamiennes. J'ai donc ensuite parlé le vietnamien, que je parle d'ailleurs encore aujourd'hui. Lorsque j'ai l'occasion de parler vietnamien, au Marché de Nouméa par exemple, on me dit souvent : «Vous êtes du Nord, n'est-ce pas ?» (rires) !



Le Dragon a une immense bouche ...
J'ai connu les festivités du Têt avant de connaître Noël ... que j'ai découvert à l'âge de six ans, alors que nous rentrions en France pour trois mois. Je me souviens très bien qu'à Hanoï, à la période du Têt, il fait très froid, c'est l'hiver. Je revois très bien la scène : on fait du feu dans la cheminée, les femmes portent des fourrures, et les Vietnamiens une veste un peu matelassée, très fermée au col, avec des piqûres... tout le monde est habillé très chaudement.

Le soir du Têt, les enfants paradent dans les rues avec des lampions en papier, ils chantent, ils dansent en suivant le dragon, articulé de l'intérieur par des danseurs. Le dragon a toujours une tête monumentale ... qui m'impressionnait beaucoup, les enfants en ont peur généralement. Le premier Têt dont je me souviens vraiment, ce devait être en 1935 ou 36 ... Le dragon a une immense bouche, de grandes dents, des espèces d'antennes terminées par des boules dorées ... Il «avale» l'année précédente pour la détruire, pour la tuer, et apporte la nouvelle année.
La notion de renouveau est particulièrement importante. C'est également pourquoi les Vietnamiens ne disent pas «fêter le Têt» mais littéralement «manger le Têt». Les enfants visitent les maisons, les unes après les autres ; le dragon entre dans les jardins, et danse sur les escaliers de la maison, tandis que les gens lui jettent des pièces, lui donnent des friandises. Les pétards claquent de tous côtés ... pour éloigner les vieux esprits, donc l'année précédente, qui s'en va ... et chassent le «ma quy», l'esprit malfaisant qui, quand vous laissez un placard ouvert, attirera les souris dedans par exemple ...
Ces superstitions, pour moi ce n'était pas du «folklore», je les avais intégrées au même titre que les Vietnamiens, parce que je n'avais pas vraiment de «bagage», d'à priori occidentaux à l'époque. Bien sûr, mes parents constituaient ma «référence» occidentale, mais vous savez, à cette époque, les enfants vivaient tellement plus près des nourrices, qu'ils sont imprégnés de leur culture dès le départ.



Fêter les Ancêtres ...

Dans «notre» culture, on a toujours des photos de famille, de nos disparus, que l'on groupe dans des albums ... Là-bas, les albums ça n'existe pas. Eux, ils érigent un autel dédié aux ancêtres : c'est une table, quelquefois c'est un tout petit guéridon, où trônent les photos des disparus de la ligne directe, c'est-à-dire les parents, les grands-parents, les frères et soeurs s'ils sont morts ... À côté, il y a toujours des bâtonnets d'encens pour chasser les esprits malfaisants, pour renouveler l'air, le purifier - spirituellement s'entend. On amène toujours des offrandes aux ancêtres. Par exemple, au Têt, il faut toujours qu'il y ait un panier de fruits frais sur l'autel, que l'on renouvelle tous les jours ... ensuite ils sont mangés par la famille bien sûr, mais ils sont servis aux ancêtres d'abord.
On y place des fleurs fraîches également, des fleurs de pêcher surtout. Chaque ami ou parent, quand il entre dans la maison va directement à l'autel des ancêtres, faire ce qu'on appelle «lay lay», une prière que l'on fait les mains jointes, successivement placées près de la bouche, du front, du menton, du coeur... Ils s'inclinent devant l'ancêtre, par respect, par considération, par amour. C'est une façon de dire : «Reposez en paix, on s'occupe de vous, on vous nourrit, on vous aime».
Au Têt, je me rappelle qu'on avait coutume de faire des petits sujets en pâte de riz, translucides ... On façonnait des espèces de monstres, des licornes, des dragons, des chats, des chiens etc. Ensuite on peignait ces petits sujets avec des colorants issus de plantes ; il y en avait des rouges, des verts, des jaunes, des roses ... puis on mettait des petites boules d'or pour faire les yeux. C'était des petites figurines d'environ trois centimètres de haut, un peu comme les santons dans nos crèches de Noël, qui servaient à décorer l'autel des ancêtres. Puis il y en a eu en plastique, et enfin cette tradition a complètement disparu de nos jours. La fête dure plusieurs jours, jusqu'à ce que la lune décroisse ...



Une Culture pour toujours ancrée ...

Cette année, c'est tout à fait impromptu : j'ai été invitée au Têt parmi la communauté chinoise. Je crois que je le fêterai toujours, même si depuis l'âge de seize ans, je ne suis jamais retournée au Vietnam. Le Vietnam est un pays qui a souffert 50 ans de guerre ... 50 ans de guerre qui ont tout changé, et la population d'aujourd'hui n'est plus du tout celle que j'ai connue. Alors je pense que ce serait une erreur de repartir à la recherche de souvenirs ... Il faut les garder intacts, c'est comme cela qu'ils sont les plus
beaux !



A l'occasion du Têt, la fête est aussi sur la table ...

«Les mets du Têt se préparent plusieurs jours avant. On fait par exemple le Banh Chung, c'est un gâteau de riz gluant farci avec des oignons, du porc, c'est légèrement épicé, entouré de feuilles de bananier, et ficelé. Cela fait comme des gros cubes, qui sont ensuite cuits à la vapeur. Au Vietnam, on en fait des sucrés et des salés ... qu'on ne mange qu'à l'occasion du Têt.
Les graines de lotus également ne se mangent qu'au Têt. Quand la fleur de lotus s'ouvre, elle a un coeur qui fait à peu près dix centimètres de diamètre, et à l'intérieur il y a des graines grosses comme le pouce, qu'on fait sécher, et qu'on plonge ensuite dans du sirop de sucre, plusieurs fois... ça a un peu la texture du marron glacé, un peu le même goût aussi mais plus subtil, moins sucré, moins pâteux. Au moment du Têt, on mange aussi des fruits confits : de la noix de coco en lamelles, des graines de lotus, de la papaye confite, de la pastèque, une sorte de concombre auss i... que l'on a coutume de présenter dans ce récipient (photo), comparable à une grosse «tomate» en bois sculpté. Celui-ci est vieux de cent ans ...»

Des souvenirs peu communs ...

Vacances à la frontière du Yunan, dans une maison de légionnaires, nichée sur un piton rocheux. «Mes parents nous laissaient souvent seules le soir dans cette maison, avec la nourrice. Devant la propriété, il y avait simplement deux gros piliers de pierre pour figurer une entrée... où l'un des boys avait l'habitude d'accrocher un hamac. Il dormait là, tant il faisait chaud la nuit, avec son chien en-dessous de lui. Un matin, on l'a retrouvé prostré sur son hamac, choqué ... Un tigre était venu de la forêt vierge toute proche, dans la nuit, et avait dévoré son chien sur un rocher à côté, devant ses yeux ...»
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