la Société générale
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P-DG de la Société Générale. C-V
http://www.challenges.fr/20080219.CHA7750/societe_generale__bouton_lache_par_bebear_.html
"il n'y a qu'à la Générale qu'une fraude aussi incroyable pouvait avoir lieu"
Le CV de Daniel Bouton
Challenges.fr | 19.02.2008 | 10:59
Voici quelques dates qui ont jalonné le parcours de Daniel Bouton, P-DG de
la Société Générale :
1950. Naissance à Paris.
1967. Baccalauréat.
1973. Enarque, promotion François Rabelais (celle de Laurent Fabius,
François Léotard, Philippe Jaffré...) et plus jeune inspecteur des Finances
de France.
1977. Chargé de mission à la direction du Budget.
1986. Directeur de cabinet d'Alain Juppé, ministre du Budget du gouvernement
Chirac.
1988. Directeur du Budget, sous l'autorité du ministre du Budget du
gouvernement Rocard, Michel Charasse.
1991. Entre à la Société Générale, comme directeur à la présidence.
1993. Directeur général de la Société Générale.
1997. P-DG de la Société Générale.
1999. Tente de racheter Paribas, mais doit faire face à l'offre hostile de
rachat de la BNP, qui veut monter un mariage bancaire à trois. La Société
Générale reste indépendante, pendant que la BNP absorbe Paribas.
2002. Placé en garde à vue et mis en examen pour "blanchiment aggravé", dans
le cadre de l'affaire "Sentier II", un trafic présumé de chèques entre la
France et Israël, dont le procès doit s'ouvrir le 4 février 2008.
2006. Avec la Société Générale, il conseille et finance Mittal Steel dans le
cadre de son OPA sur le français Arcelor, qui fait polémique.
2008. Alors que la Société Générale annonce des pertes de près de 7
milliards d'euros, dont 5 milliards liés à une fraude exceptionnelle, il
propose sa démission au conseil d'administration, qui la refuse. Il renonce
à ses salaires du premier semestre.
"il n'y a qu'à la Générale qu'une fraude aussi incroyable pouvait avoir lieu"
Le CV de Daniel Bouton
Challenges.fr | 19.02.2008 | 10:59
Voici quelques dates qui ont jalonné le parcours de Daniel Bouton, P-DG de
la Société Générale :
1950. Naissance à Paris.
1967. Baccalauréat.
1973. Enarque, promotion François Rabelais (celle de Laurent Fabius,
François Léotard, Philippe Jaffré...) et plus jeune inspecteur des Finances
de France.
1977. Chargé de mission à la direction du Budget.
1986. Directeur de cabinet d'Alain Juppé, ministre du Budget du gouvernement
Chirac.
1988. Directeur du Budget, sous l'autorité du ministre du Budget du
gouvernement Rocard, Michel Charasse.
1991. Entre à la Société Générale, comme directeur à la présidence.
1993. Directeur général de la Société Générale.
1997. P-DG de la Société Générale.
1999. Tente de racheter Paribas, mais doit faire face à l'offre hostile de
rachat de la BNP, qui veut monter un mariage bancaire à trois. La Société
Générale reste indépendante, pendant que la BNP absorbe Paribas.
2002. Placé en garde à vue et mis en examen pour "blanchiment aggravé", dans
le cadre de l'affaire "Sentier II", un trafic présumé de chèques entre la
France et Israël, dont le procès doit s'ouvrir le 4 février 2008.
2006. Avec la Société Générale, il conseille et finance Mittal Steel dans le
cadre de son OPA sur le français Arcelor, qui fait polémique.
2008. Alors que la Société Générale annonce des pertes de près de 7
milliards d'euros, dont 5 milliards liés à une fraude exceptionnelle, il
propose sa démission au conseil d'administration, qui la refuse. Il renonce
à ses salaires du premier semestre.
avec-amour-et-paix- Journalistes
-
Nombre de messages : 3537
Age : 61
Localisation : montpellier
Humeur : belle
tendances politiques : anarchiste
Date d'inscription : 18/02/2008
Niveau de Courtoisie:
Gérer par le Tribunal:
(14/14)
Argent de poche:
(0/100)
QUESTIONS A.
QUESTIONS A.
"Le conseil d'administration doit prendre ses responsabilité s"
Challenges.fr | 19.02.2008 | 10:59
Par Eric Lamarque, professeur de stratégie bancaire à l'univeristé de
Bordeaux IV et membre du Cercle de l'entreprise.
On apprend ce lundi 18 février que la Fimat, filiale de la Société
Générale, enquêtait depuis septembre sur des opérations réalisées par l'un
de ses courtiers pour Jérôme Kerviel. Comment se fait-il que la sonnette
d'alarme n'ait pas été tirée plus tôt ?
- On constate ici qu'il y a bien un problème de communication au sein
de la Société Générale. C'est un exemple de dysfonctionnement des systèmes
de contrôle.
Juste pour rappel, une société-mère a un système qui prévoit de
contrôler l'ensemble de ses filiales et des services rattachés à cette
banque à travers un plan d'audit. Ici , l'enquête a débuté en septembre. Or,
si aucun plan d'audit n'a été fait depuis cette date sur la Fimat, alors la
Société Générale ne pouvait pas être informée. En revanche, s'il y a eu un
plan d'audit, là il y a un vrai problème.
Mais, de toute façon, l'information concernant l'enquête aurait dû
remonter à la Société Générale. Si la Fimat ne l'a pas avertie, cette
dernière ne pouvait rien faire pour y remédier. Dans ce cas, la direction de
la Fimat doit être sanctionnée. C'est une faute de la part des dirigeants de
la filiale.
Le départ de Daniel Bouton est-il inéluctable afin de redorer l'image
de la banque ?
- C'est aux actionnaires de prendre la décision. Ce n'est ni à la
presse, ni au gouvernement. Le conseil d'administration doit prendre ses
responsabilité s. S'il considère que Daniel Bouton doit rester, il en prend
la responsabilité . Le risque étant que l'image négative de Daniel Bouton
s'étende au conseil d'administration.
Maintenant, à mon avis, son départ est inéluctable à cause notamment
de la pression médiatique. Après, je ne sais pas s'il a vraiment été
défaillant sur ce dossier. Tout ce que je constate, c'est l'image négative
qu'il apporte à la banque.
Le conseil d'administration doit, en son âme et conscience, estimer
s'il est plus négatif que Bouton reste ou plus problématique qu'il parte.
La Banque Postale et la Société Générale seraient en discussion. Quels
sont les intérêts pour les deux banques de cet éventuel rapprochement ?
- La Banque postale possède un réseau très étendu qui serait très
profitable à la Société Générale. Celle-ci pourrait ainsi bénéficier des
points de ventes de la première. De son côté, la Banque Postale deviendrait
un distributeur de produits financiers.
La Société Générale a, par ailleurs, la capacité à fournir à la Banque
Postale une expertise qu'elle n'a pas. Car, outre ses récents problèmes, la
Société Générale reste à mes yeux la référence, avec des produits efficaces.
Cette affaire n'entache donc pas totalement sa crédibilité.
En revanche, ce rapprochement ne peut être que de nature technique et
commerciale. Je ne vois pas la Banque Postale prendre des participations
dans le capital de la Société Générale et inversement. Je pense plus à une
alliance ou une coopération.
Propos recueillis par Julie Schneider,
(le lundi 18 février 2008)
"Le conseil d'administration doit prendre ses responsabilité s"
Challenges.fr | 19.02.2008 | 10:59
Par Eric Lamarque, professeur de stratégie bancaire à l'univeristé de
Bordeaux IV et membre du Cercle de l'entreprise.
On apprend ce lundi 18 février que la Fimat, filiale de la Société
Générale, enquêtait depuis septembre sur des opérations réalisées par l'un
de ses courtiers pour Jérôme Kerviel. Comment se fait-il que la sonnette
d'alarme n'ait pas été tirée plus tôt ?
- On constate ici qu'il y a bien un problème de communication au sein
de la Société Générale. C'est un exemple de dysfonctionnement des systèmes
de contrôle.
Juste pour rappel, une société-mère a un système qui prévoit de
contrôler l'ensemble de ses filiales et des services rattachés à cette
banque à travers un plan d'audit. Ici , l'enquête a débuté en septembre. Or,
si aucun plan d'audit n'a été fait depuis cette date sur la Fimat, alors la
Société Générale ne pouvait pas être informée. En revanche, s'il y a eu un
plan d'audit, là il y a un vrai problème.
Mais, de toute façon, l'information concernant l'enquête aurait dû
remonter à la Société Générale. Si la Fimat ne l'a pas avertie, cette
dernière ne pouvait rien faire pour y remédier. Dans ce cas, la direction de
la Fimat doit être sanctionnée. C'est une faute de la part des dirigeants de
la filiale.
Le départ de Daniel Bouton est-il inéluctable afin de redorer l'image
de la banque ?
- C'est aux actionnaires de prendre la décision. Ce n'est ni à la
presse, ni au gouvernement. Le conseil d'administration doit prendre ses
responsabilité s. S'il considère que Daniel Bouton doit rester, il en prend
la responsabilité . Le risque étant que l'image négative de Daniel Bouton
s'étende au conseil d'administration.
Maintenant, à mon avis, son départ est inéluctable à cause notamment
de la pression médiatique. Après, je ne sais pas s'il a vraiment été
défaillant sur ce dossier. Tout ce que je constate, c'est l'image négative
qu'il apporte à la banque.
Le conseil d'administration doit, en son âme et conscience, estimer
s'il est plus négatif que Bouton reste ou plus problématique qu'il parte.
La Banque Postale et la Société Générale seraient en discussion. Quels
sont les intérêts pour les deux banques de cet éventuel rapprochement ?
- La Banque postale possède un réseau très étendu qui serait très
profitable à la Société Générale. Celle-ci pourrait ainsi bénéficier des
points de ventes de la première. De son côté, la Banque Postale deviendrait
un distributeur de produits financiers.
La Société Générale a, par ailleurs, la capacité à fournir à la Banque
Postale une expertise qu'elle n'a pas. Car, outre ses récents problèmes, la
Société Générale reste à mes yeux la référence, avec des produits efficaces.
Cette affaire n'entache donc pas totalement sa crédibilité.
En revanche, ce rapprochement ne peut être que de nature technique et
commerciale. Je ne vois pas la Banque Postale prendre des participations
dans le capital de la Société Générale et inversement. Je pense plus à une
alliance ou une coopération.
Propos recueillis par Julie Schneider,
(le lundi 18 février 2008)
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la Société générale
Le Cameroun accuse la Société générale d'avoir "égaré" 123 millions d'euros
LE MONDE | 27.02.08 | 15h18 • Mis à jour le 27.02.08 | 15h18
En pleine "affaire Kerviel", la justice va devoir se pencher sur un nouveau dossier délicat pour la Société générale. L'Etat du Cameroun a assigné la banque française en responsabilité devant le Tribunal de commerce de Paris, le 27 août 2007, au sujet d'"une opération clandestine et frauduleuse" attribuée à sa filiale camerounaise, la Société générale de Banques au Cameroun (SGBC). Le tribunal doit désigner un juge rapporteur sur cette affaire le 5 mars.
Le Cameroun soupçonne la SGBC, filiale à 58 % de la Société générale, d'avoir participé à un détournement de fonds publics au détriment des retraités du pays, et reproche à sa maison-mère en France d'ignorer ses responsabilités. La fraude présumée porte sur 80,84 milliards de francs CFA (123,29 millions d'euros), l'équivalent de 3,5 % du budget du Cameroun en 2007.
Interrogé par Le Monde, le bureau antifraude de la Commission européenne, l'Office européen de lutte antifraude (OLAF), affirme qu'il soutient la démarche du Cameroun, jugeant le dossier "suffisamment éloquent". L'OLAF a été saisi du dossier dès 2005. L'organisme compte adresser un courrier à la justice française dans les prochaines semaines, pour officialiser sa position.
Les faits remontent à 1997. Confronté à d'importantes difficultés économiques, le Cameroun n'est pas en mesure alors d'honorer sa dette envers la Caisse nationale de prévoyance sociale du Cameroun (CNPS), l'organisme public chargé de " gérer l'épargne et les cotisations sociales des travailleurs et des retraités".
Le gouvernement décide donc de procéder à une opération financière lui permettant de reculer l'échéance des remboursements. Il émet des obligations, pour un montant total de 249,8 milliards de francs CFA (380,8 millions d'euros actuels). L'organisme de gestion de la dette publique, la Caisse autonome d'amortissement (CAA), est désigné comme dépositaire des obligations et inscrit ces titres dans les comptes de la SGBC, "opérateur agréé".
Mais en avril 2003, lors d'une vérification, l'Etat constate que le compte n'y est pas. "Curieusement, le relevé de compte ne mentionnait plus qu'une partie des titres, affirment les avocats mandatés par le Cameroun, Christian Bomo Ntimbane et Jean-Paul Ngalle-Miano, 123 millions d'euros ont disparu". C'est le début des hostilités entre l'Etat et la banque.
SIMPLE DÉPOSITAIRE
Cette dernière refuse d'endosser la responsabilité de la disparition des titres, revendiquant, dans l'affaire, un rôle de simple dépositaire et non de gestionnaire. Elle renvoie à la Caisse autonome d'amortissement, désignée comme le véritable gestionnaire des titres. Ainsi, dans un procès-verbal daté du 1er juin 2007, le directeur financier de la SGBC, interrogé par les représentants de l'Etat, indique : "Il est fort probable qu'une erreur matérielle (se) soit glissée (dans le relevé de compte) (...) C'est un relevé qui contient des éléments qui ne relèvent pas de la SGBC mais de la CAA. Nous faisons du recopiage."
Les dirigeants de la SGBC renvoient aussi à une enquête pénale en cours au Cameroun, sur une fraude éventuelle au sein de la CNPS.
La thèse des avocats du Cameroun est autre. Ils estiment qu'il est de la responsabilité de la SGBC de rendre compte des mouvements de titres, quel que soit son statut, dépositaire ou gestionnaire. Ils vont plus loin, estimant que la SGBC s'est comportée en gestionnaire des titres de l'Etat, en les apportant en garantie à une opération financière réalisée avec une mystérieuse société offshore basée à Malte, Pandora Holdings.
Les avocats produisent, en appui, un échange de courriers datant de l'été 1999 entre le directeur général de la SGBC de l'époque et Pandora. "La banque n'avait aucun droit d'utiliser ainsi des titres publics, inaliénables. Il fallait l'accord de l'Etat", ajoute un porte-parole du Cameroun.
Interrogée, la Société générale refuse de commenter. Mais un proche du dossier souligne le caractère opportuniste de cette démarche, alors que la banque est fragilisée par la fraude attribuée au trader Jérôme Kerviel. "Le Cameroun voudrait bien contraindre la Société générale à contribuer au financement du déficit de la sécurité sociale, mais la présentation de l'affaire est juridiquement inexacte", affirme cette source.
Claire Gatinois et Anne Michel
LE MONDE | 27.02.08 | 15h18 • Mis à jour le 27.02.08 | 15h18
En pleine "affaire Kerviel", la justice va devoir se pencher sur un nouveau dossier délicat pour la Société générale. L'Etat du Cameroun a assigné la banque française en responsabilité devant le Tribunal de commerce de Paris, le 27 août 2007, au sujet d'"une opération clandestine et frauduleuse" attribuée à sa filiale camerounaise, la Société générale de Banques au Cameroun (SGBC). Le tribunal doit désigner un juge rapporteur sur cette affaire le 5 mars.
Le Cameroun soupçonne la SGBC, filiale à 58 % de la Société générale, d'avoir participé à un détournement de fonds publics au détriment des retraités du pays, et reproche à sa maison-mère en France d'ignorer ses responsabilités. La fraude présumée porte sur 80,84 milliards de francs CFA (123,29 millions d'euros), l'équivalent de 3,5 % du budget du Cameroun en 2007.
Interrogé par Le Monde, le bureau antifraude de la Commission européenne, l'Office européen de lutte antifraude (OLAF), affirme qu'il soutient la démarche du Cameroun, jugeant le dossier "suffisamment éloquent". L'OLAF a été saisi du dossier dès 2005. L'organisme compte adresser un courrier à la justice française dans les prochaines semaines, pour officialiser sa position.
Les faits remontent à 1997. Confronté à d'importantes difficultés économiques, le Cameroun n'est pas en mesure alors d'honorer sa dette envers la Caisse nationale de prévoyance sociale du Cameroun (CNPS), l'organisme public chargé de " gérer l'épargne et les cotisations sociales des travailleurs et des retraités".
Le gouvernement décide donc de procéder à une opération financière lui permettant de reculer l'échéance des remboursements. Il émet des obligations, pour un montant total de 249,8 milliards de francs CFA (380,8 millions d'euros actuels). L'organisme de gestion de la dette publique, la Caisse autonome d'amortissement (CAA), est désigné comme dépositaire des obligations et inscrit ces titres dans les comptes de la SGBC, "opérateur agréé".
Mais en avril 2003, lors d'une vérification, l'Etat constate que le compte n'y est pas. "Curieusement, le relevé de compte ne mentionnait plus qu'une partie des titres, affirment les avocats mandatés par le Cameroun, Christian Bomo Ntimbane et Jean-Paul Ngalle-Miano, 123 millions d'euros ont disparu". C'est le début des hostilités entre l'Etat et la banque.
SIMPLE DÉPOSITAIRE
Cette dernière refuse d'endosser la responsabilité de la disparition des titres, revendiquant, dans l'affaire, un rôle de simple dépositaire et non de gestionnaire. Elle renvoie à la Caisse autonome d'amortissement, désignée comme le véritable gestionnaire des titres. Ainsi, dans un procès-verbal daté du 1er juin 2007, le directeur financier de la SGBC, interrogé par les représentants de l'Etat, indique : "Il est fort probable qu'une erreur matérielle (se) soit glissée (dans le relevé de compte) (...) C'est un relevé qui contient des éléments qui ne relèvent pas de la SGBC mais de la CAA. Nous faisons du recopiage."
Les dirigeants de la SGBC renvoient aussi à une enquête pénale en cours au Cameroun, sur une fraude éventuelle au sein de la CNPS.
La thèse des avocats du Cameroun est autre. Ils estiment qu'il est de la responsabilité de la SGBC de rendre compte des mouvements de titres, quel que soit son statut, dépositaire ou gestionnaire. Ils vont plus loin, estimant que la SGBC s'est comportée en gestionnaire des titres de l'Etat, en les apportant en garantie à une opération financière réalisée avec une mystérieuse société offshore basée à Malte, Pandora Holdings.
Les avocats produisent, en appui, un échange de courriers datant de l'été 1999 entre le directeur général de la SGBC de l'époque et Pandora. "La banque n'avait aucun droit d'utiliser ainsi des titres publics, inaliénables. Il fallait l'accord de l'Etat", ajoute un porte-parole du Cameroun.
Interrogée, la Société générale refuse de commenter. Mais un proche du dossier souligne le caractère opportuniste de cette démarche, alors que la banque est fragilisée par la fraude attribuée au trader Jérôme Kerviel. "Le Cameroun voudrait bien contraindre la Société générale à contribuer au financement du déficit de la sécurité sociale, mais la présentation de l'affaire est juridiquement inexacte", affirme cette source.
Claire Gatinois et Anne Michel
avec-amour-et-paix- Journalistes
-
Nombre de messages : 3537
Age : 61
Localisation : montpellier
Humeur : belle
tendances politiques : anarchiste
Date d'inscription : 18/02/2008
Niveau de Courtoisie:
Gérer par le Tribunal:
(14/14)
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Le trader qui a fait trembler la Société Générale
Le trader qui a fait trembler la Société Générale
Kerviel ou le roman d'un tricheur
Faussaire, cynique ou inconscient ? Jérôme Kerviel, le trader qui a fait trembler la Société générale, attend son procès. Notre collaborateur Airy Routier, qui prépare un livre sur le sujet à paraître aux éditions Albin Michel, en dresse le portrait. Complexe.
L'image est passée en boucle sur tous les écrans de télé, le 18 mars dernier. Le lendemain, elle occupait entièrement la première page du Figaro. On y voit Jérôme Kerviel, le trader de la Société générale à l'origine d'une perte sèche de 4,9 milliards d'euros, passant la porte bleue de la prison de la Santé, à Paris, devant des dizaines de caméras postées là depuis le matin : costume noir, chemise rose à fines rayures, chaussures cirées, celui que ses amis appellent Tom Cruise, tant est grande sa ressemblance avec l'acteur scientologue, ne donne pas l'impression d'avoir passé près de six semaines en prison, même dans le quartier VIP.
Protégé par un cordon de CRS, le jeune trader, cheveux enduits de gel, beau comme un astre, tout sourires, salue d'une main la presse, à la manière d'un acteur au festival de Cannes, avant de s'engouffrer à l'arrière d'une petite Peugeot 1007, celle de son avocate, Elisabeth Meyer. Depuis qu'elle assure sa défense, celle-ci affiche une véritable dévotion affectueuse, presque militante, vis-à-vis de son client. Un peu plus tôt, elle avait joué la carte de la connivence, auprès des journalistes, transis de froid : «On va tous le laisser se reposer.» Tandis que Christophe Refile, son chargé de communication - comme en emploient les grands patrons et les vedettes du show-biz-, balisait le terrain auprès des télévisions : «Vous aurez des images, mais pas de son.» On n'est jamais assez méfiant... Même sans son, Jérôme Kerviel recevra en tout cas les hommages de la presse, à commencer par celui du Figaro, le journal de Serge Dassault, qui vient d'être réélu de justesse maire (UMP) de Corbeil, dans l'Essonne, et se fait désormais lire tous les soirs la une et le contenu des principaux articles. «Libre, Kerviel défie la Société générale», titre en effet le quotidien, sous une photo presque promotionnelle du trader. C'est une rupture remarquée pour le quotidien de l'establishment de la politique et des affaires. En page intérieure, parole est donnée à la tante du jeune trader, Sylviane Le Goff, qui affirme tout naturellement : «E est libre, car il n'a fait que son travail.» Rebelle, Le Figarol Pourquoi ce journal, généralement attentif aux puissants, prend-il ainsi la défense de Kerviel face à la banque ? Tout simplement parce qu'Etienne Mougeotte, son nouveau patron, entend coller à l'opinion, comme il l'a si bien fait pendant des années à la tête de l'antenne de TF1. Un sondage Opinionway, publié dans Le Figaro le 1er février, ne laisse planer aucune ambiguïté. Question : «Selon vous, qui porte la plus grande part de responsabilité dans le scandale delà Société générale ?» Réponse des sondés : la direction de la banque, 50%; l'Autorité des marchés financiers, 27%; et le trader Jérôme Kerviel, 13%; tandis que 10% ne se prononcent pas... Les propres lecteurs du Figaro ne sont pas en reste. La veille, le 31 janvier, en pleine tempête, alors que les juges désignés avaient décidé de ne pas incarcérer Jérôme Kerviel au terme de sa garde à vue, le journal leur avait posé la question : «Etes-vous choqué que Kerviel ait été remis en liberté ?» Les lecteurs du Figaro répondent massivement : non à 84%, oui à 16%. Un lecteur, Gilles, exprime sa pensée : «Non ! E n'a tué personne. Et le PDG n'est blessé que dans son amour-propre.» Un autre affirme : «[Kerviel] est victime d'un monde virtuel qui rend les gens fous.» D'emblée, l'opinion a pris fait et cause pour David face à Goliath. Qu'il ait triché ou pas lui importe peu.
Kerviel ou le roman d'un tricheur
Faussaire, cynique ou inconscient ? Jérôme Kerviel, le trader qui a fait trembler la Société générale, attend son procès. Notre collaborateur Airy Routier, qui prépare un livre sur le sujet à paraître aux éditions Albin Michel, en dresse le portrait. Complexe.
L'image est passée en boucle sur tous les écrans de télé, le 18 mars dernier. Le lendemain, elle occupait entièrement la première page du Figaro. On y voit Jérôme Kerviel, le trader de la Société générale à l'origine d'une perte sèche de 4,9 milliards d'euros, passant la porte bleue de la prison de la Santé, à Paris, devant des dizaines de caméras postées là depuis le matin : costume noir, chemise rose à fines rayures, chaussures cirées, celui que ses amis appellent Tom Cruise, tant est grande sa ressemblance avec l'acteur scientologue, ne donne pas l'impression d'avoir passé près de six semaines en prison, même dans le quartier VIP.
Protégé par un cordon de CRS, le jeune trader, cheveux enduits de gel, beau comme un astre, tout sourires, salue d'une main la presse, à la manière d'un acteur au festival de Cannes, avant de s'engouffrer à l'arrière d'une petite Peugeot 1007, celle de son avocate, Elisabeth Meyer. Depuis qu'elle assure sa défense, celle-ci affiche une véritable dévotion affectueuse, presque militante, vis-à-vis de son client. Un peu plus tôt, elle avait joué la carte de la connivence, auprès des journalistes, transis de froid : «On va tous le laisser se reposer.» Tandis que Christophe Refile, son chargé de communication - comme en emploient les grands patrons et les vedettes du show-biz-, balisait le terrain auprès des télévisions : «Vous aurez des images, mais pas de son.» On n'est jamais assez méfiant... Même sans son, Jérôme Kerviel recevra en tout cas les hommages de la presse, à commencer par celui du Figaro, le journal de Serge Dassault, qui vient d'être réélu de justesse maire (UMP) de Corbeil, dans l'Essonne, et se fait désormais lire tous les soirs la une et le contenu des principaux articles. «Libre, Kerviel défie la Société générale», titre en effet le quotidien, sous une photo presque promotionnelle du trader. C'est une rupture remarquée pour le quotidien de l'establishment de la politique et des affaires. En page intérieure, parole est donnée à la tante du jeune trader, Sylviane Le Goff, qui affirme tout naturellement : «E est libre, car il n'a fait que son travail.» Rebelle, Le Figarol Pourquoi ce journal, généralement attentif aux puissants, prend-il ainsi la défense de Kerviel face à la banque ? Tout simplement parce qu'Etienne Mougeotte, son nouveau patron, entend coller à l'opinion, comme il l'a si bien fait pendant des années à la tête de l'antenne de TF1. Un sondage Opinionway, publié dans Le Figaro le 1er février, ne laisse planer aucune ambiguïté. Question : «Selon vous, qui porte la plus grande part de responsabilité dans le scandale delà Société générale ?» Réponse des sondés : la direction de la banque, 50%; l'Autorité des marchés financiers, 27%; et le trader Jérôme Kerviel, 13%; tandis que 10% ne se prononcent pas... Les propres lecteurs du Figaro ne sont pas en reste. La veille, le 31 janvier, en pleine tempête, alors que les juges désignés avaient décidé de ne pas incarcérer Jérôme Kerviel au terme de sa garde à vue, le journal leur avait posé la question : «Etes-vous choqué que Kerviel ait été remis en liberté ?» Les lecteurs du Figaro répondent massivement : non à 84%, oui à 16%. Un lecteur, Gilles, exprime sa pensée : «Non ! E n'a tué personne. Et le PDG n'est blessé que dans son amour-propre.» Un autre affirme : «[Kerviel] est victime d'un monde virtuel qui rend les gens fous.» D'emblée, l'opinion a pris fait et cause pour David face à Goliath. Qu'il ait triché ou pas lui importe peu.
avec-amour-et-paix- Journalistes
-
Nombre de messages : 3537
Age : 61
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Humeur : belle
tendances politiques : anarchiste
Date d'inscription : 18/02/2008
Niveau de Courtoisie:
Gérer par le Tribunal:
(14/14)
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(0/100)
Re: la Société générale
Un parmi les autres
Alors qu'il n'avait droit de s'engager qu'à la hauteur maximale de 250 millions d'euros, Jérôme Kerviel a joué avec 50 milliards, une somme inouïe que la banque était loin de posséder, puisque ses fonds propres atteignaient alors à peine 35 milliards. Il a joué et il a perdu. Il avait gagné en secret 1,4 milliard d'euros fin décembre 2007, avec une exposition maximale qui avait atteint 55 milliards; après que la fraude a été découverte, le 18 janvier 2008, le débouclage de sa position, en trois jours, s'est traduit par une perte de 6,3 milliards. Solde négatif : 4,88 milliards d'euros exactement. Le prix de deux centrales nucléaires. Et surtout la plus grande perte provoquée par un seul individu dans l'histoire du monde. Devant les policiers et les juges qui l'ont interrogé, le trader a affirmé que la banque ne pouvait que connaître l'ampleur des risques qu'il prenait; que tous ses collègues du desk Delta One dépassaient allègrement les limites qui leur étaient imposées; et que la perte n'est devenue effective qu'au terme d'un débouclage en urgence, réalisé dans des conditions ineptes. Tout cela est vrai, du moins en partie. L'enquête en cours déterminera les responsabilités de la banque : les éléments dont on dispose déjà montrent qu'elles sont considérables.
Mais si f aveuglement plus ou moins volontaire de la Société générale et son éventuelle précipitation peuvent être des circonstances atténuantes à l'heure du jugement, le fait que d'autres traders que lui aient pu mal agir n'a jamais été un moyen de défense. «Un poisson qui s'est fait prendre dans un filet ne peut arguer de la liberté des autres pour exiger d'être remis à l'eau», plaisante un magistrat proche du dossier. D'autant que Kerviel, qui traitait plus d'affaires que tous les autres traders de son desk, a été le seul à avoir joué des mois durant un tapis plus gros que sa banque ! Surtout, le jeune homme discret et taciturne, qui a été mis en examen pour «abus de confiance», «faux et usage de faux» et «introduction dans un système de traitement automatisé de données informatiques», n'a pas seulement joué plus qu'il n'aurait dû : il a triché, comme il l'a lui-même reconnu. Après son premier coup - une spéculation à la baisse sur le titre d'Allianz qui a rapporté plusieurs centaines de milliers d'euros à la banque (les chiffres divergent) après les attentats terroristes de Londres, le 7 juillet 2005 -, il avait été «explicitement mis en demeure par ses supérieurs hiérarchiques, au cours d'une réunion valant avertissement, de ne pas recommencer à dépasser les limites sans l'avoir demandé et signalé, faute de quoi il serait licencié», si l'on en croit l'arrêt de la chambre de l'instruction, prononcé le mardi 18 mars. Mais Kerviel va recommencer ses spéculations hasardeuses et, pour les dissimuler, inventera des opérations fictives, fabriquera de faux courriels et fournira des explications alambiquées qui sont autant de mensonges. «Je reconnais avoir pris de grosses positions, qui pourraient être qualifiées hors limite de mon mandat, que j'ai masquées par une opération fictive, déclare Kerviel lors de son premier interrogatoire devant les juges Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset. Pour ne pas alerter mon manager, je passe une opération fictive de nature à laisser entendre que la position que j'ai prise est couverte par cette fausse opération, ce qui conduit dès lors à flatter mon résultat.» On ne peut mieux dire.
Faussaire penaud
Avocat de la Société générale, avec le sens des nuances qui le caractérise, Jean Veil affirme que la banque «a été victime de quelqu'un qui lui a menti, qui a triché, qui a présenté des faux [...] dans un but purement lucratif, puisque c'était pour obtenir des bonus». S'il est acquis que Kerviel n'a pas détourné pour lui-même une partie, même minime, des sommes qu'il gagnait, reste à savoir quels ont pu être les bénéfices indirects de ses agissements, notamment à travers les bonus engrangés par son copain Moussa Bakir, courtier à la Fimat, filiale de la Société générale : lorsqu'ils allaient au restaurant ou dans les boîtes de strip-tease, c'est Moussa qui payait généralement l'addition.
Certains ont comparé Jérôme Kerviel à Albert Spaggiari, le cerveau du «casse du siècle» qui, en 1976, en passant par les egouts, avait vole 50 millions de francs à une agence de la Société générale. Or, la même banque s'est laissé dépouiller, à cause du jeune trader, d'une somme 650 fois plus élevée ! «Je pense qu'il a le sentiment d'avoir fait une grosse bêtise, a résumé Jean-Raymond Lemaire, qui l'a hébergé et protégé des paparazzi Au fond, il est ennuyé d'avoir provoqué tout cela.» 650 fois plus fort que Spaggiari et penaud comme un gamin pris la main dans le porte-monnaie de sa mère : en bien comme en mal, Jérôme Kerviel ne mérite pas tous les excès dontil est l'objet. Ce sontses employeurs qui, les premiers, ont contribué à forger sa légende. N'imaginant pas que sa banque ait pu être dupée par un sous-fifre, Daniel Bouton a, sans le nommer, qualifié Kerviel de «terroriste», d' escroc» et d' informaticien hors pair» capable de «déjouer tous nos systèmes de contrôle». En affirmant qu'il «s'était enfui», alors que Kerviel restait sous protection de la banque, avant de se livrer lui-même à la police le samedi 26 janvier, Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, n'a pas été en reste.
Alors qu'il n'avait droit de s'engager qu'à la hauteur maximale de 250 millions d'euros, Jérôme Kerviel a joué avec 50 milliards, une somme inouïe que la banque était loin de posséder, puisque ses fonds propres atteignaient alors à peine 35 milliards. Il a joué et il a perdu. Il avait gagné en secret 1,4 milliard d'euros fin décembre 2007, avec une exposition maximale qui avait atteint 55 milliards; après que la fraude a été découverte, le 18 janvier 2008, le débouclage de sa position, en trois jours, s'est traduit par une perte de 6,3 milliards. Solde négatif : 4,88 milliards d'euros exactement. Le prix de deux centrales nucléaires. Et surtout la plus grande perte provoquée par un seul individu dans l'histoire du monde. Devant les policiers et les juges qui l'ont interrogé, le trader a affirmé que la banque ne pouvait que connaître l'ampleur des risques qu'il prenait; que tous ses collègues du desk Delta One dépassaient allègrement les limites qui leur étaient imposées; et que la perte n'est devenue effective qu'au terme d'un débouclage en urgence, réalisé dans des conditions ineptes. Tout cela est vrai, du moins en partie. L'enquête en cours déterminera les responsabilités de la banque : les éléments dont on dispose déjà montrent qu'elles sont considérables.
Mais si f aveuglement plus ou moins volontaire de la Société générale et son éventuelle précipitation peuvent être des circonstances atténuantes à l'heure du jugement, le fait que d'autres traders que lui aient pu mal agir n'a jamais été un moyen de défense. «Un poisson qui s'est fait prendre dans un filet ne peut arguer de la liberté des autres pour exiger d'être remis à l'eau», plaisante un magistrat proche du dossier. D'autant que Kerviel, qui traitait plus d'affaires que tous les autres traders de son desk, a été le seul à avoir joué des mois durant un tapis plus gros que sa banque ! Surtout, le jeune homme discret et taciturne, qui a été mis en examen pour «abus de confiance», «faux et usage de faux» et «introduction dans un système de traitement automatisé de données informatiques», n'a pas seulement joué plus qu'il n'aurait dû : il a triché, comme il l'a lui-même reconnu. Après son premier coup - une spéculation à la baisse sur le titre d'Allianz qui a rapporté plusieurs centaines de milliers d'euros à la banque (les chiffres divergent) après les attentats terroristes de Londres, le 7 juillet 2005 -, il avait été «explicitement mis en demeure par ses supérieurs hiérarchiques, au cours d'une réunion valant avertissement, de ne pas recommencer à dépasser les limites sans l'avoir demandé et signalé, faute de quoi il serait licencié», si l'on en croit l'arrêt de la chambre de l'instruction, prononcé le mardi 18 mars. Mais Kerviel va recommencer ses spéculations hasardeuses et, pour les dissimuler, inventera des opérations fictives, fabriquera de faux courriels et fournira des explications alambiquées qui sont autant de mensonges. «Je reconnais avoir pris de grosses positions, qui pourraient être qualifiées hors limite de mon mandat, que j'ai masquées par une opération fictive, déclare Kerviel lors de son premier interrogatoire devant les juges Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset. Pour ne pas alerter mon manager, je passe une opération fictive de nature à laisser entendre que la position que j'ai prise est couverte par cette fausse opération, ce qui conduit dès lors à flatter mon résultat.» On ne peut mieux dire.
Faussaire penaud
Avocat de la Société générale, avec le sens des nuances qui le caractérise, Jean Veil affirme que la banque «a été victime de quelqu'un qui lui a menti, qui a triché, qui a présenté des faux [...] dans un but purement lucratif, puisque c'était pour obtenir des bonus». S'il est acquis que Kerviel n'a pas détourné pour lui-même une partie, même minime, des sommes qu'il gagnait, reste à savoir quels ont pu être les bénéfices indirects de ses agissements, notamment à travers les bonus engrangés par son copain Moussa Bakir, courtier à la Fimat, filiale de la Société générale : lorsqu'ils allaient au restaurant ou dans les boîtes de strip-tease, c'est Moussa qui payait généralement l'addition.
Certains ont comparé Jérôme Kerviel à Albert Spaggiari, le cerveau du «casse du siècle» qui, en 1976, en passant par les egouts, avait vole 50 millions de francs à une agence de la Société générale. Or, la même banque s'est laissé dépouiller, à cause du jeune trader, d'une somme 650 fois plus élevée ! «Je pense qu'il a le sentiment d'avoir fait une grosse bêtise, a résumé Jean-Raymond Lemaire, qui l'a hébergé et protégé des paparazzi Au fond, il est ennuyé d'avoir provoqué tout cela.» 650 fois plus fort que Spaggiari et penaud comme un gamin pris la main dans le porte-monnaie de sa mère : en bien comme en mal, Jérôme Kerviel ne mérite pas tous les excès dontil est l'objet. Ce sontses employeurs qui, les premiers, ont contribué à forger sa légende. N'imaginant pas que sa banque ait pu être dupée par un sous-fifre, Daniel Bouton a, sans le nommer, qualifié Kerviel de «terroriste», d' escroc» et d' informaticien hors pair» capable de «déjouer tous nos systèmes de contrôle». En affirmant qu'il «s'était enfui», alors que Kerviel restait sous protection de la banque, avant de se livrer lui-même à la police le samedi 26 janvier, Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, n'a pas été en reste.
avec-amour-et-paix- Journalistes
-
Nombre de messages : 3537
Age : 61
Localisation : montpellier
Humeur : belle
tendances politiques : anarchiste
Date d'inscription : 18/02/2008
Niveau de Courtoisie:
Gérer par le Tribunal:
(14/14)
Argent de poche:
(0/100)
Re: la Société générale
Mister Nobody
Tout cela, bien sûr, ne valait pas tripette : né le 11 janvier 1977, d'une coiffeuse qui tenait un petit salon pour femmes et d'un père professeur de chaudronnerie dans un centre d'apprentissage, élevé dans un coquet pavillon de granit de Pont-1'Abbé, petite ville bretonne de moins de 10000 habitants, la vie de Jérôme Kerviel a longtemps été d'une banalité... exceptionnelle. C'est Mister Nobody. De nombreux journalistes, y compris les pitbulls des tabloïds anglais, liasses d'euros à la main, à Pont-1'Abbé, à Lyon et à Paris, ont tenté de percer les failles de son parcours. Chou blanc. Bon élève, sans plus, au lycée Laennec de Pont-1'Abbé, il passe son bac ES en 1995, s'inscrit à la fac de Quimper en première année de deug économie gestion, rejoint celle de Nantes l'année suivante, obtient une licence de finance, puis finit ses études à Lyon II, où il obtient un DESS (devenu master 2) de finance de marché, mention assez bien. C'est un passe-muraille : on se souvient à peine de lui. Cette université de second rang prépare ses étudiants aux métiers du middle et du back-office, réservés aux individus pondérés, voire pépères, pas à ceux qui veulent s'enrichir et briller. Les futurs golden boys ne choisissent pas ces filières intermédiaires : ils sont polytechniciens, ou alors carrément sans diplômes
Bien sous tous rapports
Jérôme est un jeune homme bien sous tous rapports. Il a appris le judo, mais n'a jamais eu plus qu'une ceinture verte «à cause de ses mauvais genoux», dira son prof, et en raison de son embonpoint d'adolescent, qu'il a perdu plus tard. Avant que Kerviel parte travailler à Paris, le maire de Pont-1'Abbé l'avait inscrit en position non éligible sur sa liste pour les élections municipales de 2001. Seule aspérité visible : son frère aîné, Olivier, salarié de BNP Paribas à Londres, a été poussé à la démission dans des conditions peu claires. C'est au moment de la maladie de son père, mort d'un cancer fin 2005, que Jérôme Kerviel a commencé à sortir des clous. Entré à la Société générale en août 2000 au middle-office, chargé du contrôle, un lieu si méprisé par les traders du front-office qu'ils l'appellent «la mine», il est promu assistant trader deux ans plus tard. «C'est un peu comme un voleur qui aurait reçu une formation de serrurier !» s'étonne André Tiran, le recteur de l'université Lyon II. «Ce n'est pas un parcours normal», reconnaîtra Jean- Pierre Mustier, le grand patron de Kerviel. Le cas, du reste, semble isolé. Il est vrai que Jérôme, profil bas, inspire confiance : dès 2004, il devient trader. Méprisé, qualifié de «sous-fifre» par ses collègues surdiplômés, il reste proche de ses amis du back-office, qui, à l'inverse, le tiennent pour une vedette. C'est avec eux qu'il va prendre un verre et parfois déjeuner au Valmy, le café situé au pied de la tour de la Défense où ils travaillent.
«J'avais pris conscience, lors de mon premier entretien en 2005, du fait que j'étais moins bien considéré que les autres au regard de mon cursus universitaire et de mon parcours personnel professionnel, déclare Kerviel aux policiers, lors de sa garde à vue. En effet, je ne suis pas arrivé directement au iront-office, je suis passé par le middle-office et je suis le seul dans ce cas.» Clairvoyant, le petit Breton a parfaitement compris qu'il n'avait aucune chance d'égaler les plus grands, dans un système très français où les diplômes initiaux comptent autant, sinon plus, que la compétence, y compris dans les salles de marché, dominées par les polytechniciens.
Kerviel accumule ainsi les frustrations, l'envie d'être reconnu par ses pairs et bien vu de ses patrons, alors qu'il détient toutes les clés, qu'il connaît les dates de contrôle inopiné. En outre, l'enquête révélera un climat de laxisme général, où les nombreux avertissements et alertes venus de tous côtés ne sont pas suivis d'effets : quelques explications oiseuses suffiront à Kerviel pour donner le change. Ainsi, le 8 janvier, une jeune femme chargée du contrôle au middle-office lui demande, timidement, pourquoi l'une de ses transactions fait apparaître un risque élevé. Il répond, textuellement : «Ca matérialise des give up de fûts faits tardivement, je dois de l'argent à la contrepartie. On va le rebooker asap /as soon as possible. NDLR].» Même traduite en français, cette explication n'a aucun sens. Mais la collègue a peur de paraître stupide. Elle n'ira pas plus loin. Le décor est en place pour le grand dérapage. Jérôme Kerviel s'est-il laissé embarquer, comme un joueur de casino néophyte qui gagne, qui perd, puis cherche à se refaire jusqu'à se ruiner ? A-t-il pris ses risques insensés avec l'assentiment plus ou moins tacite de son entourage direct et de sa hiérarchie, comme il l'affirme ? Se croyait-il dans un monde virtuel, comme tant d'adolescents sur Internet, capable de jouer avec des dizaines de milliards qui ne signifiaient rien pour lui ? Ou bien est-il un manipulateur bien plus retors qu'il ne le laisse paraître, comme l'affirment les avocats de la Société générale ? Seule l'enquête judiciaire permettra de faire la part des responsabilités, forcément partagées, de chacun. Tout laisse à penser qu'elle renverra dos à dos David et Goliath, le trader et la banque, dans un même miroir de folie, de schizophrénie et d'incompétence.
Tout cela, bien sûr, ne valait pas tripette : né le 11 janvier 1977, d'une coiffeuse qui tenait un petit salon pour femmes et d'un père professeur de chaudronnerie dans un centre d'apprentissage, élevé dans un coquet pavillon de granit de Pont-1'Abbé, petite ville bretonne de moins de 10000 habitants, la vie de Jérôme Kerviel a longtemps été d'une banalité... exceptionnelle. C'est Mister Nobody. De nombreux journalistes, y compris les pitbulls des tabloïds anglais, liasses d'euros à la main, à Pont-1'Abbé, à Lyon et à Paris, ont tenté de percer les failles de son parcours. Chou blanc. Bon élève, sans plus, au lycée Laennec de Pont-1'Abbé, il passe son bac ES en 1995, s'inscrit à la fac de Quimper en première année de deug économie gestion, rejoint celle de Nantes l'année suivante, obtient une licence de finance, puis finit ses études à Lyon II, où il obtient un DESS (devenu master 2) de finance de marché, mention assez bien. C'est un passe-muraille : on se souvient à peine de lui. Cette université de second rang prépare ses étudiants aux métiers du middle et du back-office, réservés aux individus pondérés, voire pépères, pas à ceux qui veulent s'enrichir et briller. Les futurs golden boys ne choisissent pas ces filières intermédiaires : ils sont polytechniciens, ou alors carrément sans diplômes
Bien sous tous rapports
Jérôme est un jeune homme bien sous tous rapports. Il a appris le judo, mais n'a jamais eu plus qu'une ceinture verte «à cause de ses mauvais genoux», dira son prof, et en raison de son embonpoint d'adolescent, qu'il a perdu plus tard. Avant que Kerviel parte travailler à Paris, le maire de Pont-1'Abbé l'avait inscrit en position non éligible sur sa liste pour les élections municipales de 2001. Seule aspérité visible : son frère aîné, Olivier, salarié de BNP Paribas à Londres, a été poussé à la démission dans des conditions peu claires. C'est au moment de la maladie de son père, mort d'un cancer fin 2005, que Jérôme Kerviel a commencé à sortir des clous. Entré à la Société générale en août 2000 au middle-office, chargé du contrôle, un lieu si méprisé par les traders du front-office qu'ils l'appellent «la mine», il est promu assistant trader deux ans plus tard. «C'est un peu comme un voleur qui aurait reçu une formation de serrurier !» s'étonne André Tiran, le recteur de l'université Lyon II. «Ce n'est pas un parcours normal», reconnaîtra Jean- Pierre Mustier, le grand patron de Kerviel. Le cas, du reste, semble isolé. Il est vrai que Jérôme, profil bas, inspire confiance : dès 2004, il devient trader. Méprisé, qualifié de «sous-fifre» par ses collègues surdiplômés, il reste proche de ses amis du back-office, qui, à l'inverse, le tiennent pour une vedette. C'est avec eux qu'il va prendre un verre et parfois déjeuner au Valmy, le café situé au pied de la tour de la Défense où ils travaillent.
«J'avais pris conscience, lors de mon premier entretien en 2005, du fait que j'étais moins bien considéré que les autres au regard de mon cursus universitaire et de mon parcours personnel professionnel, déclare Kerviel aux policiers, lors de sa garde à vue. En effet, je ne suis pas arrivé directement au iront-office, je suis passé par le middle-office et je suis le seul dans ce cas.» Clairvoyant, le petit Breton a parfaitement compris qu'il n'avait aucune chance d'égaler les plus grands, dans un système très français où les diplômes initiaux comptent autant, sinon plus, que la compétence, y compris dans les salles de marché, dominées par les polytechniciens.
Kerviel accumule ainsi les frustrations, l'envie d'être reconnu par ses pairs et bien vu de ses patrons, alors qu'il détient toutes les clés, qu'il connaît les dates de contrôle inopiné. En outre, l'enquête révélera un climat de laxisme général, où les nombreux avertissements et alertes venus de tous côtés ne sont pas suivis d'effets : quelques explications oiseuses suffiront à Kerviel pour donner le change. Ainsi, le 8 janvier, une jeune femme chargée du contrôle au middle-office lui demande, timidement, pourquoi l'une de ses transactions fait apparaître un risque élevé. Il répond, textuellement : «Ca matérialise des give up de fûts faits tardivement, je dois de l'argent à la contrepartie. On va le rebooker asap /as soon as possible. NDLR].» Même traduite en français, cette explication n'a aucun sens. Mais la collègue a peur de paraître stupide. Elle n'ira pas plus loin. Le décor est en place pour le grand dérapage. Jérôme Kerviel s'est-il laissé embarquer, comme un joueur de casino néophyte qui gagne, qui perd, puis cherche à se refaire jusqu'à se ruiner ? A-t-il pris ses risques insensés avec l'assentiment plus ou moins tacite de son entourage direct et de sa hiérarchie, comme il l'affirme ? Se croyait-il dans un monde virtuel, comme tant d'adolescents sur Internet, capable de jouer avec des dizaines de milliards qui ne signifiaient rien pour lui ? Ou bien est-il un manipulateur bien plus retors qu'il ne le laisse paraître, comme l'affirment les avocats de la Société générale ? Seule l'enquête judiciaire permettra de faire la part des responsabilités, forcément partagées, de chacun. Tout laisse à penser qu'elle renverra dos à dos David et Goliath, le trader et la banque, dans un même miroir de folie, de schizophrénie et d'incompétence.
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Humeur : belle
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Gérer par le Tribunal:
(14/14)
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Re: la Société générale
Sarkozy sous le charme
Le paradoxe est immense : au plus fort de la crise, le chef de l'Etat va s'en prendre à Daniel Bouton, patron de la Société générale, et n'aura pas un mot à l'encontre de Jérôme Kerviel, l'homme qui a failli faire sauter la banque. Le lundi 28 janvier, six jours après la révélation de la catastrophe, Nicolas Sarkozy baisse le pouce : «Je n'aime pas porter de jugements personnels sur les gens, surtout quand ils sont dans la difficulté, mais on est dans un système où quand on a une forte rémunération, qui est sans doute légitime, et qu'il y a un fort problème, on ne peut pas s'exonérer de ses responsabilités.» Un mois plus tard, toujours en poste à la tête de la banque, Daniel Bouton accorde une interview provocatrice aux Echos : «Ma démission n'est plus sur la table, affirme-t-il : je reste, je pilote, je conduis.» Réaction, dès le lendemain, de Sarkozy : «Quand le président d'une entreprise connaît un sinistre de cette ampleur et qu'il n'en tire pas les conclusions, ce n'est pas normal.» Pas une seule fois le chef de l'Etat n'a évoqué la responsabilité de Jérôme Kerviel, mais il n'a pas oublié de dénoncer, devant les lecteurs du Parisien, les 7 millions d'euros de revenus de Bouton en 2007. Derrière le chef d'orchestre, les musiciens entonnent la même partition. Tous les politiques y vont de leurs commentaires, dans un florilège impressionnant de stupidités, dont on extraira les propos de Frédéric Lefebvre, secrétaire général de l'UMP chargé de l'économie, qui invite Bouton à démissionner «devant les actionnaires salariés et les petits actionnaires qui ont été lésés par la fraude». Ségolène Royal tiendra des propos identiques, ajoutant aux victimes «les clients de la banque» sans se rendre compte que ceux-ci n'ont pas été «lésés», tout comme d'ailleurs les actionnaires : les dividendes seront versés, et la banque elle-même, après son augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros, est sortie de la crise plus solide - du moins en apparence qu'elle n'y était entrée. Mais c'est l'air du temps : tous attaquent Bouton et exonèrent Kerviel, souvent désigné comme un bouc émissaire. Innocent, forcément innocent. Seule Laurence Parisot, présidente du Medef, dans sa défense - une figure imposée - de Daniel Bouton aura un mot, un seul, désagréable pour le trader : «Estce qu'un général d'armée est responsable de l'exaction d'un soldat dont il ignore même le nom ?» demande-t-elle sur Europe 1. «Exaction» : difficile de faire plus soft...
En attaquant Bouton et en oubliant Kerviel, Nicolas Sarkozy a réagi à l'instinct. Mais il est conforté par les sondages unanimes, sur lesquels ses conseillers Henri Guaino, Catherine Pégard et Franck Louvrier ont les yeux rivés : ils sont tous favorables à l'homme, au salarié face à son employeur et hostiles à l'institution. Aussi l'Elysée sera-t-il pris de court par les manifestations de soutien à leur direction des salariés de la Société générale, dont la cohésion (cimentée par leur niveau d'intéressement record) les a fait réfléchir.
Pour le grand public, en revanche, tout est clair. Un sentiment bien décrit par Nicolas Domenach dans Marianne (22 mars 2008) : «Kerviel vous venge des banques rapaces [...]. Pourtant ce n'est évidemment pas Arsène Lupin. Mais sa présumée médiocrité le rend plus proche. Kerviel, ce pourrait être nous : qui n'a rêvé de se venger des puissants et du mauvais sort en inventant la martingale gagnante ?]...] C'est Bouton, défenseur du capitalisme mondialisé, de l'économie libérale et de l'ordre établi qui passe pour le salaud tandis que le tricheur est érigé en vedette populaire !»
Le paradoxe est immense : au plus fort de la crise, le chef de l'Etat va s'en prendre à Daniel Bouton, patron de la Société générale, et n'aura pas un mot à l'encontre de Jérôme Kerviel, l'homme qui a failli faire sauter la banque. Le lundi 28 janvier, six jours après la révélation de la catastrophe, Nicolas Sarkozy baisse le pouce : «Je n'aime pas porter de jugements personnels sur les gens, surtout quand ils sont dans la difficulté, mais on est dans un système où quand on a une forte rémunération, qui est sans doute légitime, et qu'il y a un fort problème, on ne peut pas s'exonérer de ses responsabilités.» Un mois plus tard, toujours en poste à la tête de la banque, Daniel Bouton accorde une interview provocatrice aux Echos : «Ma démission n'est plus sur la table, affirme-t-il : je reste, je pilote, je conduis.» Réaction, dès le lendemain, de Sarkozy : «Quand le président d'une entreprise connaît un sinistre de cette ampleur et qu'il n'en tire pas les conclusions, ce n'est pas normal.» Pas une seule fois le chef de l'Etat n'a évoqué la responsabilité de Jérôme Kerviel, mais il n'a pas oublié de dénoncer, devant les lecteurs du Parisien, les 7 millions d'euros de revenus de Bouton en 2007. Derrière le chef d'orchestre, les musiciens entonnent la même partition. Tous les politiques y vont de leurs commentaires, dans un florilège impressionnant de stupidités, dont on extraira les propos de Frédéric Lefebvre, secrétaire général de l'UMP chargé de l'économie, qui invite Bouton à démissionner «devant les actionnaires salariés et les petits actionnaires qui ont été lésés par la fraude». Ségolène Royal tiendra des propos identiques, ajoutant aux victimes «les clients de la banque» sans se rendre compte que ceux-ci n'ont pas été «lésés», tout comme d'ailleurs les actionnaires : les dividendes seront versés, et la banque elle-même, après son augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros, est sortie de la crise plus solide - du moins en apparence qu'elle n'y était entrée. Mais c'est l'air du temps : tous attaquent Bouton et exonèrent Kerviel, souvent désigné comme un bouc émissaire. Innocent, forcément innocent. Seule Laurence Parisot, présidente du Medef, dans sa défense - une figure imposée - de Daniel Bouton aura un mot, un seul, désagréable pour le trader : «Estce qu'un général d'armée est responsable de l'exaction d'un soldat dont il ignore même le nom ?» demande-t-elle sur Europe 1. «Exaction» : difficile de faire plus soft...
En attaquant Bouton et en oubliant Kerviel, Nicolas Sarkozy a réagi à l'instinct. Mais il est conforté par les sondages unanimes, sur lesquels ses conseillers Henri Guaino, Catherine Pégard et Franck Louvrier ont les yeux rivés : ils sont tous favorables à l'homme, au salarié face à son employeur et hostiles à l'institution. Aussi l'Elysée sera-t-il pris de court par les manifestations de soutien à leur direction des salariés de la Société générale, dont la cohésion (cimentée par leur niveau d'intéressement record) les a fait réfléchir.
Pour le grand public, en revanche, tout est clair. Un sentiment bien décrit par Nicolas Domenach dans Marianne (22 mars 2008) : «Kerviel vous venge des banques rapaces [...]. Pourtant ce n'est évidemment pas Arsène Lupin. Mais sa présumée médiocrité le rend plus proche. Kerviel, ce pourrait être nous : qui n'a rêvé de se venger des puissants et du mauvais sort en inventant la martingale gagnante ?]...] C'est Bouton, défenseur du capitalisme mondialisé, de l'économie libérale et de l'ordre établi qui passe pour le salaud tandis que le tricheur est érigé en vedette populaire !»
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Re: la Société générale
Le Che Guevara de la finance
Lorsque le nom du rogue trader (trader voyou) est dévoilé, Nicolas Sarkozy est en Inde. Le compte rendu de sa visite officielle est relégué en treizième page de l' lndian News, le principal journal du pays, alors que deux autres Français occupent la première : Jo-Wielfried Tsonga, vainqueur de Raphaël Nadal au tournoi de tennis de Melbourne, et, en plus gros... Jérôme Kerviel. Celui-ci va occuper, pendant plusieurs semaines, la une de tous les journaux du monde. Parce qu'il a fait mieux - ou pis - que tous les traders fous avant lui. Mais aussi, sans doute, parce qu'il est, inconsciemment, le signe avant-coureur de la crise financière mondiale qui s'annonce, dans un climat de défiance qui se généralise vis-à-vis des banques, rongées par les subprimes et leurs prises de risques insensées. Mais c'est sur Internet que le phénomène Kerviel va apparaître dans toute sa dimension. Dès que son nom est connu et révélé par le site du Financial Times, le bonhomme devient instantanément une véritable star de la Toile. Aussitôt ses «amis», au nombre de onze sur le site Facebook, se dérobent : leur nombre se réduit à quatre, puis à un le lendemain. Mais, en parallèle, le mythe n'a cessé de grandir. Fin janvier, il y avait déjà plus de 100 fan-clubs, en français et en anglais, dédiés au rogue trader sur Facebook. Tous submergés par des messages de soutien qui font de Jérôme un Robin des bois des salles de marché ou un Che Guevara de la haute finance. Un héros de notre temps. «Bravo, Jérôme ! Tu as montré les limites du système capitaliste dans lequel d'immenses fortunes sont faites sur des hunches [intuitions. NDLR], c'est absurde et incohérent.» Comme les traders, les internautes mélangent allègrement le français et l'anglais : «Vive la France, finance is dead», clame un internaute britannique. Des tee-shirts sont mis en vente au prix de 15,99 euros, sur lesquels on peut lire : «Petite amie de Jérôme Kerviel», ou bien : «Jérôme Kerviel, Euros 4900000000. Respect.» Un site demande aux traders de raconter les histoires horribles qui se passent dans les salles de marché : «Vous êtes sous pression ? Jérôme comprend. Envoyez vos histoires maintenant.» Les messages et les commentaires affluent du monde entier, d'Australie au Brésil, de Chine aux Etats-Unis. Le phénomène ne fait que croître et embellir. Le dimanche 30 mars, lorsqu'on tapait le simple nom de Kerviel, Google annonçait plus de 3,42 millions d'occurrences !
Héros de la Toile pour avoir ridiculisé la banque et les institutions de contrôle, Jérôme Kerviel devient en même temps une vedette dans les banlieues, si l'on en croit les témoignages de plusieurs professeurs. Les gamins à l'horizon bouché - du moins certains d'entre eux - rêvaient jusque-là de faire fortune en gagnant au loto, en devenant sportif de haut niveau, en créant une entreprise ou, malheureusement, par des moyens illicites. Tentant, lorsque les plus diplômés d'entre eux, quand ils trouvent du travail, inaugurent leur vie professionnelle comme stagiaires rémunérés à 30% du smic. Et voilà que, dans cette société où l'argent est la principale référence, ils apprennent qu'un jeune homme peut jouer avec 50 milliards d'euros et en perdre 5. Symbole de l'argent facile, petit gravier dans la mécanique, Jérôme Kerviel va vite devenir une icône. Un mythe de plus à détruire pour les enseignants mal payés qui expliquent à leurs élèves que l'effort, l'étude et le travail sont des vertus nécessaires pour une vraie réussite personnelle et professionnelle...
Un accusé bien tranquille
Comme les blogueurs, Nicolas Sarkozy ou l'ensemble de la classe politique, les juges Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset semblent plus attentifs aux manquements de la partie civile - la Société générale - qu'à celui qu'ils ont mis en examen, Jérôme Kerviel, traité avec beaucoup d'égards. Contre l'avis du parquet et le souhait de la banque, le juge des libertés a, dans un premier temps, refusé d'envoyer le trader en prison. Ce qui convenait parfaitement à Renaud Van Ruymbeke, hostile à la détention provisoire systématique, à la fois par conviction et par souci d'efficacité : il est convaincu que la peur d'être incarcérés lui donne sur les prévenus des moyens de pression... qui disparaissent lorsqu'ils sont en prison. Sur appel du parquet, Kerviel a été envoyé à la Santé, avant d'en ressortir, sur décision de la chambre de l'instruction. Plus surprenant : les juges concentrent leur enquête sur l'entourage du trader au sein de la banque, interrogent les uns après les autres ses collègues et sa hiérarchie, mais ne semblent guère s'intéresser au personnage lui-même, à son environnement et à ses éventuelles complicités. Ils n'ont ainsi entendu son ami Moussa Bakir, courtier à la Fimat, une filiale de la Société générale, qu'en tant que témoin assisté, alors que les échanges de courriels entre les deux hommes ne laissent aucun doute sur leur proximité : les transactions initiées par Kerviel ont permis à Bakir de réaliser un chiffre d'affaires entraînant un bonus de l'ordre de 1 million d'euros - que son employeur refuse au demeurant de lui verser. Encore plus stupéfiant : alors que le contrôle judiciaire imposé à Kerviel lui interdit de rencontrer et de communiquer avec une trentaine de personnes, il a tout loisir de voir Bakir ! En perquisitionnant chez Kerviel, les enquêteurs ont trouvé un Coran; sur lui, ils ont saisi des cartes de visite de cadres de haut rang de BNP Paribas - à un niveau hiérarchique très largement supérieur au sien. Ces pistes de complicité ou d'une éventuelle manipulation n'ont pas, à ce jour, été explorées.
Un ancien trader plein d'avenir
Il n y a donc aucune raison de penser que, lors de son procès, les juges du siège se montreront plus sévères avec le trader que ne le sont les magistrats instructeurs. Sauf nouvelles découvertes, tout laisse à penser que Jérôme Kerviel va sortir sans grand mal, en termes judiciaires, de son aventure. Mieux même que Nick Leeson, ce trader qui, en 1995, depuis Singapour, a causé la perte de la Barings, l'une des plus vieilles banques britanniques, en masquant, lui aussi, ses opérations : il avait été condamné à huit ans de prison. En quelques jours, le Breton a écrasé l'Anglais en termes de notoriété mondiale : il est vrai que le jovial Nick Leeson n'avait perdu «que» 1,4 milliard de dollars. Libéré à mi-peine, il dirige maintenant un club de football, a écrit un best-seller et dispose d'un agent qui monnaie, cher, toutes ses interviews : il est souvent sollicité sur des sujets divers, passe à la télévision et est toujours disponible pour commenter les malheurs de son successeur...
Si Jérôme Kerviel a peu de chances d'approcher désormais d'une salle de marché, son avenir est assuré : les éditeurs se battent pour lui faire signer un livre, tous les nègres sont prêts à dégainer leurs stylos, des producteurs font plancher des scénaristes. On se prend à imaginer que l'enfant de Pont-f Abbé joue son propre rôle dans le ou les films à venir. Il est photogénique, prend bien la lumière et sublimera sans doute ses incontestables talents d'acteur. Pourquoi, dès lors, faire appel à Tom Cruise ?
par Airy Routier
Lorsque le nom du rogue trader (trader voyou) est dévoilé, Nicolas Sarkozy est en Inde. Le compte rendu de sa visite officielle est relégué en treizième page de l' lndian News, le principal journal du pays, alors que deux autres Français occupent la première : Jo-Wielfried Tsonga, vainqueur de Raphaël Nadal au tournoi de tennis de Melbourne, et, en plus gros... Jérôme Kerviel. Celui-ci va occuper, pendant plusieurs semaines, la une de tous les journaux du monde. Parce qu'il a fait mieux - ou pis - que tous les traders fous avant lui. Mais aussi, sans doute, parce qu'il est, inconsciemment, le signe avant-coureur de la crise financière mondiale qui s'annonce, dans un climat de défiance qui se généralise vis-à-vis des banques, rongées par les subprimes et leurs prises de risques insensées. Mais c'est sur Internet que le phénomène Kerviel va apparaître dans toute sa dimension. Dès que son nom est connu et révélé par le site du Financial Times, le bonhomme devient instantanément une véritable star de la Toile. Aussitôt ses «amis», au nombre de onze sur le site Facebook, se dérobent : leur nombre se réduit à quatre, puis à un le lendemain. Mais, en parallèle, le mythe n'a cessé de grandir. Fin janvier, il y avait déjà plus de 100 fan-clubs, en français et en anglais, dédiés au rogue trader sur Facebook. Tous submergés par des messages de soutien qui font de Jérôme un Robin des bois des salles de marché ou un Che Guevara de la haute finance. Un héros de notre temps. «Bravo, Jérôme ! Tu as montré les limites du système capitaliste dans lequel d'immenses fortunes sont faites sur des hunches [intuitions. NDLR], c'est absurde et incohérent.» Comme les traders, les internautes mélangent allègrement le français et l'anglais : «Vive la France, finance is dead», clame un internaute britannique. Des tee-shirts sont mis en vente au prix de 15,99 euros, sur lesquels on peut lire : «Petite amie de Jérôme Kerviel», ou bien : «Jérôme Kerviel, Euros 4900000000. Respect.» Un site demande aux traders de raconter les histoires horribles qui se passent dans les salles de marché : «Vous êtes sous pression ? Jérôme comprend. Envoyez vos histoires maintenant.» Les messages et les commentaires affluent du monde entier, d'Australie au Brésil, de Chine aux Etats-Unis. Le phénomène ne fait que croître et embellir. Le dimanche 30 mars, lorsqu'on tapait le simple nom de Kerviel, Google annonçait plus de 3,42 millions d'occurrences !
Héros de la Toile pour avoir ridiculisé la banque et les institutions de contrôle, Jérôme Kerviel devient en même temps une vedette dans les banlieues, si l'on en croit les témoignages de plusieurs professeurs. Les gamins à l'horizon bouché - du moins certains d'entre eux - rêvaient jusque-là de faire fortune en gagnant au loto, en devenant sportif de haut niveau, en créant une entreprise ou, malheureusement, par des moyens illicites. Tentant, lorsque les plus diplômés d'entre eux, quand ils trouvent du travail, inaugurent leur vie professionnelle comme stagiaires rémunérés à 30% du smic. Et voilà que, dans cette société où l'argent est la principale référence, ils apprennent qu'un jeune homme peut jouer avec 50 milliards d'euros et en perdre 5. Symbole de l'argent facile, petit gravier dans la mécanique, Jérôme Kerviel va vite devenir une icône. Un mythe de plus à détruire pour les enseignants mal payés qui expliquent à leurs élèves que l'effort, l'étude et le travail sont des vertus nécessaires pour une vraie réussite personnelle et professionnelle...
Un accusé bien tranquille
Comme les blogueurs, Nicolas Sarkozy ou l'ensemble de la classe politique, les juges Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset semblent plus attentifs aux manquements de la partie civile - la Société générale - qu'à celui qu'ils ont mis en examen, Jérôme Kerviel, traité avec beaucoup d'égards. Contre l'avis du parquet et le souhait de la banque, le juge des libertés a, dans un premier temps, refusé d'envoyer le trader en prison. Ce qui convenait parfaitement à Renaud Van Ruymbeke, hostile à la détention provisoire systématique, à la fois par conviction et par souci d'efficacité : il est convaincu que la peur d'être incarcérés lui donne sur les prévenus des moyens de pression... qui disparaissent lorsqu'ils sont en prison. Sur appel du parquet, Kerviel a été envoyé à la Santé, avant d'en ressortir, sur décision de la chambre de l'instruction. Plus surprenant : les juges concentrent leur enquête sur l'entourage du trader au sein de la banque, interrogent les uns après les autres ses collègues et sa hiérarchie, mais ne semblent guère s'intéresser au personnage lui-même, à son environnement et à ses éventuelles complicités. Ils n'ont ainsi entendu son ami Moussa Bakir, courtier à la Fimat, une filiale de la Société générale, qu'en tant que témoin assisté, alors que les échanges de courriels entre les deux hommes ne laissent aucun doute sur leur proximité : les transactions initiées par Kerviel ont permis à Bakir de réaliser un chiffre d'affaires entraînant un bonus de l'ordre de 1 million d'euros - que son employeur refuse au demeurant de lui verser. Encore plus stupéfiant : alors que le contrôle judiciaire imposé à Kerviel lui interdit de rencontrer et de communiquer avec une trentaine de personnes, il a tout loisir de voir Bakir ! En perquisitionnant chez Kerviel, les enquêteurs ont trouvé un Coran; sur lui, ils ont saisi des cartes de visite de cadres de haut rang de BNP Paribas - à un niveau hiérarchique très largement supérieur au sien. Ces pistes de complicité ou d'une éventuelle manipulation n'ont pas, à ce jour, été explorées.
Un ancien trader plein d'avenir
Il n y a donc aucune raison de penser que, lors de son procès, les juges du siège se montreront plus sévères avec le trader que ne le sont les magistrats instructeurs. Sauf nouvelles découvertes, tout laisse à penser que Jérôme Kerviel va sortir sans grand mal, en termes judiciaires, de son aventure. Mieux même que Nick Leeson, ce trader qui, en 1995, depuis Singapour, a causé la perte de la Barings, l'une des plus vieilles banques britanniques, en masquant, lui aussi, ses opérations : il avait été condamné à huit ans de prison. En quelques jours, le Breton a écrasé l'Anglais en termes de notoriété mondiale : il est vrai que le jovial Nick Leeson n'avait perdu «que» 1,4 milliard de dollars. Libéré à mi-peine, il dirige maintenant un club de football, a écrit un best-seller et dispose d'un agent qui monnaie, cher, toutes ses interviews : il est souvent sollicité sur des sujets divers, passe à la télévision et est toujours disponible pour commenter les malheurs de son successeur...
Si Jérôme Kerviel a peu de chances d'approcher désormais d'une salle de marché, son avenir est assuré : les éditeurs se battent pour lui faire signer un livre, tous les nègres sont prêts à dégainer leurs stylos, des producteurs font plancher des scénaristes. On se prend à imaginer que l'enfant de Pont-f Abbé joue son propre rôle dans le ou les films à venir. Il est photogénique, prend bien la lumière et sublimera sans doute ses incontestables talents d'acteur. Pourquoi, dès lors, faire appel à Tom Cruise ?
par Airy Routier
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Date d'inscription : 18/02/2008
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