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dossier :crise financière 2009, ANNEE TRAGI-COMIQUE ?

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Message par avec-amour-et-paix Mar 6 Jan - 7:52

*** 2009, ANNEE TRAGI-COMIQUE ?
** Nous voulions débuter cette Chronique par un bon mot (celui d'Eric Woerth à propos de la baisse de rémunération du Livret A) et quelques réflexions pleines d'allégresse concernant les scores mirobolants affichés par les indices boursiers lors de la première séance de la nouvelle année. Cependant, l'actualité au Proche-Orient nous est apparue trop dramatique pour que nous consacrions ces premières lignes à l'évocation de bons présages, sachant que l'embrasement de la bande de Gaza est pour une large part à l'origine de la forte remontée des prix pétroliers (au-dessus de 46,5 $/baril) et du dollar (au-dessus des 1,39 euro), deux facteurs techniques considérés comme plutôt favorables aux actions de la Zone euro.
Nous avions tenté de faire en sorte que le compte-rendu de l'année 2008, diffusé le vendredi 2 janvier, ne soit pas aussi sombre que le bilan boursier des 12 derniers mois écoulés... mais il nous était difficile de passer sous silence l'ultime déclaration choc du gouverneur de la Banque centrale espagnole, Miguel Fernandez Ordòñez, évoquant le risque d'une "grande dépression" qui menace de frapper l'ensemble du Vieux Continent en 2009.
Nous avions supposé qu'un tel pessimisme provenait du constat que ses collègues de la BCE les plus hauts placés n'avaient que très tardivement pris la mesure de l'ampleur de la crise engendrée par l'éclatement de la bulle des dérivés de crédit -- et qu'ils se trouvaient à présent complètement désarmés face aux menaces de déflation et de chômage massif qui s'étendent des côtes de la Californie jusqu'aux rives occidentales de la mer Noire. La boîte à outils monétariste héritée de l'ère Tietmeyer (l'éminent président de la Banque centrale allemande de 1993 à 1999) apparaît complètement inadaptée face aux circonstances que nous décrivons depuis fin février 2007.
La BCE s'est trop longtemps acharnée à écraser à coup de pelle les dernières braises inflationnistes datant du début des années 80 tandis qu'elle négligeait la flambée des actifs boursiers et immobiliers caractérisée par la formation en cascade de bulles spéculatives.
Il nous semblait pourtant évident que le système financier était entré en ébullition et menaçait d'exploser... mais la BCE, qui avait placé toute sa confiance dans ses détecteurs de fumée dernier cri, n'avait pas jugé bon d'installer de compteurs Geiger ni de manomètres mesurant l'intensité des pressions gazeuses dans les turbines du système bancaire.
C'est de là que provient son impuissance face à un désastre que nous avions comparé à un "Tchernobyl financier" : paniqués par le nuage radioactif des dérivés de crédit, les épargnants n'ont eu de cesse de rechercher un abri sûr pour leur argent.
Notre gouvernement s'est empressé de canaliser le flot de liquidités se détournant de l'immobilier, des actions puis plus récemment des matières premières vers le Livret A. Les banques commerciales semblaient pouvoir faire d'une pierre deux coups : capitaliser sur la suppression du monopole de la Poste et des Caisses d'épargne et proposer un produit largement plus rémunérateur que les placements monétaires (hors offres spéciales rémunérées à 6% ou plus pour une période limitée).
** C'est donc le moment d'évoquer le bon mot du ministre du Budget, Eric Woerth, sur une radio nationale ce dimanche 4 janvier. Il qualifie de "bonne nouvelle" l'abaissement de 40% d'un coup du taux de rémunération du Livret A, au motif qu'il y a moins d'inflation et que le loyer de l'argent a bien diminué ces trois derniers mois.
C'est une façon hédoniste de décrire les merveilleux avantages d'une crise économique dégénérant rapidement en cycle déflationniste : nous pourrions nous contenter d'en sourire si la France ne comptait pas 65 000 chômeurs de plus depuis le mois dernier et si les banques avaient effectivement rouvert les vannes du crédit pour faire profiter leurs clients d'un argent devenu si "bon marché".
** Pour les épargnants les plus frileux (et tous ceux menacés de perdre leur emploi au cours des prochains mois), ce n'est qu'une mauvaise nouvelle de plus. Nous soupçonnons que la baisse des carburants devant laquelle certains ministres -- qui ne payent pas leur essence -- s'extasient est en cours d'achèvement.
Les tensions au Proche-Orient, les nouveaux mécanismes de stabilisation étudiés par l'OPEP (sur les conseils des majors pétrolières américaines) et le conflit ouvert entre la Russie et l'Ukraine au sujet des tarifs du gaz et du "vol" de ressources énergétiques prétendument commis par l'ex-république soviétique démontrent que d'une manière ou d'une autre, la spéculation sur une décrue des matières premières est devenue un pari dangereux.
D'ailleurs, reste-t-il beaucoup de hedge funds en mesure de peser à la baisse sur les cours du pétrole, du cuivre ou des céréales ?
** La palme du bon mot agrémentant la période des fêtes doit toutefois être attribuée sans aucune hésitation à l'économiste en chef d'une banque dite "verte" mais qui a mangé du lion à la fin des années 90... Il a réussi, lors d'une interview sur une grande chaîne d'information en continu, à décrire la crise actuelle comme un simple "choc". Il a également accompli l'exploit de ne jamais évoquer le credit crunch... ni les pertes abyssales des banques sur les dérivés de crédit... ni les spéculations malheureuses sur un retournement de tendance des marchés au début de l'automne... ni le marasme du secteur immobilier... ni l'effondrement des mises en chantier.
Et pour se remettre de ce "choc" qu'il considère comme "une chance pour la France" (c'est le titre du livre dont il était venu faire la promotion), il a des recommandations à faire au demi-million de chômeurs supplémentaires que comptera notre beau pays fin 2009 : il leur conseille d'accueillir avec enthousiasme des réformes telles que l'allongement de la période de cotisation pour les retraites (ceux qui pointent depuis des mois aux ASSEDIC apprécieront !), de mettre le paquet sur la formation (financée par qui, pour accéder à quelles filières créatrices d'emplois ?) et enfin de faire preuve de plus de mobilité (ceux qui ont des enfants scolarisés, un conjoint travaillant à proximité de leur domicile, un crédit sur le dos et aucun espoir de revente -- sinon à perte -- applaudissent ces géniales inspirations).
Oui vraiment, ce genre de solutions extraites d'un manuel de type "yakafaukon" rédigé par un économiste aussi éminent rendent presque dérisoires les 4% de hausse du CAC 40 vendredi dernier (dans un volume ridicule de 1,8 milliard d'euros) ; la France est sur le chemin du redressement, n'en doutez pas... et la meilleure preuve en sera un Livret A affichant un taux de 0,75% le 31 décembre prochain.
Décidément, l'année 2009 s'annonce d'ores et déjà comme un savant mélange de situations dramatiques et de déclarations d'une grande drôlerie : c'est la définition même du tragi-comique !
Philippe Béchade,
Paris
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Dernière édition par avec-amour-et-paix le Mar 6 Jan - 8:52, édité 1 fois
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Message par avec-amour-et-paix Mar 6 Jan - 7:53

Bill Bonner, cofondateur de La Chronique Agora, à Londres
*** LE STADE OMEGA

** L'autoroute de 2009 ne présente guère de panneaux. Dans toute l'histoire, nous n'avons pas vécu beaucoup de crises comme celle-ci. Même ainsi, si l'on en juge par celles qui se sont produites, on peut constater qu'un schéma apparaît. En termes psychologiques, il y a le choc du krach initial. Puis le déni. Puis l'accumulation... durant laquelle la crise affecte toute l'économie. Les gens réalisent progressivement la gravité de la situation.
* Normalement, c'est là que la crise prend fin. Mais cette fois-ci, c'est bel et bien différent. Nous pensons qu'il y aura un stade supplémentaire... un stade qui ne s'est pas produit après le krach de 1929 ou le krach japonais de 1989. Nous l'appelons le Stade Oméga... la dernière étape d'une crise financière... à laquelle nous reviendrons dans quelques lignes.
* En termes boursiers, jusqu'à présent, nous en sommes au krach. Ce qui suit, normalement, c'est un rebond. Si cette crise correspond au schéma de 1929-1932, par exemple, nous constaterons un rebond de 30% à 50% durant les six premiers mois de 2009.
* Richard Russell commente :
* "Après un véritable krach, les actions et les moyennes boursières ont pour habitude de reprendre environ 50% de ce qu'elles ont perdu durant le krach. Robert Rhea écrivait que l'action la plus certaine du marché était la reprise, se montant généralement à la moitié des points perdus durant un krach".
* Ensuite -- encore une fois, si le schéma de 29-32 tient -- le marché s'effondrera à nouveau... avec le Dow chutant sous les 7 000 points... voire sous les 5 000. Enfin, les investisseurs commenceront à réaliser que cette crise n'est pas un recul temporaire, mais un changement fondamental. Le marché haussier -- et la mentalité qui l'accompagne -- sera mort. Typiquement, les actifs atteindront alors leur niveau le plus bas -- avec des pertes allant de 75% à 95%. Puis un nouveau marché haussier pourra commencer... lentement, prudemment et à contrecoeur.
* C'est à ce moment-là qu'on pourra faire les meilleures affaires -- des valeurs solides rapportant des dividendes de 10% et se vendant à seulement quatre à six fois les bénéfices.
** Mais ensuite... il y a le Stade Oméga... la dernière étape de cette crise... l'apogée du plus grand krach au monde. Durant le krach de 1929... et tous les krachs précédents de l'histoire moderne... les devises étaient liées à l'or. Les actions étaient peut-être suspectes. Les obligations étaient peut-être douteuses. Les actifs de toutes sortes pouvaient être remis en question. Mais au moins l'argent lui-même était-il solide. On pouvait compter sur lui. Le cash était roi.
* Plus maintenant. Depuis 1971, les liquidités ne sont qu'un actif de plus -- un actif qui n'a pas de valeur fixe... pas de revenu... pas de garanties. Un dollar peut vous acheter une tasse de café un jour... et quelques semaines plus tard, il vous faudra deux ou trois dollars pour acheter le même café.
* Ou si l'on était au Zimbabwe en 2008, on pourrait s'apercevoir que le café qu'on achetait 2 $ zimbabwéens ($Z) en mai coûtait 2 000 000 $Z en septembre. Sérieusement. L'inflation des prix à la consommation, au Zimbabwe, atteignait 230 millions de pour-cent à la fin de l'année dernière -- elle évoluait si rapidement que les statisticiens ne pouvaient pas suivre le rythme. Et en décembre, le café était quasi impossible à avoir, quel que soit le nombre de billets qu'on avait en portefeuille. L'hyperinflation avait entièrement détruit l'économie. Et la devise était complètement sans valeur.
* Pourquoi parlons-nous du Zimbabwe ? Parce que la dernière étape de cette crise... le Stade Oméga... ressemblera probablement au Zimbabwe.
* Et voilà le banquier central du Zimbabwe, Gideon Gono, qui nous explique pourquoi :
* "Les banques, y compris celles des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, n'évoquent plus mais mettent en place des programmes flexibles et pragmatiques pour leurs banques centrales là où elles estiment qu'ils sont nécessaires à leurs intérêts nationaux".
* "C'est précisément la voie sur laquelle nous nous sommes engagés il y a quatre ans seulement, pour la défense de nos intérêts nationaux, et nous n'avons pas dévié de cette voie essentielle en dépit des incompréhensions, calomnies et diabolisations indescriptibles que nous avons subies de la part de l'ensemble de la classe politique".
* Oui, cher lecteur, les banques centrales ont elles aussi différents stades. D'abord, elles se tournent vers le stimulant monétaire de Milton Friedman. Ensuite, lorsque les taux d'intérêt atteignent le zéro, elles ont recours au stimulant budgétaire de John Maynard Keynes. Vous en verrez une bonne dose en 2009... lorsque le président Obama plantera son drapeau. Mais à mesure qu'on découvrira que cela ne marche pas non plus -- vers la fin 2009 ou 2010, selon nous -- elles passeront au stimulant de la planche à billets de Gideon Gono.
* Bonne année !

L'ère de l'or noir bon marché est en train de s'achever. Elle fait disparaître plus de 150 ans de prospérité occidentale... et avec elle, la richesse de millions d'investisseurs...
Restez les bras croisés et perdez tout... ou agissez AUJOURD'HUI et engrangez des gains de deux, voire trois chiffres sur des valeurs parfaitement positionnées pour grimper en flèche alors que le chaos s'installe.
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*** La Chronique Agora présente ***
L'année 2008 a été fertile en idées stupides -- notamment en ce qui concerne les plans de relance destinés à remettre l'économie en selle, ou les diverses hypothèses de sortie de crise. Simone Wapler fait leur éloge funèbre...
============
LE CIMETIERE DES GRANDES IDEES -- 1ère PARTIE
============
Par Simone Wapler (*)
Il faut reconnaître que 2008 fut une année riche en idées stupides. La plupart de ces idées tournaient autour des plans de relance susceptibles de fouetter une économie en panne, ou autour des hypothèses de sortie de crise.
Dans le cimetière des grandes idées, nous nous recueillons d'abord sur la tombe du rebond américain.
L'improbable rebond américain
Cette idée consiste à dire (ou écrire) en substance :
- 1. l'économie des Etats-Unis est bien plus dynamique que l'économie européenne. Cette proposition est incontestable ;
- 2. c'est la plus grosse économie du monde. Elle tourne sur la consommation intérieure de centaines de millions de citoyens riches. Il s'agit ici d'une vérité partielle ;
- 3. les mesures gouvernementales -- baisse des taux et injection d'argent -- vont porter leurs fruits. Dès que le consommateur américain recommencera à consommer, tout repartira comme avant.
Examinons le point 2. Le carburant de la plus grosse économie du monde n'est pas de la consommation, mais de la surconsommation. C'est là que le bât blesse. Le consommateur américain ne consomme pas de l'argent gagné avec son travail. Il consomme avec de l'argent qu'il n'a pas encore gagné.
L'épargne n'est pas dans sa nature, car il croit que demain sera toujours meilleur qu'aujourd'hui. En Europe, nous nous méfions. Nous savons qu'à l'échelle d'une génération demain n'est pas toujours meilleur que la veille. Nous l'avons appris en vingt siècles de guerres, de famines et d'épidémies. Mais le citoyen américain ne le sait pas. En deux siècles, son pays est passé du stade de colonie de la Grande-Bretagne au stade de première puissance mondiale. Pour lui, il est logique que le futur soit bien plus agréable que le passé.
Comment la surconsommation pourrait-elle repartir ?
A partir du moment où la proposition 2 est fausse, la proposition 3 est impossible. Toute l'économie américaine était, ces dernières années, fondée sur la surconsommation. Le citoyen américain ne peut plus surconsommer, il est maintenant surendetté.
Si le citoyen américain consomme normalement, la croissance américaine sera une croissance molle, comme celle que connaît l'Europe depuis la fin des Trente Glorieuses, depuis donc maintenant presque 30 ans.
Une minute de recueillement sur la tombe de Ford
L'ouvrier de Ford, qui pouvait s'acheter sa voiture par son travail, est mort. Ford n'a d'ailleurs plus beaucoup de clients. Les Etats-Unis tendent vers un modèle à l'européenne : moins de production (on achète en Asie), plus de chômeurs, plus d'assistés. Depuis les années Reagan, les emplois industriels se détruisent régulièrement. En 1980, l'industrie pesait 21,5% du PIB américain. En 2005, elle n'en pesait plus que 12%. Inversement, la part des services financiers passait de 12% à 22%.
Inutile de compter sur les Yankees pour nous sauver et relancer la machine.
Nous verrons la suite dès demain...
Meilleures salutations,
Simone Wapler
Pour la Chronique Agora
(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart's... Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l'or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements "tangibles".

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Message par avec-amour-et-paix Mar 6 Jan - 8:51

Matière à réflexion (le problème est posé)
État et volonté populaire

La dernière crise financière est pleine d’enseignements, non seulement sur les fondements du système économique marchand, mais aussi sur la manière dont les autorités publiques, politiques agissent.

Le gouvernement américain n’a pas hésité, alors que sa philosophie politico-économique est la non intervention étatique, libéralisme oblige, à intervenir massivement en contradiction totale avec ses principes.

Quels enseignements peut-on et doit-on en tirer ?

L’ÉTAT ET LE PEUPLE
Il faut d’abord rappeler, et c’est essentiel, que nous nous situons dans un système qui se veut et se dit démocratique, autrement dit un système dans lequel l’Etat est, en principe, l’expression institutionnalisée de la volonté populaire. Le peuple élit ses représentants. Le gouvernement a donc une légitimité populaire.

Il n’y a donc, en principe, aucune contradiction entre l’Etat et la population de citoyens-nes.

On peut donc en conclure, logiquement et légitimement que le peuple approuve majoritairement, par ses représentants, le système économique dans lequel il vit. De même, et réciproquement, l’Etat est le garant du système… en l’occurrence marchand fondé sur le principe du salariat.

Il y a donc tout lieu de supposer, et comment pourrait-il en être autrement, que les actions de l’Etat, en vue de préserver ce système ne sont que l’expression du peuple qu’il représente.

Or, il se trouve que, dans la phase actuellement du développement du système d’économie de marché, l’Etat a décidé de se désengager de l’économique afin de laisser toute liberté aux mécanismes de marché. Cette décision est appliquée par des personnes, les élus, le gouvernement, qui sont directement et indirectement désignés par le peuple. On peut donc supposer, comment pourrait-il en être autrement, que tout cela est fait avec l’approbation de la majorité des citoyens.

Résumons nous : L’’Etat, expression du peuple est le garant du système dans lequel vit le peuple.

L’ÉTAT, LE PEUPLE ET LA CRISE
Plaçons nous maintenant dans le cas où le système est en crise – par exemple la crise financière.

Les mécanismes financiers – titrisation à outrance, marchés dérivés spéculatifs, etc., aboutissent à ce que l’on sait : la faillite et risques de faillite d’établissements bancaires piliers du système financier marchand.

Que doit faire l’Etat ?
Doit-il ou non intervenir pour soutenir ces établissements en faillite ?

S’il ne le fait pas, le système risque de s’écrouler ou du moins d’avoir des dérives dangereuses. Peut-il prendre ce risque au regard de la majorité qui lui a fait confiance ? Certainement pas. Revenons à la définition : il est le garant du système. Il doit donc intervenir.

Mais va-t-on me dire, « il intervient pour soutenir des gestionnaires incompétents, spéculateurs et des actionnaires seulement intéressés par l’argent, et il fait payer pour cela tous les citoyens… … et tout cela est scandaleux et fort injuste ».

Exact ! Et alors ? Il soutient le système que les citoyens lui ont confié… ils étaient libres et conscients, autrement dit « citoyens », de ne pas l’accepter,… mais l’ont pourtant accepté… ou bien alors il faut en conclure que ce ne sont pas des citoyens qui ont voté, mais des individus stupides… et que le peuple serait composé d’une majorité d’imbéciles … ce qui montre que la démocratie ne fonctionne pas. Osera-t-on en tirer cette conclusion ?

D’autre part ce n’est formellement ni scandaleux, ni injuste, mais logique et démocratique. En effet, dans un système démocratique c’est le peuple qui doit payer les crises du système qu’il approuve… il est responsable par son approbation et son vote de ce qui se passe.

Reconnaissons que ce raisonnement est troublant, dur à admettre et pourtant difficilement contestable.

Ce raisonnement peut bien évidemment s’appliquer à toutes les questions économiques et sociale : liquidation des services publics, des systèmes de retraites, de la protection sociale,….

QUELLE/S CONCLUSION/S ?
Chacune et chacun en tirera les conclusions qu’il souhaite,… ou qu’il ose.

Pour ma part je soulignerai trois points :
L’expression populaire majoritaire, dans ce système, organisée comme elle l’est, peut aboutir, et aboutit, à n’importe quoi… le 20e siècle – et ce début du 21e - en sont plein d’exemples… dont on n’a tiré aucune leçon ce qui nous permet aujourd’hui de recommencer les mêmes erreurs. Dans le cas d’une dérive grave, une crise, il n’existe aucun moyen de correction… ce sont celles et ceux, ou leurs semblables, qui sont responsables qui opèrent,… d’autant plus qu’ils ont la légitimité pour faire tout et son contraire… au risque de ne pas être réélus lors des élections suivantes ,… et encore !. Dans tous les cas le peuple est passif et subit.

Jamais, à aucun moment, du moins de manière décisive, et dans le cadre institutionnel de l’expression populaire ne sont évoquées les limites du système en place – ce qui est logique puisqu’un système ne peut concevoir la perspective de son propre dépassement. Celles et ceux qui envisagent cette hypothèse se cantonnant dans la simple et véhémente critique (appel à...), voire participent aux mécanismes d’intégration et de stérilisation de la pensée politique (les élections).

Enfin, si tout ce qui précède est exact une dernière conclusion troublante s’impose : il n’y a actuellement pas de volonté populaire de dépassement du système marchand. Le discours critique n’est qu’un discours, purement velléitaire, qui se perd dans les méandres et les pièges tendus par le système pour le stériliser… ce à quoi il parvient parfaitement.

La montée en puissance d’un mécontentement n’est donc absolument pas annonciateur de changements et ce d’autant plus qu’aucune alternative concrète crédible n’est en perspective et que le système va se faire un devoir d’orienter ce mécontentement vers un mode d’expression qui va l’éteindre : les élections européennes de juin.

Ce mécontentement, consciencieusement canalisé par les syndicats – dés le 29 janvier - va être pris en otage par les partis politiques traditionnels, et les nouveaux venus qui veulent avant tout exister dans le système.

Sur ce, est-il encore utile de se souhaiter une « bonne » année ?

Patrick MIGNARD
Janvier 2009

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