le régime Moubarak tempête contre un mot d'ordre de grève sur internet

Egypte: le régime Moubarak tempête contre un mot d'ordre de grève sur internet

Il y a 13 heures

LE CAIRE (AFP) — Le régime du président égyptien Hosni Moubarak a durci le ton contre un mot d'ordre de grève générale dimanche contre la vie chère qui s'est propagé comme une traînée de poudre sur internet.

Le ministère de l'Intérieur a prévenu samedi qu'il prendrait des "mesures immédiates et fermes" contre quiconque manifesterait ou suivrait cet ordre de grève "illégale", qui est passé de blog en blog ou s'est transmis par SMS.

Aucun parti d'opposition n'a revendiqué la paternité de cet appel qui se greffe sur une menace de grève illimitée des 25.000 ouvriers du complexe textile de Mahalla, dans le delta du Nil, à partir de dimanche.

Le communiqué du ministère, repris à la télévision nationale, laisse attendre un déploiement considérable de forces de sécurité au Caire et dans d'autres grandes villes.

Dans un climat d'exaspération sociale, liée à la flambée des prix et la pénurie de pain subventionné, ce mouvement, dont aucun analyste se risque à dire qu'il sera suivi, intervient aussi à l'avant-veille des municipales.

Ils seraient 64.000 membres du site Facebook à s'être ainsi inscrit dans un groupe appelé "6 avril" appelant les Egyptiens à protester par tous les moyens ce dimanche, et à ne pas aller au travail.

Pour sa part, la nébuleuse d'opposition Kefaya a appelé à l'organisation de sit-in contre la hausse de prix dans 26 gouvernorats du pays, y compris au Caire, a indiqué à l'AFP un de ses dirigeants Georges Ishak.

"Grève dimanche 6 avril" titre à la une le quotidien d'opposition Al-Destour. "C'est le peuple qui a décidé de parler, pas un courant politique", estime son rédacteur en chef, Ibrahim Eissa, bête noire du régime.

Dans son communiqué, le ministère met en cause des "professionnels de la provocation et des courants illégaux" les accusant d'"avoir propagé de fausses rumeurs et appelé" à divers mouvements de protestation, dont la grève.

Le quotidien gouvernemental Al-Ahram publie lui en première page un article intitulé "la prison pour les incitateurs et participants à la grève". D'autres médias officiels affirment que le gouvernement jugule l'inflation.

Ecartés des municipales de mardi prochain par le pouvoir, qui a notamment effectué quelque 800 arrestations dans leurs rangs, les Frères musulmans, principale force d'opposition, ont affirmé qu'ils ne se joignaient pas à l'appel à la grève, appuyant cependant le mouvement de Mahalla.

Seulement 20 candidats de la confrérie islamiste, tolérée quoique interdite, se présenteront lors de ce scrutin sans le moindre suspens, alors que le parti au pouvoir, en alignera 53.000 à travers le pays.

Avec une vague de réformes libérales et une flambée de prix, en particulier du pain, la fossé social "n'a fait que s'accroître", a estimé à l'AFP, Mohamed Kamel al-Sayed, professeur à l'Université du Caire.

Mais pour cet analyste, "une grande explosion sociale est improbable". "Des violentes tensions locales, c'est très probable, mais une explosion nationale, je n'y crois pas", a-t-il dit.

Le ministère de l'Intérieur souligne que "tous les établissements de l'Etat, dans les secteurs des services, de la production et de l'éducation, fonctionneront normalement dimanche 6 avril".

Dans des courriers électroniques, les agences de l'ONU, l'Université américaine ou encore l'ambassade de France ont mis en garde leurs personnels ou ressortissants contre des troubles possibles et des encombrements monstres.

"C'est déjà arrivé dans le passé, on sait que le déploiement policier sera gigantesque", a affirmé à l'AFP un haut responsable du Programme alimentaire mondial (PAM) qui a requis l'anonymat.

Evoquant les rumeurs de grève générale, l'ambassade de France note "qu'à ce stade, rien n'indique qu'un tel mouvement sera effectivement suivi", mais recommande par "simple précaution" d'éviter les déplacements vers le centre.