S’opposer au régime ou le sauver ?
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S’opposer au régime ou le sauver ?
S’opposer au régime ou le sauver ?
Tandis qu’un peu partout dans le pays — et aussi désormais dans les pays voisins — les marins-pêcheurs dénoncent la « dictature » de l’Union européenne et brûlent son drapeau, France Info diffuse ce lundi l’intervention, très applaudie, d’un marin-pêcheur dans une assemblée à Quimper : « On a eu une annonce d’aide qui déjà ne nous convenait pas. Mais on entend à la télé par la suite que ce n’est pas eurocompatible. Pourquoi aucun politique ne s’élève contre l’Europe, jamais, d’aucun bord politique que ce soit ? Il n’y a pas un politique qui est capable de dire : l’Europe, ils nous cassent les c… ? »
Cette question, combien se la posent au même moment dans tout le pays ?
Enseignants et fonctionnaires des Impôts, du Trésor et d’autres administrations en grève contre les suppressions d’emplois, la destruction des statuts, la privatisation ; ouvriers confrontés aux fermetures d’usines et à la liquidation de régions entières ; viticulteurs et agriculteurs ; lycéens et étudiants, chômeurs : tous ceux qui se dressent contre les mesures de destruction et de régression dont l’origine est, chacun le sait, l’Union européenne, sa Banque centrale, ses directives, ses pactes…
Comment se peut-il que tous ces coups soient portés alors que jamais dans le pays un gouvernement n’avait été à ce point rejeté ? Comment est-il possible qu’aucun des « grands politiques » ne s’élève contre l’Union européenne ?
Tandis que les marins-pêcheurs se battent pour survivre, on débattait à l’Assemblée nationale ce 20 mai de la réforme des institutions. Rappelons qu’il s’agit des institutions antidémocratiques de la Ve République, qu’il faut plus que jamais, selon le gouvernement, faire entrer dans le moule de l’Union européenne.
Le Premier ministre, François Fillon, multiplie les appels « au consensus » avec la gauche. Il rappelle que, déjà, en 2001, lors de l’adoption de la tristement célèbre LOLF (1), « nous avons su dépasser alors les clivages ». Il assure que, parmi tous les projets proposés, le gouvernement a « distingué les propositions les plus susceptibles de faire l’objet d’un consensus », déclare que « la majorité a déjà fait preuve d’esprit d’ouverture », mais qu’elle est prête « à aller plus loin encore (…) afin de faciliter le consensus entre majorité et opposition ». Il donne en exemple l’attitude des « partenaires sociaux » qui « ont eu le courage de repenser les termes de leur représentativité » (2) et invite la gauche au Parlement à suivre cet exemple. L’heure, insiste-t-il, est à ce que « nous sachions nous rassembler » pour « contribuer à un compromis historique ».
Que répond le Parti socialiste censé représenter l’opposition ? Arnaud Montebourg revendique des lieux « où surmonter nos désaccords pour veiller à l’intérêt général ». Il se félicite de ce que « nos idées ont infusé et même contaminé la commission Balladur », soulignant que, dans ce débat, « nous avons tout fait pour que nos positions se rejoignent ». Les socialistes, dit-il, sont « prêts à un compromis historique » et à des « efforts (…) en vue de rapprocher les points de vue ». Et aux parlementaires de droite réticents à cette démarche, il lance cet appel : « Vous ne perdrez rien à démocratiser un système discrédité. C’est peut-être même sa dernière chance de survie. »
Les travailleurs ne peuvent que s’interroger : le rôle de « l’opposition » est-il de s’opposer ou d’aider la classe capitaliste et son gouvernement à sauver un régime failli ? Dans cet aveu de Montebourg, faut-il voir autre chose que l’expression de cette « grande coalition » érigée pour la défense de l’Union européenne (3) ? N’est-ce pas là l’origine du fossé qui se creuse chaque jour davantage entre la mobilisation qui se dresse sur le terrain de la lutte de classe et l’expression politique de ceux qui occupent la place, mais non le rôle, de l’opposition au gouvernement et à l’Union européenne (4) ?
Au camarade marin-pêcheur de Quimper, nous signalerons qu’il existe, ce parti politique qui inscrit sur son drapeau la nécessaire rupture avec l’Union européenne. C’est le parti ouvrier indépendant qui verra le jour le 15 juin prochain à Paris, et qui pourra reprendre à son compte la définition du vieux Parti socialiste de Jaurès de 1905 : « Un parti de lutte de classe qui (…) reste toujours un parti d’opposition fondamentale à l’ensemble de la classe bourgeoise et à l’Etat qui en est l’instrument » (5). Et à l’Union européenne, faut-il ajouter aujourd’hui.
Daniel Gluckstein
(1) Loi organique relative aux lois de finance, instrument de démantèlement de toutes les administrations publiques et de leurs emplois.
(2) Position commune Medef-CGT-CFDT-CGPME soutenue par l’UMP et le PS.
(3) Même si à cette étape le PS n’a pas voté.?Mais comme le déclare J.-M.?Ayrault, « rien n’est définitif.?Notre décision sera arrêtée pour le Congrès à Versailles.?A ce moment-là, le gouvernement et les députés de droite (...) auront besoin des voix socialistes.?» (Libération, 28?mai).
(4) Voir les 83 % d’abstention à la législative partielle du Rhône ce dimanche.
(5) Déclaration commune des organisations socialistes adoptée par le congrès de fusion, 13 janvier 1905.
Tandis qu’un peu partout dans le pays — et aussi désormais dans les pays voisins — les marins-pêcheurs dénoncent la « dictature » de l’Union européenne et brûlent son drapeau, France Info diffuse ce lundi l’intervention, très applaudie, d’un marin-pêcheur dans une assemblée à Quimper : « On a eu une annonce d’aide qui déjà ne nous convenait pas. Mais on entend à la télé par la suite que ce n’est pas eurocompatible. Pourquoi aucun politique ne s’élève contre l’Europe, jamais, d’aucun bord politique que ce soit ? Il n’y a pas un politique qui est capable de dire : l’Europe, ils nous cassent les c… ? »
Cette question, combien se la posent au même moment dans tout le pays ?
Enseignants et fonctionnaires des Impôts, du Trésor et d’autres administrations en grève contre les suppressions d’emplois, la destruction des statuts, la privatisation ; ouvriers confrontés aux fermetures d’usines et à la liquidation de régions entières ; viticulteurs et agriculteurs ; lycéens et étudiants, chômeurs : tous ceux qui se dressent contre les mesures de destruction et de régression dont l’origine est, chacun le sait, l’Union européenne, sa Banque centrale, ses directives, ses pactes…
Comment se peut-il que tous ces coups soient portés alors que jamais dans le pays un gouvernement n’avait été à ce point rejeté ? Comment est-il possible qu’aucun des « grands politiques » ne s’élève contre l’Union européenne ?
Tandis que les marins-pêcheurs se battent pour survivre, on débattait à l’Assemblée nationale ce 20 mai de la réforme des institutions. Rappelons qu’il s’agit des institutions antidémocratiques de la Ve République, qu’il faut plus que jamais, selon le gouvernement, faire entrer dans le moule de l’Union européenne.
Le Premier ministre, François Fillon, multiplie les appels « au consensus » avec la gauche. Il rappelle que, déjà, en 2001, lors de l’adoption de la tristement célèbre LOLF (1), « nous avons su dépasser alors les clivages ». Il assure que, parmi tous les projets proposés, le gouvernement a « distingué les propositions les plus susceptibles de faire l’objet d’un consensus », déclare que « la majorité a déjà fait preuve d’esprit d’ouverture », mais qu’elle est prête « à aller plus loin encore (…) afin de faciliter le consensus entre majorité et opposition ». Il donne en exemple l’attitude des « partenaires sociaux » qui « ont eu le courage de repenser les termes de leur représentativité » (2) et invite la gauche au Parlement à suivre cet exemple. L’heure, insiste-t-il, est à ce que « nous sachions nous rassembler » pour « contribuer à un compromis historique ».
Que répond le Parti socialiste censé représenter l’opposition ? Arnaud Montebourg revendique des lieux « où surmonter nos désaccords pour veiller à l’intérêt général ». Il se félicite de ce que « nos idées ont infusé et même contaminé la commission Balladur », soulignant que, dans ce débat, « nous avons tout fait pour que nos positions se rejoignent ». Les socialistes, dit-il, sont « prêts à un compromis historique » et à des « efforts (…) en vue de rapprocher les points de vue ». Et aux parlementaires de droite réticents à cette démarche, il lance cet appel : « Vous ne perdrez rien à démocratiser un système discrédité. C’est peut-être même sa dernière chance de survie. »
Les travailleurs ne peuvent que s’interroger : le rôle de « l’opposition » est-il de s’opposer ou d’aider la classe capitaliste et son gouvernement à sauver un régime failli ? Dans cet aveu de Montebourg, faut-il voir autre chose que l’expression de cette « grande coalition » érigée pour la défense de l’Union européenne (3) ? N’est-ce pas là l’origine du fossé qui se creuse chaque jour davantage entre la mobilisation qui se dresse sur le terrain de la lutte de classe et l’expression politique de ceux qui occupent la place, mais non le rôle, de l’opposition au gouvernement et à l’Union européenne (4) ?
Au camarade marin-pêcheur de Quimper, nous signalerons qu’il existe, ce parti politique qui inscrit sur son drapeau la nécessaire rupture avec l’Union européenne. C’est le parti ouvrier indépendant qui verra le jour le 15 juin prochain à Paris, et qui pourra reprendre à son compte la définition du vieux Parti socialiste de Jaurès de 1905 : « Un parti de lutte de classe qui (…) reste toujours un parti d’opposition fondamentale à l’ensemble de la classe bourgeoise et à l’Etat qui en est l’instrument » (5). Et à l’Union européenne, faut-il ajouter aujourd’hui.
Daniel Gluckstein
(1) Loi organique relative aux lois de finance, instrument de démantèlement de toutes les administrations publiques et de leurs emplois.
(2) Position commune Medef-CGT-CFDT-CGPME soutenue par l’UMP et le PS.
(3) Même si à cette étape le PS n’a pas voté.?Mais comme le déclare J.-M.?Ayrault, « rien n’est définitif.?Notre décision sera arrêtée pour le Congrès à Versailles.?A ce moment-là, le gouvernement et les députés de droite (...) auront besoin des voix socialistes.?» (Libération, 28?mai).
(4) Voir les 83 % d’abstention à la législative partielle du Rhône ce dimanche.
(5) Déclaration commune des organisations socialistes adoptée par le congrès de fusion, 13 janvier 1905.
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