Saint-Louis livre ses caillasseurs

Saint-Louis livre ses caillasseurs

Lasse de sa mauvaise image, la tribu a livré les trois auteurs présumés de l’agression survenue le 22 décembre, sur la route de Saint-Louis. Ce soir-là, un jeune automobiliste avait fini dans le coma, après avoir été caillassé et passé à tabac.

« La tribu de Saint-Louis est habitée par des gens respectables. Seule une poignée de voyous sont à l’origine des problèmes qu’elle connaît. » Au cours d’une conférence de presse organisée, hier après-midi, à la caserne Meunier à Nouméa, la gendarmerie a tenu à redorer l’image de la tribu, souvent égratignée par des faits de violence, et plus précisément de caillassage.
Il faut dire que la population est pour beaucoup dans l’arrestation des trois auteurs présumés de l’agression d’un jeune automobiliste, la nuit du 22 décembre. Face à la gravité des faits, la gendarmerie avait mobilisé près d’une cinquantaine d’hommes pour retrouver les responsables au plus vite. « L’audition d’un témoin clé a permis d’interpeller un premier suspect », a déclaré Éric Lançon, du groupe judiciaire de la brigade du Pont-des-Français, qui était saisi de l’enquête.

Le suspect ligoté dans une voiture

Grâce à la collaboration des coutumiers et de l’ensemble des habitants de la tribu, les têtes sont tombées les unes après les autres. Sur les cinq jeunes interrogés, trois ont été reconnus comme les auteurs présumés de l’agression. L’un a été attrapé à l’île des Pins, alors qu’il avait trouvé refuge chez sa tante. Le deuxième a été retrouvé ligoté dans une voiture, après un coup de fil passé, vendredi soir, à la gendarmerie. Le troisième, enfin, a été littéralement livré par les siensaux gendarmes.
Les trois jeunes, âgés de 17 ans, sont des multirécidivistes. Ils ont reconnu les faits lors de leurs auditions et devaient être présentés au parquet, puis au juge d’instruction et au juge des libertés, hier après-midi. Ils devraient être poursuivis pour « violences avec armes et en réunion » ainsi que « destruction volontaire d’un bien ». L’infraction pourrait toutefois être requalifiée en « tentative d’homicide », si les magistrats le décidaient.

Interdit de séjour

Du fait de leur âge, ils ne peuvent bénéficier de l’excuse de minorité, mais seront néanmoins entendus par le juge des enfants. L’un d’entre eux était interdit de séjour à Saint-Louis, suite à deux précédentes agressions : l’une avait été dirigée contre les forces de l’ordre, l’autre contre un motard. Il avait été placé en détention, puis en famille d’accueil à Koné, mais n’avait pas respecté la consigne bien longtemps.
Rappelons que l’automobiliste de 18 ans, caillassé la nuit du 22 décembre, était descendu de son 4X4 pour avoir des explications. Il avait alors été passé à tabac par plusieurs personnes. Les amis qui le suivaient en voiture avaient été, eux aussi, la cible de jets de pierres. Mais ils avaient réussi à se protéger dans leur véhicule. Lorsque le conducteur était revenu porter secours à son ami, celui-ci avait le corps et le visage tuméfiés et sa voiture avait été dérobée par ses agresseurs, avant d’être incendiée. Le jeune homme est resté près de trois jours en soins intensifs. Ses bourreaux risquent huit ans de prison.

Coralie Cochin