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GORKA LUPIAÑEZ SAUVAGEMENT TORTURÉ PAR LA GUARDIA CIVIL

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Message par avec-amour-et-paix Jeu 3 Avr - 4:28

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GORKA LUPIAÑEZ SAUVAGEMENT TORTURÉ PAR LA GUARDIA CIVIL

Le jeune Gorka Lupiañez, arrêté le 6 décembre dernier à Berriz (Bizkaia) par la Guardia Civil, a été maintenu au secret jusqu'au 14. Accusé d'être un membre de l'ETA, il était toujours sous ce régime quand il comparu devant le juge de l'Audience Nationale madrilène le 12 et qu'il a été incarcéré. Pendant les cinq jours qu'il a passés entre les mains de la Guardia Civil, il a été sauvagement torturé: frappé, humilié, étouffé, noyé, violé. Des extraits de son témoignage en pièce jointe.

C'est la 41ème plainte déposée cette année pour tortures et mauvais traitements de la part des forces de police, en majorité la Guardia Civil mais aussi la police nationale espagnole et la ertzaintza, police autonomique basque. Askatasuna accuse le gouvernement espagnol d'utiliser la torture et des traitements barbares pour atteindre ses objectifs politiques, et accuse le gouvernement français de collaborer pleinement à cette ignominie et notamment avec ce corps de tortionnaires. Mais nous accusons aussi les partis, les agents politiques et sociaux et une partie des médias qui, toujours prompts à condamner la 'violence', regardent ailleurs et passent sous silence la pire de toutes, protégeant ainsi les tortionnaires. En finir avec cette cruauté est le premier des pas à accomplir, aucun autre chemin ne peut mener à la résolution de ce conflit. Il ne s'agit pas seulement d'avoir ne serait-ce qu'une once d'humanité, c'est du pur bon sens politique.







Euskal Herria, le 21 décembre 2007

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Chronique des tortures subies par GORKA LUPIAÑEZ MINTEGI

Prison de Soto del Real (Madrid), le 19/12/07
Ce témoignage a été complété par un entretien, au parloir de la prison, le 17/12/07.
Lors de cet entretien, on a obligé Gorka à entrer dans un parloir donné, il est donc possible que celui-ci ait été enregistré.
………………………..
- J’ai été arrêté le 6 décembre, vers 18h. Je marchais sur la route, près de Berriz. Deux Patrols de la Garde Civile se sont arrêtées, les agents m'ont demandé mes papiers, et après des vérifications qui ont duré près d'une heure et après avoir fouillé ma banane, ils m'ont arrêté.


- Ils m’ont jeté au sol et m’ont retiré mon pantalon, en me laissant le caleçon que je portais dessous. Ils m’ont attaché les mains dans le dos. Ils m’ont donné des coups de pieds en grand nombre. Certains disaient aux autres qu’ils me relâchent pour que je m’enfuie et qu’ils puissent faire le « deux à un », en référence à Capbreton. À la fin, ils m’ont fait monter dans le Patrol, avec la figure collée à la vitre et un fusil Cetme appuyé contre ma tempe, et ils m’ont emmené dans cette position à ce qu’ils ont dit être le commissariat de la Salve, à Bilbao. Ils m’avaient interdit d’ouvrir les yeux.
- À la Salve, ils m’ont fait descendre en courant de la voiture, pour entrer dans une pièce. Ils m’ont mis une cagoule qui m’arrivait à peu près à la lèvre supérieure, et je pouvais voir un peu et entendre les voix des personnes présentes. Il y avait quatre personnes, deux en uniforme et deux en civil. Ils m’ont donné une raclée. Ils me frappaient surtout aux testicules. Ils ont commencé à me poser des questions sur de nombreux sujets, et réclamaient des noms. Ils criaient continuellement et me frappaient sans arrêt ; il y en a un qui a monté son pistolet et me l’a mis contre la tête. Ils m’ont emmené dans une autre pièce et m’ont dit que j’étais au secret.
- Ils m’ont fait sortir en courant et m’ont fait monter dans une voiture. Trois heures plus tard, on est parti pour Madrid. C’est ce qu’ils ont dit. Et ils m’ont dit aussi qu’à Madrid j’allais comprendre ma douleur. Dans la voiture, il y avait deux personnes devant et deux derrière, de chaque côté de moi. Celui de gauche hurlait et me frappait avec la main à plat. Celui de droite m’a mis un sac en plastique sur la tête. Régulièrement, il fermait le sac avec les mains autour de mon cou et je me sentais asphyxié.
- La voiture s’est arrêtée à un péage, parce que l’un d’entre eux, qui avait fait célébré le Jour de la Constitution, avait bu, qu’il était ivre et qu’il voulait uriner. Ce même Garde Civil m’a dit que personne ne savait que j’avais été arrêté, et qu’ils pouvaient très bien me tirer dessus. Il m’a dit également qu'eux étaient chargés de torturer et d'interroger, qu'ils travaillaient par périodes de quatre mois, et que c'était pour cela qu'il devait être présent même s'il ne se sentait pas bien. Les coups et le sac sur la tête ont continué jusqu'à Madrid. Quand on est arrivé, ils m’ont dit que je me trouvais à la Direction Générale ou quelque chose comme ça.
- Ils m’ont aussitôt emmené dans une pièce, m’ont déshabillé et m’ont mis un masque sur les yeux que j’ai gardé jusqu’au transfert au Tribunal. Ils m’ont ordonné de faire des pompes. J’ai senti trois piqûres dans le cou, sur la colonne, entre les omoplates ou un peu plus haut. La troisième fois, j'ai senti une très forte douleur qui est descendue le long de toute la colonne vertébrale. Je l’ai dit à la dame qui s’est présentée comme étant le médecin légiste, et elle m’a dit que j’avais des points rouges dans cette zone. Je ne sais pas ce qu’elle va mettre dans son rapport. On m’a touché aussi avec quelque chose qui semblait du papier. Ils disaient que c’était pour calculer comment ils allaient me mettre les électrodes.
- D’après ce qu’a dit le médecin légiste à propos de l'heure de sa première visite, je crois pouvoir dire qu'elle m'a rendu visite tous les jours. Le premier jour, elle m’a dit que c’était vendredi, à une heure de l’après-midi. Moi, je pensais à ce moment que j'étais là depuis plusieurs jours.
- En un jour et demi, ils m’ont obligé à faire des milliers de pompes. En même temps, ils me frappaient à la tête, sur les côtés et sur le haut, avec quelque chose qui pouvait être un annuaire ou avec une matraque en caoutchouc ou similaire. Avec les coups d'annuaire, je voyais des lumières. Ils me mettaient un sac sur la tête, et y introduisaient de la fumée de tabac. Et puis ils fermaient le sac pour provoquer l'asphyxie.
- Les interrogatoires étaient continuels. Je n’ai presque pas été en cellule pendant tout ce temps. Seulement quelques heures par jour. Ils me demandaient sans arrêt des choses. Les interrogateurs se fatiguaient et, régulièrement, peut-être toutes les heures, ils se relayaient. Je le savais par leur voix. Ils disaient qu’ils se relayaient toutes les heures. Ils étaient quatre en général dans chaque groupe, je le sais grâce aux voix.
- Il y avait des moments où je répondais aux questions par des phrases incohérentes, je ne savais plus raisonner ni terminer mes phrases. Je crois que c’était à cause du manque d’air. Quand je déraillais trop, ils me laissaient un moment de repos.
- Ils me mettaient une couverture pliée sur le corps, et me donnaient des coups de poing au travers.
- À partir de ce que je crois être un jour et demi depuis mon arrestation, ils ont commencé à me faire la baignoire en plus de tout le reste qu’ils faisaient déjà. Ils m’ont attaché à un matelas en mousse et ils m'ont mis la tête dans l'eau glacée.
- Après ils ont commencé à faire ce qu’ils appelaient « aguapark ». Ils disaient qu’ils avaient appris ça des israéliens. L’aguapark consistait à me coucher sur un matelas, me tenir les jambes, les bras et la tête et à m'arroser la bouche et le nez au tuyau d'arrosage. Quand je ne tenais plus, je devais respirer. Et juste à ce moment, ils me lançaient un seau d'eau au visage et j'étouffais. A un certain moment, j’ai dû griffer quelqu’un en me débattant. Alors ils m’ont attaché les chevilles au scotch, et les poignets aussi mais avec des protections.
- J'étais nu et ils m’obligeaient à ouvrir les bras. Ils me lançaient des seaux d’eau glacée. Et comme je tremblais, ils m'appelaient « l’ange nerveux ».
- Au bout de deux jours et demi environ, entre deux séances d’aguapark et d’ange nerveux, ils m’ont mis à quatre pattes par terre, et ils ont essayé de me sodomiser avec un bâton. Comme ils n’y sont pas arrivés, ils m’ont allongé par terre, sur le dos et, en me tenant, ils m’ont relevé les jambes et, dans cette position, ils m'ont sodomisé avec un bâton.
- A un moment, ils m’ont attaché sur un matelas, et ils ont fixé un fil électrique au gros orteil du pied gauche et un autre sur la main droite, fixé au scotch. J’entendais le bruit de décharges électriques sans rien sentir.
- Le médecin venait me voir tous les jours, mais quand elle m'a demandé comment on me traitait et comment je me sentais, je ne lui ai rien dit. J’avais peur de ce qui pouvait arriver. Je lui ai dit que je le lui raconterais une fois au Tribunal National Elle m’a recommandé de dormir mais je lui ai répondu qu’on ne me laissait pas. Pour la visite du médecin, ils me mettaient un caleçon et un tee-shirt. Ils m’emmenaient devant une porte, me retirait le masque et me regardaient les yeux, certainement parce que je portais le masque depuis longtemps. Quand je ressortais, ils me remettaient le masque et me déshabillaient. Ils me demandaient ce que j’avais dit au médecin tout en me donnant des coups de matraque.
- Pendant la garde à vue, je crois qu’ils m’ont mis le sac sur la tête au moins 50 fois par jour. J’ai fait plus de 10 000 pompes. Ils m’ont fait la baignoire 2 fois. L’arrosage au tuyau de nombreuses fois. La simulation des électrodes, 2 fois. Coups de matraque et coups divers, sans limite.
- Comme je ne voulais pas manger, une fois, ils m’ont mis un gâteau dans la bouche de force. Ils ont renversé du chocolat par terre, et ils m’ont obligé à le lécher.
- Ils m’ont tiré les cheveux à de nombreuses reprises. Les cheveux et les poils du pubis. Ils m’ont arraché beaucoup de cheveux sur la gauche de la tête.
- Les interrogatoires étaient permanents et les cris incessants. Ils m’ont dit qu’ils allaient agir contre mon père. Que ma mère était morte d’infarctus. Que mon frère et sa femme avaient été arrêtés. Et qu'ils avaient sodomisé mon neveu, leur fils, avec un bâton.
- J’ai fait trois déclarations devant la Garde Civile. Elles étaient préparées d’avance. Ils m’ont dit que je ne m’inquiète pas. Que si j’oubliais quelque chose, l’instructeur de la déclaration me le rappellerait. Et c’est ce qu’il a fait, pour toutes les déclarations. Il me disait ce que j’oubliais et qui était préparé. Ils m’ont dit que j’allais avoir un avocat, mais que je ne pouvais pas le regarder. Je ne sais pas si un avocat a assisté aux déclarations. Les déclarations, je crois que je les ai faites samedi, dimanche et lundi. C’était toujours le soir, et ils disaient l'heure avant de commencer.
- À la fin de la troisième déclaration, ils m'ont emmené en cellule, en me disant qu'ils me laisseraient me reposer. Un quart d’heure ne s’était pas écoulé, un court moment, qu’ils sont venus me chercher pour m'emmener dans une pièce où il y avait quelqu'un qui n'était pas intervenu dans les interrogatoires des jours précédents. Je l'ai su à la voix. Il m’a dit qu’il avait pour fonction de me faire dire tout ce que je n’avais pas encore dit. Il a commencé à me gifler des deux côtés, et cela a provoqué de nombreuses plaies à l'intérieur de la bouche. Il m’a attaché les testicules et le pénis avec une corde, et il a tiré sur la corde. Il tirait aussi à la main. À un moment, j’ai commencé à saigner du pénis.
- Je l’ai dit au médecin légiste et elle l’a noté. Je lui ai dit que j’avais les testicules violacés et elle l’a vu. Ça s’est passé peu de temps avant d’aller au Tribunal. Avant de m’emmener au Tribunal, l'instructeur m'a dit que je devais dire au juge la même chose que ce que j’avais dit devant la police. Sinon, je le sentirais passer. Ils m’ont fait une toilette, surtout la tête, et ils m'ont habillé pour aller devant le juge.
- Quand je suis arrivé au Tribunal, ils m’ont fait déclarer avec un avocat commis d’office. J’ai refusé de déclarer devant le juge, mais je lui ai raconté les mauvais traitements que j'avais subi.
- En arrivant à la prison, j'ai dit au médecin pénitentiaire que j'avais des lésions dans la bouche. Il m’a dit que j’allais bien. Je lui ai demandé comment il pouvait affirmer cela sans m’avoir examiné. Et il m’a répondu que j’allais bien et qu’il n’allait pas m’examiner. Je ne sais pas ce qu’il a pu mettre dans son rapport, mais il ne m’a pas examiné.
…………………………………
Alors que Gorka Lupiañez était placé au secret, le 12 décembre, une requête a été déposée auprès du Tribunal pour que, dans un délai de 24 heures, on procède à des analyses de sang et d'urine sur sa personne. Le dossier étant maintenu secret, nous ignorons si la requête a été prise en compte. Gorka a déclaré n’avoir pas subi ces examens.
Il est resté au secret jusqu’au vendredi 14, dans la prison où il est actuellement incarcéré.
Il souhaite porter plainte pour dénoncer ce qui lui est arrivé.

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