les guerriers de l'Arc-en-ciel
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les guerriers de l'Arc-en-ciel
Ils sont des apôtres de la Marche du vivant, ce qui implique une mobilité permanente, à pied bien sûr, et en couleur. Écologie, non-violence, égalitarisme sont leurs mots d’ordre. Reportage publié dans VSD n°1611 (du 9 au 15 juillet 2008)
Ils s'habillent dans les couleurs de l'arc-en-ciel et développent une économie d'autosubsistance. Cueillette dès que c'est possible, récupération à la fin des marchés, spectacles dans les villages ou les villes… Leur étrange allure leur attire plutôt la sympathie, mais parfois des sarcasmes.
Dans l’Archipel des nouveaux nomades, les guerriers de la Marche du vivant – ou de l’Arc-en-ciel, comme ils s’appellent entre eux – sont sans doute les plus voyants, et aussi, les plus nomades : c’est un mouvement perpétuel, donc. Un mouvement ? Disons plutôt quelques idées en marche. Bien sûr, celles que partagent tous ceux qui ont choisi de mettre la clef sous la porte pour mieux prendre la clef des champs : l’écologie, la non-violence, l’égalitarisme… Mais à ce fonds commun, les marcheurs ajoutent leur grain de sel (bio, de préférence).
“Pour me mettre un coup de pied au cul, je porte du rouge”
Tout d’abord, il y a la marche. Pour eux, la mobilité du corps conditionne tout leur mode de vie. L’autre truc de ces utopistes, c’est qu’ils affichent la couleur. Porter des couleurs vives pour refuser une vie terne dans un monde obscur. Voire un peu plus que cette idée simple. Chaque membre du groupe s’habille pour la journée dans une seule couleur. Et la plupart s’accordent à trouver une vertu différente à chaque fraction du prisme. Ainsi, le jaune dispense de la joie, le vert reconnecte à la nature, le bleu donne confiance en soi, et ainsi de suite. Attention, rien d’automatique, mais ça aide ! « Moi, explique Patrick, quand je veux me lancer dans un truc difficile, me mettre un coup de pied au cul, je porte du rouge, la couleur de l’action. C’est peut-être un placebo, de l’autosuggestion, ou tout ce que vous voudrez, mais, en général, ça marche ! » Et pour marcher, ça marche : tout au long de l’année, ils se retrouvent à pied, en groupe et en couleurs, pour se rendre à un rassemblement pacifiste, à une manifestation pour le Tibet ou à un festival pour la décroissance.
Leur histoire a vraiment commencé l’an dernier, avec leur première pérégrination au long cours : partis des Pyrénées en février, ils ont rejoint Paris trois mois plus tard. Au total, ils auront été un bon millier à y participer, mais chacun à son rythme. Ici, comme me l’explique un marcheur, c’est un peu l’auberge espagnole. « On vient pour un mois, une semaine, ou seulement quelques heures. Certains viennent juste voir à quoi pourrait ressembler un autre monde. D’autres ont carrément tout laissé derrière eux : plus de travail ni de patron, plus de chômage ni d’allocs, plus de compte en banque ni de téléphone. En fait, le seul papier officiel que tous les marcheurs, même les plus investis, gardent quoi qu’il arrive, tu t’en doutes bien, c’est le passeport. » En revanche, une fois sur la route, tout le monde, du plus novice au plus aguerri, partage le même lot quotidien.
Le programme est indiqué noir sur blanc sur leur site* : « Le matin, démontage du camp, ensuite la marche de 15 à 30 kilomètres selon les étapes, puis le montage du camp sur le nouveau lieu, et enfin la préparation du feu et de la soupe. Le soir est l’occasion de se réunir autour du feu pour des cercles de parole, de musique ou de nourriture. » Le cercle de parole ? « C’est le ciment et le régulateur sur la marche du vivant. Ce jeu est très simple : on s’assoit en cercle pour que tout le monde se voie, chacun parle à son tour et les autres écoutent. » En fait, la technique est un peu plus complexe : un bâton tourne entre les participants, dans le sens des aiguilles d’une montre. Tant qu’on le tient, on parle. Quand on a fini, on le passe à son voisin et, là, on écoute. Une façon imparable de rétablir une forme d’équité entre ceux qui maîtrisent la parole et ceux qui, autrement, la subiraient. Elle n’a pas été mise au point par un psychosociologue d’avant-garde, mais par les tribus indiennes d’Amérique, bien avant qu’elles soient pourchassées par les colons. Mais, comme il n’y a pas de chasse au bison à préparer dans le Lot-et-Garonne, de quoi parle-t-on dans ce fameux cercle ? A priori, ça va de l’organisation de la lessive à celle du cosmos interplanétaire. Pour certaines questions, un tour suffit, pour d’autres, ce sera un peu plus long ; l’essentiel, affirme Alexia, c’est que chacun puisse dire ce qu’il a à dire : « Des fois, on parle de taux vibratoire, d’énergie, de mantras, des fois, on tape sur des tambours en chantant comme les Indiens. Et d’autres fois, on parle du nucléaire, du temps qu’il fait, de Sarko, de la chaussette qu’on a perdue. Bref, on parle de tout, comme vous, je crois, non ? »
Tous les moyens sont bons pour faire chauffer la marmite
Des gens comme tout le monde ? N’exagérons rien. Même dans les mille chapelles de la mouvance alternative, on les regarde parfois de travers ces marcheurs un peu trop terre à terre qui rigolent tout le temps. Et certains militants se sentent gênés au contact de la troupe bigarrée. On les trouve «un peu trop barrés», d’autres n’hésitent pas à parler de secte. Une accusation qu’aucun organisme antisecte ne reprend à son compte, et qui, d’ailleurs, ne fait ni chaud ni froid aux intéressés. Comme me l’explique Patrick, la dissidence, ça dérange : «Le seul point commun à toutes les sectes, c’est le pompage du pognon. Sur la marche, tout ce qu’on m’a demandé, c’est de venir avec le minimum d’argent. C’est peut-être bizarre de marcher et chanter en couleurs, mais c’est moins crétin et moins embrigadant que d’aller au pas cadencé balancer des cocktails Molotov.»
Mais au fait, comment ça marche, sans argent ? Tous les moyens sont bons pour faire chauffer la marmite (végétarienne, ça va sans dire). En forêt, on pratique la cueillette, dans les villages, on donne des spectacles de théâtre. En ville des musiciens de la bande font les terrasses des cafés, pendant que d’autres s’occupent de la récupération à la fin des marchés. Bref, une économie d’autosubsistance bien rodée et qui a tout intérêt à l’être : la prochaine longue marche, prévue pour le 9 septembre 2009, est programmée pour ne jamais s’arrêter…
Marc Sabban
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