Quant à l'oligarchie colombienne et ses liens avec le narcotrafic...
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Quant à l'oligarchie colombienne et ses liens avec le narcotrafic...
L'armée au service du narcotrafic
Miguel Suárez *
Traduction ARLAC
Les scandales criminels successifs auxquels ont été mêlés les sacro-saints appareils de répression de l'oligarchie colombienne les ont placés dans la ligne de mire de la communauté nationale et internationale, qui découvre aujourd'hui que cette armée, décrite comme un modèle de vertu, est l'auteur des actes terroristes les plus retentissants perpétrés dans le pays et toujours mis, par cette armée elle-même, sur le compte des Farc-EP, et que derrière cela se cache son état de serviteur du narcotrafic qu'elle affirme combattre. L'oligarchie colombienne a l'habitude, en se fondant sur ses enquêtes truquées, d'affirmer que ses appareils de répression, en particulier l'armée, sont des plus appréciés par le peuple colombien, ce qui est loin de la réalité.
Il suffit d'observer le comportement des jeunes dans les quartiers populaires, lorsqu'ils remarquent la présence des hommes de l'un quelconque des appareils de répression, plus spécifiquement celle de l'armée et de la police. Ils préfèrent alors, et les adultes aussi, prendre leurs distances et dans la plupart des cas, se cacher.
Si c'est cela "apprécier", alors c'est que la langue a changé de sens à un moment donné, sans que je ne m'en rende compte, parce qu'un tel comportement marque la peur et le mépris, jamais l'appréciation.
Et c'est que le peuple colombien subit, depuis de très nombreuses années, les actes arbitraires commis contre lui par l'oligarchie, au moyen de ses machines de répression ; il connaît très bien le genre d'individus qui composent ces organisations criminelles et les instructions qui leur sont données, à tel point que le terme "police" est un nom qui signifie voyou, délinquant et délateur.
Ce mépris est une réalité qui s'est confirmée avec les années, à mesure que la guerre contre le peuple s'intensifiait, et dans la mesure où le peuple a été désigné, par les politiques de terrorisme d'État, comme l'ennemi à abattre.
Le caractère terroriste et le mépris du peuple pour les appareils de répression étaient fréquemment niés par l'oligarchie colombienne, qui connaissait l'importance des appareils pour son maintien au pouvoir, les organisations délinquantes appelées armée et police jouant un rôle primordial dans la répression.
On compte par centaines les actes délictueux et les assassinats auxquels ont été mêlées ces organisations ; le carnage de la cour suprême de justice, en novembre 1985, et la disparition des employés de la cafétéria, qui en ont été sortis vivants par cette armée criminelle puis assassinés, ont sonné l'alarme quant à la direction prise par cette armée pourrie aujourd'hui au service de la mafia.
Ce carnage a assassiné le pouvoir judiciaire ; les responsables de ces crimes jouissent aujourd'hui de pensions juteuses et ont même été décorés pour leur action criminelle.
L'interaction entre la haute hiérarchie politicienne et les grands chefs du narcotrafic comme Pablo Escobar, Gonzalo Rodríguez Gacha, Gilberto et Miguel Rodríguez, et le fait d'avoir mis l'armée, la police et, en général, tous les organismes répressifs de l'oligarchie au service du narcotrafic a contribué encore davantage à la décomposition de ces organisations criminelles institutionnalisées.
Nombreux ont été les cas où des policiers ou de simples soldats et des officiers subalternes ont été mêlés à des scandales de narcotrafic, et cela pourrait donner à penser que l'infiltration du narcotrafic dans ces appareils répressifs s'arrête là, mais ce n'est pas certain ; c'est en réalité tout le contraire : les hauts commandements de ces appareils de répression sont contaminés jusqu'à la moelle, et aussi bien les policiers que les soldats essaient de copier les méthodes qu'utilisent pour s'enrichir ceux qu'ils appellent "personnes de bien"
Il y a quelques années, on admirait dans les plaines orientales de Colombie la façon dont les camions de l'armée de l'oligarchie colombienne transportaient ouvertement les ingrédients pour l'élaboration de la cocaïne vers le laboratoire connu sous le nom de “Tranquilandia”, où a été trouvé l'hélicoptère de Alberto Uribe Sierra, le père narcotrafiquant de Álvaro Uribe Vélez, ce qui montre la profonde implication des militaires et de l'oligarchie dans le narcotrafic.
Ce qui était un secret pour beaucoup est devenu public en raison des liens de plus en plus effrontés de l'oligarchie et de ses hauts commandements militaires avec les narcotrafiquants.
Un exemple très parlant de l'asservissement des appareils de répression de l'oligarchie colombienne au narcotrafic a été l'affaire du vaisseau amiral de la Marine nationale, le Gloria, dans lequel les Américains du Nord ont trouvé, le 22 juin 1976, un paquet contenant 28,5 kilos de cocaïne.
Plus de cinq personnes liées à l'introduction de la cocaïne à bord du Gloria ont été assassinées et les juges militaires ont fini, à l'issue d'un simulacre de jugement, par absoudre tous les responsables.
Je ne vais pas entrer ici dans les détails de l'affaire de l'avion de celui qui était alors président, Ernesto Samper, avion appartenant à la Force aérienne de cette oligarchie, à bord duquel les Américains du Nord ont trouvé plusieurs kilos de morphine.
Ils sont nombreux les soi-disant hauts commandants de l'oligarchie colombienne ou leurs proches qui se sont trouvés mêlés au narcotrafic.
Un des premiers cas connus, et qui a été très rapidement caché, a été celui du général Miguel Vega Uribe, ministre de la défense à l'époque du carnage du Palais de justice, qui était marié avec une fille de Escrucería Delgado, narcotrafiquant membre du congrès de l'oligarchie colombienne et condamné pour trafic de drogue en Caroline du Nord, aux États-Unis.
Le 5 septembre 1986, le major de l'Armée, Álvaro Gutiérrez Castellanos, a été arrêté avec 80 kilos de cocaïne ; l'un de ceux qui l'accompagnaient dans le camion d l'Armée dans lequel il transportait la drogue, Lucas Ortiz Avendaño, possédait une mitraillette qui lui avait été vendue par l'Industrie militaire, grâce à une recommandation du général Mario Alberto Pineda Gallo, qui devait ensuite être transféré de l'Intendance générale du Commandement des Forces militaires à la base militaire de La Dorada, à Puerto Salgar, où a été célébré l'anniversaire de Gonzalo Rodríguez Gacha, le Mexicain.
Un capitaine de la Police, Yesid Parra Vera, a assuré la protection permanente de Rodríguez Gacha et ordonné une surveillance de sécurité de l'Hôtel départemental, propriété officielle, où sont arrivés ses 50 invités, tous connus comme narcotrafiquants.
Quand Rodríguez Gacha est sorti à cheval pour montrer le cadeau qu'il s'était fait à lui-même -- le cheval Tupac-Amarú, qu'il venait d'acheter pour 800 millions de pesos colombiens, Parra Vera donna l'ordre que l'on ferme les rues et que l'on monte la garde sur le passage du narcotrafiquant.
Un autre ministre de la guerre a été mêlé à un scandale similaire. Il s'agit du général Luis Carlos Camacho Leyva, dont le frère, Roberto Camacho Leyva, a été découvert avec de la cocaïne à bord d'un avion de la Satena, entreprise officielle attachée au Ministère de la Guerre, dont il était le seul passager.
Un autre honorable général mêlé aux cartels de la drogue est Miguel Alfredo Maza Márquez, qui, selon des dénonciations faites en 1989, quand il était directeur du DAS, était au service du Cartel de Cali, raison pour laquelle Pablo Escobar a voulu l'assassiner au moyen d'une bombe.
Le général Oscar Naranjo qui, selon l'oligarchie colombienne, serait le meilleur policier du monde en matière de lutte contre le narcotrafic, et connaîtrait le passé de tous les narcotrafiquants colombiens, ignorait que son frère, Juan David Naranjo, arrêté le 3 mai dernier en Allemagne avec plusieurs kilos de cocaïne, était un narcotrafiquant.
Le général Oscar Naranjo a également été accusé de protéger le narcotrafiquant Wilber Alirio Varela, alias ‘Jabón’, un des chefs du cartel du Nord de la Vallée.
D'après des informations récentes, le général Mario Correa, directeur de l'École supérieure de Guerre où, selon l'oligarchie colombienne, les Farc auraient placé une bombe, est lié à Eduardo Restrepo Victoria, narcotrafiquant connu sous le pseudonyme de ‘El Socio’, membre également du cartel du Nord de la Vallée.
D'autres mafiosos liés aux forces militaires qui me reviennent en mémoire sont le ministre de la guerre de Uribe, Jorge Uribe, qui entretenait des relations charnelles avec une femme arrêtée pour trafic de morphine, et Fernando Botero, fils du maestro Botero, celui des “Gordos”, qui a reçu de l'argent du narcotrafic pour la campagne "Samper Président".
L'un dans l'autre, la liste est si longue qu'il est plus facile de parler de ceux qui n'ont pas eu de lien avec le narcotrafic. Le mélange de narcotrafiquants, de politiciens et de soi-disant entrepreneurs en est maintenant à un point tel que le pourrissement de ceux qui détiennent le pouvoir en Colombie depuis de nombreuses années est de plus en plus avancé et difficile à cacher, et avec le terrorisme d'État qui vient s'y ajouter, la situation est encore pire.
Cette armée de bandits aujourd'hui au service du narcotrafic s'approprie chaque année près de 40% du budget national de la Colombie, soit quelque 17 milliards de dollars ; pour son Plan Colombie, elle s'empare de plus de 11 milliards de dollars, et cette oligarchie annonce maintenant une nouvelle réforme fiscale, pour remettre davantage d'argent à ces bandits, en disant qu'il s'agit de rénover les équipements et les munitions.
Les membres des appareils de répression de l'oligarchie colombienne ne se contentent pas de perpétrer des attentats terroristes, ils volent des chargements de cocaïne, les millions de dollars du Plan Colombie, ils attaquent les banques, séquestrent et volent des milliers de CD copiés, agressent les citoyens ordinaires, et c'est tout juste s'ils ne vont pas jusqu'à dépouiller les voleurs à la tire.
Aux États-Unis, le conseiller de la droite, le journaliste Robert Novak, a écrit dans un article paru dans plusieurs quotidiens du pays que "L'Armée colombienne est l'éléphant que personne ne veut voir", soulignant le pourrissement de celle-ci en raison de ses liens avec les narcotrafiquants et les paramilitaires.
Forrest Hylton, chercheur et historien de l'Université de New York, a publié un livre intitulé “L'Heure infernale en Colombie”, dans lequel il analyse comment on est passé de ce qu'il appelle le “Capitalisme du café” à la “République de la Cocaïne” et la combinaison brutale de terreur, d'expropriation et de pauvreté qui existe aujourd'hui en Colombie.
Hylton dit que l'oligarchie colombienne traditionnelle vit de l'argent du narcotrafic et il souligne les relations qu'elle entretient avec les paramilitaires et les narcotrafiquants, qui ont remplacé l'Église comme allié traditionnel de cette oligarchie.
Les relations de l'oligarchie colombienne et de ses appareils répressifs avec le narcotrafic sont également mises en lumière dans le rapport d'Amnesty International relatif à l'année écoulée (2005), où on lit textuellement : “Pendant ces décennies, la plus grande partie du trafic de cocaïne du pays était entre les mains de deux syndicats de la drogue : le cartel de Medellín et le cartel de Cali. Le commerce de la cocaïne a pénétré au sein de la police, de l'armée, du système judiciaire, des partis politiques et des organes civils de l'État, et a déclenché un bain de sang et de violence qui a affecté tous les niveaux de la société”.
Amnesty International souligne aussi la mise en œuvre d'une stratégie paramilitaire, dans laquelle l'armée est un facteur essentiel, et qui se fonde sur la violation systématique des droits de l'homme et l'imposition d'une domination politique, économique et sociale sur les zones contrôlées par les paramilitaires, thème que Hylton développe également dans son livre.
Les affaires récentes dans lesquelles les militaires, qui ont atteint un stade avance de décomposition, se posent des bombes les uns contre les autres et se disputent les récompenses ou les cadeaux des narcotrafiquants, ont mis au jour ce que l'oligarchie s'est toujours efforcée de cacher, à savoir son pourrissement et celui de ses appareils répressifs, ainsi que l'absence d'appui de la part du peuple pour ces organisations délinquantes, appui sans lequel elle ne pourra jamais vaincre la guérilla qui, à l'en croire, entre comme chez elle dans les bastions militaires tels que le Canton Nord et dans les bastions de narcotrafiquants et de paramilitaires, comme elle vient de le faire à Tierra Adentro, dans le département de Córdoba.
Voilà ce que sont les forces militaires de l'oligarchie colombienne que l'on a voulu nous présenter comme honorables et respectueuses des droits de l'homme, alors que ce ne sont que des organisations délinquantes au service des narcotrafiquants.
http://www.arlac.be/2006/miguelsuarez.htm
(Traduction ARLAC
Directeur de Radio Café Stéreo
www.ajpl.nu/radio
E-mail: info@ajpl.nu
Miguel Suárez *
Traduction ARLAC
Les scandales criminels successifs auxquels ont été mêlés les sacro-saints appareils de répression de l'oligarchie colombienne les ont placés dans la ligne de mire de la communauté nationale et internationale, qui découvre aujourd'hui que cette armée, décrite comme un modèle de vertu, est l'auteur des actes terroristes les plus retentissants perpétrés dans le pays et toujours mis, par cette armée elle-même, sur le compte des Farc-EP, et que derrière cela se cache son état de serviteur du narcotrafic qu'elle affirme combattre. L'oligarchie colombienne a l'habitude, en se fondant sur ses enquêtes truquées, d'affirmer que ses appareils de répression, en particulier l'armée, sont des plus appréciés par le peuple colombien, ce qui est loin de la réalité.
Il suffit d'observer le comportement des jeunes dans les quartiers populaires, lorsqu'ils remarquent la présence des hommes de l'un quelconque des appareils de répression, plus spécifiquement celle de l'armée et de la police. Ils préfèrent alors, et les adultes aussi, prendre leurs distances et dans la plupart des cas, se cacher.
Si c'est cela "apprécier", alors c'est que la langue a changé de sens à un moment donné, sans que je ne m'en rende compte, parce qu'un tel comportement marque la peur et le mépris, jamais l'appréciation.
Et c'est que le peuple colombien subit, depuis de très nombreuses années, les actes arbitraires commis contre lui par l'oligarchie, au moyen de ses machines de répression ; il connaît très bien le genre d'individus qui composent ces organisations criminelles et les instructions qui leur sont données, à tel point que le terme "police" est un nom qui signifie voyou, délinquant et délateur.
Ce mépris est une réalité qui s'est confirmée avec les années, à mesure que la guerre contre le peuple s'intensifiait, et dans la mesure où le peuple a été désigné, par les politiques de terrorisme d'État, comme l'ennemi à abattre.
Le caractère terroriste et le mépris du peuple pour les appareils de répression étaient fréquemment niés par l'oligarchie colombienne, qui connaissait l'importance des appareils pour son maintien au pouvoir, les organisations délinquantes appelées armée et police jouant un rôle primordial dans la répression.
On compte par centaines les actes délictueux et les assassinats auxquels ont été mêlées ces organisations ; le carnage de la cour suprême de justice, en novembre 1985, et la disparition des employés de la cafétéria, qui en ont été sortis vivants par cette armée criminelle puis assassinés, ont sonné l'alarme quant à la direction prise par cette armée pourrie aujourd'hui au service de la mafia.
Ce carnage a assassiné le pouvoir judiciaire ; les responsables de ces crimes jouissent aujourd'hui de pensions juteuses et ont même été décorés pour leur action criminelle.
L'interaction entre la haute hiérarchie politicienne et les grands chefs du narcotrafic comme Pablo Escobar, Gonzalo Rodríguez Gacha, Gilberto et Miguel Rodríguez, et le fait d'avoir mis l'armée, la police et, en général, tous les organismes répressifs de l'oligarchie au service du narcotrafic a contribué encore davantage à la décomposition de ces organisations criminelles institutionnalisées.
Nombreux ont été les cas où des policiers ou de simples soldats et des officiers subalternes ont été mêlés à des scandales de narcotrafic, et cela pourrait donner à penser que l'infiltration du narcotrafic dans ces appareils répressifs s'arrête là, mais ce n'est pas certain ; c'est en réalité tout le contraire : les hauts commandements de ces appareils de répression sont contaminés jusqu'à la moelle, et aussi bien les policiers que les soldats essaient de copier les méthodes qu'utilisent pour s'enrichir ceux qu'ils appellent "personnes de bien"
Il y a quelques années, on admirait dans les plaines orientales de Colombie la façon dont les camions de l'armée de l'oligarchie colombienne transportaient ouvertement les ingrédients pour l'élaboration de la cocaïne vers le laboratoire connu sous le nom de “Tranquilandia”, où a été trouvé l'hélicoptère de Alberto Uribe Sierra, le père narcotrafiquant de Álvaro Uribe Vélez, ce qui montre la profonde implication des militaires et de l'oligarchie dans le narcotrafic.
Ce qui était un secret pour beaucoup est devenu public en raison des liens de plus en plus effrontés de l'oligarchie et de ses hauts commandements militaires avec les narcotrafiquants.
Un exemple très parlant de l'asservissement des appareils de répression de l'oligarchie colombienne au narcotrafic a été l'affaire du vaisseau amiral de la Marine nationale, le Gloria, dans lequel les Américains du Nord ont trouvé, le 22 juin 1976, un paquet contenant 28,5 kilos de cocaïne.
Plus de cinq personnes liées à l'introduction de la cocaïne à bord du Gloria ont été assassinées et les juges militaires ont fini, à l'issue d'un simulacre de jugement, par absoudre tous les responsables.
Je ne vais pas entrer ici dans les détails de l'affaire de l'avion de celui qui était alors président, Ernesto Samper, avion appartenant à la Force aérienne de cette oligarchie, à bord duquel les Américains du Nord ont trouvé plusieurs kilos de morphine.
Ils sont nombreux les soi-disant hauts commandants de l'oligarchie colombienne ou leurs proches qui se sont trouvés mêlés au narcotrafic.
Un des premiers cas connus, et qui a été très rapidement caché, a été celui du général Miguel Vega Uribe, ministre de la défense à l'époque du carnage du Palais de justice, qui était marié avec une fille de Escrucería Delgado, narcotrafiquant membre du congrès de l'oligarchie colombienne et condamné pour trafic de drogue en Caroline du Nord, aux États-Unis.
Le 5 septembre 1986, le major de l'Armée, Álvaro Gutiérrez Castellanos, a été arrêté avec 80 kilos de cocaïne ; l'un de ceux qui l'accompagnaient dans le camion d l'Armée dans lequel il transportait la drogue, Lucas Ortiz Avendaño, possédait une mitraillette qui lui avait été vendue par l'Industrie militaire, grâce à une recommandation du général Mario Alberto Pineda Gallo, qui devait ensuite être transféré de l'Intendance générale du Commandement des Forces militaires à la base militaire de La Dorada, à Puerto Salgar, où a été célébré l'anniversaire de Gonzalo Rodríguez Gacha, le Mexicain.
Un capitaine de la Police, Yesid Parra Vera, a assuré la protection permanente de Rodríguez Gacha et ordonné une surveillance de sécurité de l'Hôtel départemental, propriété officielle, où sont arrivés ses 50 invités, tous connus comme narcotrafiquants.
Quand Rodríguez Gacha est sorti à cheval pour montrer le cadeau qu'il s'était fait à lui-même -- le cheval Tupac-Amarú, qu'il venait d'acheter pour 800 millions de pesos colombiens, Parra Vera donna l'ordre que l'on ferme les rues et que l'on monte la garde sur le passage du narcotrafiquant.
Un autre ministre de la guerre a été mêlé à un scandale similaire. Il s'agit du général Luis Carlos Camacho Leyva, dont le frère, Roberto Camacho Leyva, a été découvert avec de la cocaïne à bord d'un avion de la Satena, entreprise officielle attachée au Ministère de la Guerre, dont il était le seul passager.
Un autre honorable général mêlé aux cartels de la drogue est Miguel Alfredo Maza Márquez, qui, selon des dénonciations faites en 1989, quand il était directeur du DAS, était au service du Cartel de Cali, raison pour laquelle Pablo Escobar a voulu l'assassiner au moyen d'une bombe.
Le général Oscar Naranjo qui, selon l'oligarchie colombienne, serait le meilleur policier du monde en matière de lutte contre le narcotrafic, et connaîtrait le passé de tous les narcotrafiquants colombiens, ignorait que son frère, Juan David Naranjo, arrêté le 3 mai dernier en Allemagne avec plusieurs kilos de cocaïne, était un narcotrafiquant.
Le général Oscar Naranjo a également été accusé de protéger le narcotrafiquant Wilber Alirio Varela, alias ‘Jabón’, un des chefs du cartel du Nord de la Vallée.
D'après des informations récentes, le général Mario Correa, directeur de l'École supérieure de Guerre où, selon l'oligarchie colombienne, les Farc auraient placé une bombe, est lié à Eduardo Restrepo Victoria, narcotrafiquant connu sous le pseudonyme de ‘El Socio’, membre également du cartel du Nord de la Vallée.
D'autres mafiosos liés aux forces militaires qui me reviennent en mémoire sont le ministre de la guerre de Uribe, Jorge Uribe, qui entretenait des relations charnelles avec une femme arrêtée pour trafic de morphine, et Fernando Botero, fils du maestro Botero, celui des “Gordos”, qui a reçu de l'argent du narcotrafic pour la campagne "Samper Président".
L'un dans l'autre, la liste est si longue qu'il est plus facile de parler de ceux qui n'ont pas eu de lien avec le narcotrafic. Le mélange de narcotrafiquants, de politiciens et de soi-disant entrepreneurs en est maintenant à un point tel que le pourrissement de ceux qui détiennent le pouvoir en Colombie depuis de nombreuses années est de plus en plus avancé et difficile à cacher, et avec le terrorisme d'État qui vient s'y ajouter, la situation est encore pire.
Cette armée de bandits aujourd'hui au service du narcotrafic s'approprie chaque année près de 40% du budget national de la Colombie, soit quelque 17 milliards de dollars ; pour son Plan Colombie, elle s'empare de plus de 11 milliards de dollars, et cette oligarchie annonce maintenant une nouvelle réforme fiscale, pour remettre davantage d'argent à ces bandits, en disant qu'il s'agit de rénover les équipements et les munitions.
Les membres des appareils de répression de l'oligarchie colombienne ne se contentent pas de perpétrer des attentats terroristes, ils volent des chargements de cocaïne, les millions de dollars du Plan Colombie, ils attaquent les banques, séquestrent et volent des milliers de CD copiés, agressent les citoyens ordinaires, et c'est tout juste s'ils ne vont pas jusqu'à dépouiller les voleurs à la tire.
Aux États-Unis, le conseiller de la droite, le journaliste Robert Novak, a écrit dans un article paru dans plusieurs quotidiens du pays que "L'Armée colombienne est l'éléphant que personne ne veut voir", soulignant le pourrissement de celle-ci en raison de ses liens avec les narcotrafiquants et les paramilitaires.
Forrest Hylton, chercheur et historien de l'Université de New York, a publié un livre intitulé “L'Heure infernale en Colombie”, dans lequel il analyse comment on est passé de ce qu'il appelle le “Capitalisme du café” à la “République de la Cocaïne” et la combinaison brutale de terreur, d'expropriation et de pauvreté qui existe aujourd'hui en Colombie.
Hylton dit que l'oligarchie colombienne traditionnelle vit de l'argent du narcotrafic et il souligne les relations qu'elle entretient avec les paramilitaires et les narcotrafiquants, qui ont remplacé l'Église comme allié traditionnel de cette oligarchie.
Les relations de l'oligarchie colombienne et de ses appareils répressifs avec le narcotrafic sont également mises en lumière dans le rapport d'Amnesty International relatif à l'année écoulée (2005), où on lit textuellement : “Pendant ces décennies, la plus grande partie du trafic de cocaïne du pays était entre les mains de deux syndicats de la drogue : le cartel de Medellín et le cartel de Cali. Le commerce de la cocaïne a pénétré au sein de la police, de l'armée, du système judiciaire, des partis politiques et des organes civils de l'État, et a déclenché un bain de sang et de violence qui a affecté tous les niveaux de la société”.
Amnesty International souligne aussi la mise en œuvre d'une stratégie paramilitaire, dans laquelle l'armée est un facteur essentiel, et qui se fonde sur la violation systématique des droits de l'homme et l'imposition d'une domination politique, économique et sociale sur les zones contrôlées par les paramilitaires, thème que Hylton développe également dans son livre.
Les affaires récentes dans lesquelles les militaires, qui ont atteint un stade avance de décomposition, se posent des bombes les uns contre les autres et se disputent les récompenses ou les cadeaux des narcotrafiquants, ont mis au jour ce que l'oligarchie s'est toujours efforcée de cacher, à savoir son pourrissement et celui de ses appareils répressifs, ainsi que l'absence d'appui de la part du peuple pour ces organisations délinquantes, appui sans lequel elle ne pourra jamais vaincre la guérilla qui, à l'en croire, entre comme chez elle dans les bastions militaires tels que le Canton Nord et dans les bastions de narcotrafiquants et de paramilitaires, comme elle vient de le faire à Tierra Adentro, dans le département de Córdoba.
Voilà ce que sont les forces militaires de l'oligarchie colombienne que l'on a voulu nous présenter comme honorables et respectueuses des droits de l'homme, alors que ce ne sont que des organisations délinquantes au service des narcotrafiquants.
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