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Olmert, Obama, l’Europe, Gaza et Israël

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Olmert, Obama, l’Europe, Gaza et Israël Empty Olmert, Obama, l’Europe, Gaza et Israël

Message par avec-amour-et-paix Dim 7 Déc - 11:21

Olmert, Obama, l’Europe, Gaza et Israël
C’est une opinion courageuse qui mérite d’être signalée et débattue. Publiée par le journaliste Roger Cohen dans l’International Herald Tribune, elle interpelle directement la future administration Obama quant à ce que sera sa politique vis-à-vis d’Israël (1).
Que dit Cohen ? Il rappelle simplement les propos tenus par le Premier ministre sortant Ehud Olmert dans les colonnes du quotidien Yedioth Ahronoth en septembre dernier. Dans un mea-culpa qui est largement passé inaperçu en Occident mais qui vient d’être repris par The New York Review of Books, Olmert a reconnu que l’actuelle suprématie militaire d’Israël ne la délivrerait pas de ses angoisses existentielles.

« Nous devons parvenir à un accord avec les Palestiniens, a-t-il expliqué. Cela implique un retrait majeur, pour ne pas dire total, des Territoires [occupés]. Un pourcentage de ces Territoires demeurera entre nos mains mais il faudra en compenser l’équivalent. A défaut, il n’y aura pas de paix ». Olmert s’est dit aussi convaincu qu’un accord de paix avec la Syrie passe nécessairement par une restitution du Plateau du Golan. Surprenant n’est-ce pas ? On peut néanmoins regretter qu’Ehud Olmert ait attendu d’être mis à la porte du gouvernement pour rendre publique cette position. De même, les partisans d’Israël qui sont opposés à tout compromis avec les Palestiniens auront beau jeu de rappeler que le Premier ministre sortant est officiellement accusé de corruption, ce qui entache fatalement son plaidoyer.

Il n’empêche. Pour Roger Cohen, Barack Obama devrait lire les propos d’Olmert en imaginant qu’ils lui sont implicitement adressés. La conclusion logique, estime le journaliste, serait que le président américain comprenne que les Etats-Unis ont eu tort « de signer un chèque en blanc » à Israël au cours de ces dernières années. Et l’extrapolation des propos d’Olmert en une adresse à Obama pourrait être la suivante : « Les Etats-Unis ont eu tort de détourner les yeux face aux implantations en Cisjordanie ; ils ont eu tort de ne pas être plus explicites quant à la nécessité de diviser Jérusalem ; ils ont eu tort d’équiper Israël avec un armement tellement sophistiqué que les Israéliens considèrent désormais que la réponse militaire est la réponse à tous leurs problèmes ».

Cet article de Cohen n’est pas anodin. Il a été publié au lendemain de l’annonce de la nomination d’Hillary Clinton au poste de Secrétaire d’Etat, l’équivalent américain de ministre des Affaires étrangères. Il est de notoriété publique que la sénatrice de l’Etat de New York est une fervente alliée d’Israël comme en témoignent nombre de ses propos durant la campagne des primaires où elle a notamment déclaré, que les Etats-Unis seraient pour toujours aux côtés de l’Etat hébreu. Et c’est bien là où le bât blesse. Il est évident que rien ne changera au Proche-Orient si les Etats-Unis n’apprennent pas à dire non à Israël et à contraindre ses dirigeants à respecter la légalité internationale. Dès lors, on attend de savoir si la politique américaine dans la région va évoluer sous l’impulsion de la nouvelle présidence. Durant la conférence de presse où il a présenté son Conseil national de sécurité - dont fait justement partie Hillary Clinton -, Barack Obama a bien précisé qu’il n’attendait certes pas d’unanimisme de la part de ses ministres mais qu’il serait bel et bien le patron et donc le décideur en dernier ressort.

Toute indulgence américaine vis-à-vis du comportement inadmissible des Israéliens à l’égard des Palestiniens aura des conséquences catastrophiques pour ces derniers qui n’ont désormais ni alliés ni protecteurs. Les pays arabes sont depuis longtemps hors du coup, à commencer par ceux du Golfe qui semblent bien plus préoccupés de jouer le rôle de centre de loisir mondial. Quant à l’Europe, elle n’en finit pas de se disqualifier malgré le fait qu’elle a longtemps été le dernier rempart pour défendre la dignité d’un peuple privé de sa terre et sans cesse humilié.

Voilà plusieurs semaines que Gaza est complètement bouclée et que la situation humanitaire y est désastreuse. Que dit l’Europe ? Rien ou presque. Elle envoie bien ses représentants diplomatiques sur place mais ces derniers ne sont pas toujours autorisés à rentrer dans Gaza. Toujours prompt à gonfler le biceps, Nicolas Sarkozy, président en exercice de l’Union européenne, se garde bien de protester y compris quand un consul de France est séquestré une dizaine d’heures à un poste-frontière israélien. Mais il y a plus grave. Ce jeudi 4 décembre, les députés européens s’apprêtent à ratifier une proposition de la Commission européenne et du Conseil européen pour permettre à Israël d’accéder aux programmes communautaires en matière de recherche scientifique, académique et technique.

C’est une nouvelle preuve de l’évolution sensible de l’Europe en faveur d’Israël. Cela démontre aussi que le lobbying intensif mené par les acteurs pro-israéliens à Bruxelles et à Strasbourg commence à porter ses fruits à l’heure où les diplomaties arabes sont aux abonnés absents et que plus personne ou presque ne prend au sérieux l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Etre ferme avec Israël, ne rien lui concéder tant que les Palestiniens n’auront pas recouvré leurs droits est le minimum que l’on attend de l’Europe. Ehud Olmert, comme tant d’autres intellectuels israéliens dont Avraham Burg, savent que la suprématie militaire de leur pays lui procure une ivresse dangereuse. Une ivresse qui n’effacera pas la compromission morale de leur nation pas plus qu’elle ne lui garantit un avenir inéluctablement radieux. Mais en attendant, ce sont les Palestiniens qui souffrent, surtout ceux de Gaza que le monde a abandonnés à leur blocus inhumain.

Nous sommes tous responsables de ce qui se passe là-bas. Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas. Les faits sont là, connus de tous : c’est tout un peuple qui est encagé et menacé de réification. Interpeller nos dirigeants pour qu’ils agissent contre ce scandale est la moindre des choses que nous puissions faire. Plus que jamais, les Palestiniens ont besoin d’aide en attendant, même si l’espoir est ténu, que l’Amérique d’Obama prenne enfin ses responsabilités.

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