Encore une année à méduses

par **valou** Dim 22 Juin - 22:05

Pour la huitième année d'affilée, les côtes du Midi subissent une arrivée massive de méduses. Une invasion due au réchauffement climatique mais aussi à la surpêche de leurs prédateurs, comme les thons.

ELLES REVIENNENT. Comme chaque été depuis huit ans, la Côte d'Azur est à nouveau victime d'un afflux de méduses. « Nous en avions déjà observé beaucoup cet hiver et, il y a deux semaines, j'en ai compté une dizaine par mètre carré pendant deux ou trois jours près de l'île des Embiez », témoigne Patrick Lelong, biologiste marin et conservateur de l'Institut océanographique Paul-Ricard, à Marseille.

« J'étais en mer il y a deux semaines entre la Corse et le continent, et j'ai traversé pendant plusieurs heures des zones immenses où l'on pouvait compter une soixantaine de méduses à la minute », confirme Denis Ody, responsable du pôle océan au Fonds mondial pour la nature (WWF), lui aussi à Marseille.

« Ce n'est pas encore l'invasion comme en 2006 mais on en voit depuis un mois en surface et près du rivage par groupes de dix ou vingt », ajoute Pascale Vaillant, maire adjointe à l'environnement à la mairie de Cannes, qui va déployer à partir du 1er juillet des filets antiméduses sur deux de ses plages principales.

C'est la fréquence de l'apparition de ces animaux marins dans le Bassin méditerranéen qui intrigue les scientifiques. Des observations réalisées sur deux siècles ont établi que l'espèce apparaît généralement tous les douze ans et ne reste en moyenne que cinq ou six ans sur son lieu de séjour estival. Or, c'est la huitième année d'affilée que les méduses sont observées près des côtes du sud-est de la France, mais aussi dans de nombreux endroits du globe.

Une mer plus chaude

« Leurs populations explosent partout, affirme Jacqueline Goy, de l'Institut océanographique de Paris. Une année, près de Marseille, j'en ai observé en mer sur deux ou trois mètres d'épaisseur. » Une augmentation qu'elle explique par la hausse des températures en Méditerranée, dont l'eau « a gagné plus d'un degré en moyenne depuis trois ans ». Ce qui favorise l'acclimatation et la reproduction des méduses.

Autre origine du phénomène : la pêche excessive de certains prédateurs comme les thons, les tortues ou les requins, grands consommateurs de méduses. « Certaines espèces comme les sardines ou l'anchois consomment également leurs larves, reprend Denis Ody. Mais à cause de la surpêche, le nombre de petits poissons se raréfie et les méduses se reproduisent donc plus facilement. Arrivées à l'âge adulte, elles consomment les larves des petits poissons. L'homme est la cause de ce déséquilibre dans la nature. » « Si on augmente les quotas de pêche au thon, il ne faudra pas s'étonner d'avoir plus de méduses près de nos côtes, souligne Jacqueline Goy. Il faudra choisir : soit on favorise les pêcheurs soit on lèse les baigneurs. »