Quand les fonds souverains joueront les Boss
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Quand les fonds souverains joueront les Boss
Quand les fonds souverains joueront les Boss
En 2006, Charles Schumer, le très puissant sénateur de New York menait la lutte contre la Dubaï Port World qui avait émis la volonté de se porter acquéreur de six installations portuaires américaines.
L’opinion publique aux Etats-Unis s’était émue : une compagnie arabe en mesure de contrôler l’accès sur le territoire national ? Ce ne pouvait être "qu’une brèche ouverte aux terroristes".
Le deal ne s’était pas fait.
Deux ans plus tard : changement de cap. Schumer, qui est proche des grands groupes de Wall Street et siège dans les principales commissions financières du Sénat, œuvre désormais en faveur des fonds d’investissements arabes maintenant sollicités pour investir dans les banques américaines.
Ces fonds, qui disposent au total de quelques 2,800 milliards de dollars, sont en effet les seuls à pouvoir venir à la rescousse des établissements américains dont la survie est menacée par l’effondrement de leurs acrobatiques montages financiers basés sur les emprunts immobilier.
La catastrophe financière potentielle a changé le regard du sénateur qui se soucie donc moins de nationalisme : "Que dirait l’Américain moyen si Citigroup avait à choisir entre faire appel à des investissements étrangers ou licencier 10,000 employés?".
Le premier groupe bancaire américain fait massivement appel aux fonds souverains.
Depuis l’automne dernier, il a ainsi levé 22,5 milliards de dollars dont 6,88 milliards de Temasek, le fonds d’investissement de Singapour et 7,5 milliards de l’Autorité pour les investissements d’Abou Dhabi (ADIA).
Une goutte d’eau pour l’ADIA, ce très discret établissement qui ne communique pas, ne rend de compte qu’à la famille princière qui règne sur l’émirat et aurait à sa disposition entre 650 et 700 milliards de dollars.
Les fonds souverains, dont les ressources déjà considérables s’accroissent au rythme de l’augmentation du prix du pétrole et des déficits de la balance commerciale des pays occidentaux, multiplient discrètement leurs investissements aux Etats-Unis.
Selon The Wall Street Journal, ils ont ainsi investi en à peine un an plus de 37 milliards de dollars dans les seuls établissements financiers américains.
Cette infusion massive ne provoque guère de réactions dans l’opinion publique américaine.
Les milieux financiers et politiques tiennent à cette discrétion : ces investissements constituent la bouée de sauvetage dont ils ont absolument besoin même si, en privé, ils s’inquiètent des conséquences futures.
Quel usage ces fonds feront-ils du pouvoir acquis dans ces établissements qui sont les moteur de l’économie américaine et européenne ?
Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor américain et économiste de renom, a discrètement exprimé ce souci lors du sommet économique de Davos. Il a demandé que les gouvernements dont dépendent ces fonds souverains signent un code de bonne conduite garantissant la transparence de leurs activités.
Le message est répété depuis avec une insistance grandissante notamment par Hank Paulson, l’actuel ministre des finances américains.
José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, a aussi déclaré la semaine dernière que Bruxelles n’autoriserait pas que ces fonds "soit gérés d’une manière opaque ou utilisés pour mettre en œuvre une stratégie géopolitique".
Mais les Etats-Unis et de l’Europe sont dans une position de faiblesse et peuvent être facilement accusés de double standard.
Washington s’était jusqu’alors opposé, au nom du libéralisme, à toute réglementation financière contraignante notamment des fonds spéculatifs de New York ou de Londres.
Et c’est ce manque de contrôle qui est à l’origine de la crise financière qui menace aujourd’hui l’économie mondiale.
Pendant ce temps, les réserves des fonds souverains ne font que s’accumuler.
Morgan Stanley estime que leur total actuel (2,800 milliard de dollars), pourrait atteindre 12.000 milliards en 2015.
Une somme énorme, certes, mais dont ces pays ont l’entière propriété. Il n’y a pas de base diplomatique ou juridique, et sans doute très peu de moyens pratiques, de les empêcher d’en faire l’usage qu’ils veulent.
Les pays occidentaux ne peuvent qu’espérer que ces pays en marche vers la dominance financière ne les traiteront pas plus mal maintenant qu’ils ne les avaient eux-mêmes traités lorsque c’était eux qui dominaient le monde.
Par Bernard Estrade
www.geopolitique.com/be
Quand les fonds souverains joueront les Boss
En 2006, Charles Schumer, le très puissant sénateur de New York menait la lutte contre la Dubaï Port World qui avait émis la volonté de se porter acquéreur de six installations portuaires américaines.
L’opinion publique aux Etats-Unis s’était émue : une compagnie arabe en mesure de contrôler l’accès sur le territoire national ? Ce ne pouvait être "qu’une brèche ouverte aux terroristes".
Le deal ne s’était pas fait.
Deux ans plus tard : changement de cap. Schumer, qui est proche des grands groupes de Wall Street et siège dans les principales commissions financières du Sénat, œuvre désormais en faveur des fonds d’investissements arabes maintenant sollicités pour investir dans les banques américaines.
Ces fonds, qui disposent au total de quelques 2,800 milliards de dollars, sont en effet les seuls à pouvoir venir à la rescousse des établissements américains dont la survie est menacée par l’effondrement de leurs acrobatiques montages financiers basés sur les emprunts immobilier.
La catastrophe financière potentielle a changé le regard du sénateur qui se soucie donc moins de nationalisme : "Que dirait l’Américain moyen si Citigroup avait à choisir entre faire appel à des investissements étrangers ou licencier 10,000 employés?".
Le premier groupe bancaire américain fait massivement appel aux fonds souverains.
Depuis l’automne dernier, il a ainsi levé 22,5 milliards de dollars dont 6,88 milliards de Temasek, le fonds d’investissement de Singapour et 7,5 milliards de l’Autorité pour les investissements d’Abou Dhabi (ADIA).
Une goutte d’eau pour l’ADIA, ce très discret établissement qui ne communique pas, ne rend de compte qu’à la famille princière qui règne sur l’émirat et aurait à sa disposition entre 650 et 700 milliards de dollars.
Les fonds souverains, dont les ressources déjà considérables s’accroissent au rythme de l’augmentation du prix du pétrole et des déficits de la balance commerciale des pays occidentaux, multiplient discrètement leurs investissements aux Etats-Unis.
Selon The Wall Street Journal, ils ont ainsi investi en à peine un an plus de 37 milliards de dollars dans les seuls établissements financiers américains.
Cette infusion massive ne provoque guère de réactions dans l’opinion publique américaine.
Les milieux financiers et politiques tiennent à cette discrétion : ces investissements constituent la bouée de sauvetage dont ils ont absolument besoin même si, en privé, ils s’inquiètent des conséquences futures.
Quel usage ces fonds feront-ils du pouvoir acquis dans ces établissements qui sont les moteur de l’économie américaine et européenne ?
Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor américain et économiste de renom, a discrètement exprimé ce souci lors du sommet économique de Davos. Il a demandé que les gouvernements dont dépendent ces fonds souverains signent un code de bonne conduite garantissant la transparence de leurs activités.
Le message est répété depuis avec une insistance grandissante notamment par Hank Paulson, l’actuel ministre des finances américains.
José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, a aussi déclaré la semaine dernière que Bruxelles n’autoriserait pas que ces fonds "soit gérés d’une manière opaque ou utilisés pour mettre en œuvre une stratégie géopolitique".
Mais les Etats-Unis et de l’Europe sont dans une position de faiblesse et peuvent être facilement accusés de double standard.
Washington s’était jusqu’alors opposé, au nom du libéralisme, à toute réglementation financière contraignante notamment des fonds spéculatifs de New York ou de Londres.
Et c’est ce manque de contrôle qui est à l’origine de la crise financière qui menace aujourd’hui l’économie mondiale.
Pendant ce temps, les réserves des fonds souverains ne font que s’accumuler.
Morgan Stanley estime que leur total actuel (2,800 milliard de dollars), pourrait atteindre 12.000 milliards en 2015.
Une somme énorme, certes, mais dont ces pays ont l’entière propriété. Il n’y a pas de base diplomatique ou juridique, et sans doute très peu de moyens pratiques, de les empêcher d’en faire l’usage qu’ils veulent.
Les pays occidentaux ne peuvent qu’espérer que ces pays en marche vers la dominance financière ne les traiteront pas plus mal maintenant qu’ils ne les avaient eux-mêmes traités lorsque c’était eux qui dominaient le monde.
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