MEXIQUE: narcotrafic, crimes, mégalomanie, psychose et terreur (Rue89)
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MEXIQUE: narcotrafic, crimes, mégalomanie, psychose et terreur (Rue89)
MEXIQUE: narcotrafic, crimes, mégalomanie, psychose et terreur (Rue89)
"Terreur et psychose" à Culiacán, chez les seigneurs de la drogue
(De Los Angeles) Edgar Guzman, le fils du parrain le plus puissant du Mexique, est mort. Descendu par une volée de balles alors qu’il sortait de sa voiture, une camionnette noire blindée aux vitres polarisées, de celles qu’affectionnent les narcotrafiquants.
Il venait de garer le véhicule sur le parking du Forum, le centre commercial ultra ostentatoire de Culiacán, la capitale de l’Etat du Sinaloa, terre natale et ancestrale des seigneurs de la drogue les plus légendaires et terrifiants du Mexique.
J’écris aujourd’hui ce blog de Redondo Beach [un quartier de Los Angeles, ndlr]. La dernière fois que j’ai parlé de Tijuana et de la violence, un lecteur m’a reproché de le faire d’ici plutôt que de là-bas. Mais je connais Culiacán (et encore mieux Tijuana). J’y ai passé dix jours en juillet. Parfois de psychose. Je peux donc décrire.
J’ai déjeuné, puis fait du shopping au Forum parce qu’un écrivain local spécialiste du narcotrafic, Elmer Mendoza, m’avait la veille conseillé d’aller visiter ce monument érigé à la gloire du luxe tapageur, ce veau d’or qui en dit des tonnes sur les profits générés par le trafic au Sinaloa et le pouvoir immense des narcos.
Les femmes de trafiquants se déplacent avec un air d'invulnérabilité
Je n’avais pas été déçue. C’est là que les "narcas" (femmes de narcos) tuent le temps et les fortunes dont elles ne savent que faire. Des Sinaloans avisés m’ont appris à reconnaître les narcas. Ce n’est pas très difficile. Elles sont couvertes de bijoux et d’accessoires de marque, trop maquillées, pas assez vêtues, en général très belles.
Elles se déplacent avec un air de puissance et d’invulnérabilité qui a l’air de dire "ne me cherchez surtout pas de noises, mon homme est un dangereux narco, il peut vous descendre si ça me fait plaisir". Au Sinaloa, et dans le reste du Mexique d’ailleurs, il en faut de moins en moins pour passer de vie à trépas.
Dans l’un de ses multiples repaires, Joaquin "El Chapo" ("le petit") Guzman Loera, doit pleurer son fils. Ces hommes-là ont beau être capables d’une cruauté inouïe, ils sont très attachés à leur famille. (Et aussi, d’ailleurs, à l’église. Ils vont à la messe, baptisent leurs enfants, suivent tous les rituels.)
Nul ne sait quand et comment il enterrera son fils. C’est peut-être déjà fait. L’un des hommes les plus traqués de la planète (enfin, c’est ce qu’on dit, mais il est aperçu régulièrement dans les endroits publics) change de portable après chaque conversation et de lit chaque nuit.
Ce qui ne l’a pas empêché, en juillet, de se marier dans un village isolé de l’état de Durango et d’inviter à ses noces délirantes (les troisièmes) hommes d’église, hommes de lois et notables du Sinaloa, qui ont tous nié avoir été présents. Tout ce beau monde est arrivé en avions privés, qui se sont posés les uns après les autres sur une piste clandestine.
L'offensive de l'Etat contre le trafic a provoqué une flambée de violence
El Chapo est engagé dans une guerre sans merci avec le gouvernement de Felipe Calderon, qui depuis sa prise de pouvoir il y a seize mois, a envoyé plus de 25 000 soldats dans les points chauds du Mexique pour combattre le narcotrafic.
Depuis, les cartels sont enragés. Calderon a beau claironner que la réponse ultra violente des narcotrafiquants prouve l’efficacité de sa politique, les Mexicains, eux, ne voient qu’une chose: un paroxysme insupportable de tueries.
De plus, les cartels s’entretuent pour le contrôle des routes vers le nord, où les drogues sont consommées. La fédération, créée l’an dernier au cours de sept réunions clandestines des plus importants parrains pour un partage pacifique du territoire, a fait long feu. Les bains de sang ne sont pas bons pour les affaires, avaient-ils pourtant décidé.
"Agents fédéraux de paille, vous êtes sur le territoire d’Arturo Beltran."
Aujourd’hui, la guerre est totale. La semaine dernière, le chef de la police féderale, Edgar Millan, était assassiné chez lui par un tueur embusqué dans son appartement de Mexico (dont il avait les clés).
Quelques jours plus tard, c’était au tour de Juan Antonio Roman Garcia, le chef de la police municipale de Cuidad Juarez, d’être criblé de balles devant sa maison. La liste des victimes est bien trop longue pour être donnée ici.
Pendant ce temps, Felipe Calderon continue d’envoyer des troupes. Plusieurs milliers de soldats viennent d’arriver à Culiacán. Ils ont été accueillis par des bannières menaçantes: "Soldats de plomb, agents fédéraux de paille, vous êtes sur le territoire d’Arturo Beltran."
Arturo Beltran Leyva est l’un des dirigeants du cartel de Sinaloa. Avant l’arrivée des troupes, le quotidien El Universal titrait en Une la semaine dernière: "Terreur et psychose au Sinaloa." J’ai beau être à Redondo Beach, je comprends si bien de quoi il parle!
Photo: un bijou en forme de feuille de cannabis dans une boutique de Culiacán (Tomas Bravo/Reuters).
(Prochain épisode: l’état de la route reliant Tijuana à Ensenada, en Baja California.)
* Par Armelle Vincent 18H05 15/05/2008
"Terreur et psychose" à Culiacán, chez les seigneurs de la drogue
(De Los Angeles) Edgar Guzman, le fils du parrain le plus puissant du Mexique, est mort. Descendu par une volée de balles alors qu’il sortait de sa voiture, une camionnette noire blindée aux vitres polarisées, de celles qu’affectionnent les narcotrafiquants.
Il venait de garer le véhicule sur le parking du Forum, le centre commercial ultra ostentatoire de Culiacán, la capitale de l’Etat du Sinaloa, terre natale et ancestrale des seigneurs de la drogue les plus légendaires et terrifiants du Mexique.
J’écris aujourd’hui ce blog de Redondo Beach [un quartier de Los Angeles, ndlr]. La dernière fois que j’ai parlé de Tijuana et de la violence, un lecteur m’a reproché de le faire d’ici plutôt que de là-bas. Mais je connais Culiacán (et encore mieux Tijuana). J’y ai passé dix jours en juillet. Parfois de psychose. Je peux donc décrire.
J’ai déjeuné, puis fait du shopping au Forum parce qu’un écrivain local spécialiste du narcotrafic, Elmer Mendoza, m’avait la veille conseillé d’aller visiter ce monument érigé à la gloire du luxe tapageur, ce veau d’or qui en dit des tonnes sur les profits générés par le trafic au Sinaloa et le pouvoir immense des narcos.
Les femmes de trafiquants se déplacent avec un air d'invulnérabilité
Je n’avais pas été déçue. C’est là que les "narcas" (femmes de narcos) tuent le temps et les fortunes dont elles ne savent que faire. Des Sinaloans avisés m’ont appris à reconnaître les narcas. Ce n’est pas très difficile. Elles sont couvertes de bijoux et d’accessoires de marque, trop maquillées, pas assez vêtues, en général très belles.
Elles se déplacent avec un air de puissance et d’invulnérabilité qui a l’air de dire "ne me cherchez surtout pas de noises, mon homme est un dangereux narco, il peut vous descendre si ça me fait plaisir". Au Sinaloa, et dans le reste du Mexique d’ailleurs, il en faut de moins en moins pour passer de vie à trépas.
Dans l’un de ses multiples repaires, Joaquin "El Chapo" ("le petit") Guzman Loera, doit pleurer son fils. Ces hommes-là ont beau être capables d’une cruauté inouïe, ils sont très attachés à leur famille. (Et aussi, d’ailleurs, à l’église. Ils vont à la messe, baptisent leurs enfants, suivent tous les rituels.)
Nul ne sait quand et comment il enterrera son fils. C’est peut-être déjà fait. L’un des hommes les plus traqués de la planète (enfin, c’est ce qu’on dit, mais il est aperçu régulièrement dans les endroits publics) change de portable après chaque conversation et de lit chaque nuit.
Ce qui ne l’a pas empêché, en juillet, de se marier dans un village isolé de l’état de Durango et d’inviter à ses noces délirantes (les troisièmes) hommes d’église, hommes de lois et notables du Sinaloa, qui ont tous nié avoir été présents. Tout ce beau monde est arrivé en avions privés, qui se sont posés les uns après les autres sur une piste clandestine.
L'offensive de l'Etat contre le trafic a provoqué une flambée de violence
El Chapo est engagé dans une guerre sans merci avec le gouvernement de Felipe Calderon, qui depuis sa prise de pouvoir il y a seize mois, a envoyé plus de 25 000 soldats dans les points chauds du Mexique pour combattre le narcotrafic.
Depuis, les cartels sont enragés. Calderon a beau claironner que la réponse ultra violente des narcotrafiquants prouve l’efficacité de sa politique, les Mexicains, eux, ne voient qu’une chose: un paroxysme insupportable de tueries.
De plus, les cartels s’entretuent pour le contrôle des routes vers le nord, où les drogues sont consommées. La fédération, créée l’an dernier au cours de sept réunions clandestines des plus importants parrains pour un partage pacifique du territoire, a fait long feu. Les bains de sang ne sont pas bons pour les affaires, avaient-ils pourtant décidé.
"Agents fédéraux de paille, vous êtes sur le territoire d’Arturo Beltran."
Aujourd’hui, la guerre est totale. La semaine dernière, le chef de la police féderale, Edgar Millan, était assassiné chez lui par un tueur embusqué dans son appartement de Mexico (dont il avait les clés).
Quelques jours plus tard, c’était au tour de Juan Antonio Roman Garcia, le chef de la police municipale de Cuidad Juarez, d’être criblé de balles devant sa maison. La liste des victimes est bien trop longue pour être donnée ici.
Pendant ce temps, Felipe Calderon continue d’envoyer des troupes. Plusieurs milliers de soldats viennent d’arriver à Culiacán. Ils ont été accueillis par des bannières menaçantes: "Soldats de plomb, agents fédéraux de paille, vous êtes sur le territoire d’Arturo Beltran."
Arturo Beltran Leyva est l’un des dirigeants du cartel de Sinaloa. Avant l’arrivée des troupes, le quotidien El Universal titrait en Une la semaine dernière: "Terreur et psychose au Sinaloa." J’ai beau être à Redondo Beach, je comprends si bien de quoi il parle!
Photo: un bijou en forme de feuille de cannabis dans une boutique de Culiacán (Tomas Bravo/Reuters).
(Prochain épisode: l’état de la route reliant Tijuana à Ensenada, en Baja California.)
* Par Armelle Vincent 18H05 15/05/2008
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