Les dessous des manifs
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Les dessous des manifs
Les dessous des manifs
Derrière les lycéens, les syndicats d’enseignants. Et certains de leurs responsables qui voudraient faire durer le mouvement.
C’est un communiqué sur les retraites diffusé la semaine dernière en marge des manifestations lycéennes. Ses signataires se disent attachés à « des retraites de haut niveau financées par un système de répartition ». Ils exigent que « les années d’études et la période d’insertion des jeunes » soient prises en compte dans le calcul de leurs pensions.
Les lycéens français sont-ils si vieux qu’ils s’inquiètent déjà pour leurs retraites ? L’UNL (Union nationale lycéenne) et la Fidl (Fédération indépendante et démocratique lycéenne), les deux organisations qui prétendent les représenter, récusent évidemment tout soupçon de manipulation. Qu’elles soient l’une et l’autre liées à deux factions plus ou moins rivales du PS n’aurait aucune importance. Que Force ouvrière et la CGT aient signé, comme elles, ce communiqué ne signifie rien non plus. Que Gérard Aschieri, le “patron” de la puissante FSU, s’agite pour mobiliser ses troupes n’est qu’une coïncidence : les lycéens décideraient de leurs actions sans arrière-pensées ni parti pris.
À qui le fera-t-on croire ? La lecture des tracts distribués à la porte des lycées par les militants des Jeunes socialistes ou communistes ne laisse aucun doute sur l’identité de leurs rédacteurs : les revendications lycéennes recoupent mot pour mot celles des syndicats de l’Éducation. Pour preuve, les références incessantes au rapport Pochard sur la redéfinition du métier d’enseignant. « Une vraie provocation », affirmait récemment le Snes, pour qui ces propositions aggraveraient la charge de travail des enseignants et leur « soumission » aux proviseurs. Les “lycéens” dénoncent en écho la « précarisation des profs et des personnels » et l’« autonomie » des établissements qui déboucherait, concluent-ils, sur la privatisation de l’éducation nationale.
Les tracts rédigés par les disciples d’Olivier Besancenot sont à peine plus outranciers : « la loi de la concurrence » régira l’école, « ce sera la guerre pour obtenir les meilleurs profs ». Pas d’autres moyens pour lutter contre l’offensive sarkozyste que de créer un nouveau parti chargé de « préparer un changement révolutionnaire de la société ».Pour la gauche, les manifestations de lycéens et d’étudiants ont toujours été l’occasion de recruter de nouveaux adhérents.
C’est précisément ce qui pourrait faire durer un mouvement pourtant beaucoup moins suivi qu’on ne l’a dit : la province a peu mobilisé pendant les vacances des lycéens parisiens, et l’on comptait bon nombre d’adultes dans ces maigres cortèges, dont de nombreux syndicalistes. La partie qui se joue n’a plus qu’un lointain rapport avec l’école.
Des deux organisations lycéennes, la Fidl paraît la plus ouverte à la discussion. Ses revendications portent surtout sur le maintien du nombre d’enseignants en banlieue. Il est prévu de ne pas remplacer cette année 11 200 postes dans l’éducation nationale, pour l’essentiel dans le second degré qui a déjà perdu 145 000 élèves en trois ans.Comme ces suppressions seront en partie compensées par des heures supplémentaires, cette mesure n’affectera pas le taux d’encadrement des lycéens.
Qu’en sera-t-il dans les établissements de banlieue ? Le gouvernement ne devrait en supprimer qu’« un minimum ». Xavier Darcos en discute avec Fadela Amara, qui dit n’être « pas inquiète ».Un soutien d’autant plus important qu’Amara a présidé l’association Ni putes ni sou- mises, dont les militants de la Fidl ont toujours été proches. La secrétaire d’État à politique de la Ville a d’ailleurs assisté au congrès de cette organisation lycéenne, où elle est allée présenter les grandes lignes de son plan Espoir banlieues, en février.
En revanche, l’autre “syndicat” lycéen, l’UNL, ne cesse de surenchérir. Pour des raisons très politiques. Créée en 1994, lors des manifestations contre le CIP, l’UNL est en effet très liée aux étudiants de l’Unef, qui contestaient l’an dernier la réforme sur l’autonomie des universités et voient dans ce mouvement lycéen une nouvelle occasion de combattre le gouvernement.
Depuis toujours, l’Unef est ellemême en étroite relation avec le Syndicat des enseignants de l’Unsa (l’ex-Fen) : elle lui fournit nombre de ses militants et de ses cadres. Or le secrétaire général de ce syndicat, Luc Bérille, aimerait bien s’emparer de la direction nationale de l’Unsa, à l’occasion de son prochain congrès. Ce projet le conduit à faire preuve de la plus grande intransigeance envers le gouvernement : c’est dans la lutte qu’il espère gagner ses galons.
De tous ces calculs, les élèves, qui défilent à l’appel des organisations lycéennes, ignorent évidemment tout. Les syndicats, qui ont programmé une nouvelle grève le 15 mai, espèrent entretenir leur grogne jusque-là.
Les dessous des manifs
Derrière les lycéens, les syndicats d’enseignants. Et certains de leurs responsables qui voudraient faire durer le mouvement.
C’est un communiqué sur les retraites diffusé la semaine dernière en marge des manifestations lycéennes. Ses signataires se disent attachés à « des retraites de haut niveau financées par un système de répartition ». Ils exigent que « les années d’études et la période d’insertion des jeunes » soient prises en compte dans le calcul de leurs pensions.
Les lycéens français sont-ils si vieux qu’ils s’inquiètent déjà pour leurs retraites ? L’UNL (Union nationale lycéenne) et la Fidl (Fédération indépendante et démocratique lycéenne), les deux organisations qui prétendent les représenter, récusent évidemment tout soupçon de manipulation. Qu’elles soient l’une et l’autre liées à deux factions plus ou moins rivales du PS n’aurait aucune importance. Que Force ouvrière et la CGT aient signé, comme elles, ce communiqué ne signifie rien non plus. Que Gérard Aschieri, le “patron” de la puissante FSU, s’agite pour mobiliser ses troupes n’est qu’une coïncidence : les lycéens décideraient de leurs actions sans arrière-pensées ni parti pris.
À qui le fera-t-on croire ? La lecture des tracts distribués à la porte des lycées par les militants des Jeunes socialistes ou communistes ne laisse aucun doute sur l’identité de leurs rédacteurs : les revendications lycéennes recoupent mot pour mot celles des syndicats de l’Éducation. Pour preuve, les références incessantes au rapport Pochard sur la redéfinition du métier d’enseignant. « Une vraie provocation », affirmait récemment le Snes, pour qui ces propositions aggraveraient la charge de travail des enseignants et leur « soumission » aux proviseurs. Les “lycéens” dénoncent en écho la « précarisation des profs et des personnels » et l’« autonomie » des établissements qui déboucherait, concluent-ils, sur la privatisation de l’éducation nationale.
Les tracts rédigés par les disciples d’Olivier Besancenot sont à peine plus outranciers : « la loi de la concurrence » régira l’école, « ce sera la guerre pour obtenir les meilleurs profs ». Pas d’autres moyens pour lutter contre l’offensive sarkozyste que de créer un nouveau parti chargé de « préparer un changement révolutionnaire de la société ».Pour la gauche, les manifestations de lycéens et d’étudiants ont toujours été l’occasion de recruter de nouveaux adhérents.
C’est précisément ce qui pourrait faire durer un mouvement pourtant beaucoup moins suivi qu’on ne l’a dit : la province a peu mobilisé pendant les vacances des lycéens parisiens, et l’on comptait bon nombre d’adultes dans ces maigres cortèges, dont de nombreux syndicalistes. La partie qui se joue n’a plus qu’un lointain rapport avec l’école.
Des deux organisations lycéennes, la Fidl paraît la plus ouverte à la discussion. Ses revendications portent surtout sur le maintien du nombre d’enseignants en banlieue. Il est prévu de ne pas remplacer cette année 11 200 postes dans l’éducation nationale, pour l’essentiel dans le second degré qui a déjà perdu 145 000 élèves en trois ans.Comme ces suppressions seront en partie compensées par des heures supplémentaires, cette mesure n’affectera pas le taux d’encadrement des lycéens.
Qu’en sera-t-il dans les établissements de banlieue ? Le gouvernement ne devrait en supprimer qu’« un minimum ». Xavier Darcos en discute avec Fadela Amara, qui dit n’être « pas inquiète ».Un soutien d’autant plus important qu’Amara a présidé l’association Ni putes ni sou- mises, dont les militants de la Fidl ont toujours été proches. La secrétaire d’État à politique de la Ville a d’ailleurs assisté au congrès de cette organisation lycéenne, où elle est allée présenter les grandes lignes de son plan Espoir banlieues, en février.
En revanche, l’autre “syndicat” lycéen, l’UNL, ne cesse de surenchérir. Pour des raisons très politiques. Créée en 1994, lors des manifestations contre le CIP, l’UNL est en effet très liée aux étudiants de l’Unef, qui contestaient l’an dernier la réforme sur l’autonomie des universités et voient dans ce mouvement lycéen une nouvelle occasion de combattre le gouvernement.
Depuis toujours, l’Unef est ellemême en étroite relation avec le Syndicat des enseignants de l’Unsa (l’ex-Fen) : elle lui fournit nombre de ses militants et de ses cadres. Or le secrétaire général de ce syndicat, Luc Bérille, aimerait bien s’emparer de la direction nationale de l’Unsa, à l’occasion de son prochain congrès. Ce projet le conduit à faire preuve de la plus grande intransigeance envers le gouvernement : c’est dans la lutte qu’il espère gagner ses galons.
De tous ces calculs, les élèves, qui défilent à l’appel des organisations lycéennes, ignorent évidemment tout. Les syndicats, qui ont programmé une nouvelle grève le 15 mai, espèrent entretenir leur grogne jusque-là.
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