Israël : Il est grand temps de libérer Vanunu
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Israël : Il est grand temps de libérer Vanunu
Israël : Il est grand temps de libérer Vanunu
La semaine prochaine, le ministre de l’Intérieur va renouveler, pour la cinquième fois, l’interdiction faite à Mordechai Vanunu de quitter Israël.
Ceci viendra compléter les restrictions édictées par le Commandement pour les affaires intérieures, qui reposent partiellement sur la réglementation d’état d’urgence de l’époque du Mandat britannique, et interdisant à Vanunu de s’approcher des ambassades étrangères comme de parler à des étrangers. Il a été confiné à la ville de Jérusalem, et doit signaler tous ses mouvements hors de ce périmètre. Ces restrictions ont pour effet de continuer à le punir pour ses crimes, pour lesquels il a pourtant déjà payé.
Le harcèlement de Vanunu par l’État d’Israël n’a pas de précédent, et constitue une déviation de toutes les normes légales généralement acceptées. Vanunu, qui travaillait comme jeune technicien au centre nucléaire de Dimona dans les années 70 et 80, a fait connaître les secrets du nucléaire israélien au Sunday Times en 1986. En conséquence, il a été enlevé par des agents du Mossad alors qu’il se trouvait en Italie, a été ramené en Israël, poursuivi en justice, et condamné pour espionnage et trahison à 18 ans de prison, dont une partie a été exécutée en régime cellulaire qui a failli le rendre fou.
Après sa libération en avril 2004, Vanunu a cherché à quitter le pays, à fonder une famille, et à commencer une nouvelle vie. On a récemment dit que la Norvège était disposée à lui donner asile et à lui fournir un permis de travail. Mais le gouvernement israélien, avec un total arbitraire et un pouvoir destructeur particulièrement illogique, refuse de l’y autoriser. Après que Vanunu a effectué sa peine, un comité spécial comprenant les ministres de la justice, de la défense et de l’intérieur, a décidé de lui appliquer des mesures cruellement restrictives. Vanunu a refusé de l’accepter et a enfreint certaines des restrictions qui lui étaient imposées, en particulier celle de parler à des étrangers. Il a donné de nombreuses interviews à des médias étrangers et a été poursuivi en justice à ce titre. La cour de Jérusalem l’a condamné à six mois de prison, peine qui a été suspendue jusqu’à la fin de la procédure d’appel devant être finalisée le mois prochain.
Vanunu est une personne complexe et difficile. Il reste obstinément attaché à ses principes, de façon admirablement inconditionnelle, et il est prêt à en payer le prix. Il erre entre différents appartements et des petits hôtels à Jérusalem-Est, et il a eu des difficultés pour louer quelque chose comme pour trouver un travail. Les Palestiniens de Jérusalem-Est ont peur d’entrer en contact avec lui tandis que la société juive israélienne, dont il ne cherche pas à se rapprocher, le rejette.
Il est impopulaire de défendre Vanunu, qui est l’une des personnes les plus injuriées en Israël. Les ministres en exercice, comme la plupart des parlementaires et des officiels de haut rang, y compris le procureur général, restent silencieux. Depuis la libération de Vanunu, il y a eu quatre ministres de la justice successifs : Yosef Lapid, Tzipi Livni, Haim Ramon, et actuellement Daniel Friedmann. Aucun d’entre eux n’a jamais tenté de soulever la question du degré d’inhumanité, d’injustice et de bêtise démontré par l’État quant à ce douloureux dossier.
Celui qui mène la campagne pour confiner Vanunu au territoire israélien, c’est l’officier de sécurité en chef au ministère de la Défense, qui est en charge de prévenir toutes les fuites au sujet du réacteur de Dimona. Pendant des années, ce poste a été rempli par Yehiel Horev, dont le comportement à de nombreux égards a donné lieu à controverses. Horev a démissionné il y a plusieurs mois, mais les mesures qu’il a édictées pour Vanunu restent en vigueur.
Le principal argument du responsable de la sécurité, que les ministres et officiels de haut rang ont accepté sans discuter, est que Vanunu continue à représenter un danger pour la sécurité du pays. En d’autres termes, il est censé détenir des informations confidentielles qu’il pourrait rendre publiques s’il était autorisé à sortir du pays. Mais ceci pose problème. En matière de renseignement, on se doit de prendre en compte le pire des scénarios, c’est-à-dire que Vanunu a raconté au Times tout ce qu’il savait. Si l’on suit la logique de l’État, Vanunu restera pour toujours un danger pour la sécurité, et les restrictions le concernant ne seront jamais levées.
On aurait pu attendre de Friedmann, qui a pour objectif de corriger les injustices du système judiciaire, qu’il remette à tout le moins en question la gestion de ce dossier par le clan du ministère de la Défense. Il n’a pas répondu à la question du Haaretz sur sa position à ce sujet. Le nouveau responsable de la sécurité au ministère de la Défense, Amir Kain, a refusé de répondre à la question de savoir pendant combien de temps encore Vanunu serait puni.
Pendant ce temps, les restrictions qui lui sont imposées sont automatiquement prorogées, gardant Vanunu comme prisonnier perpétuel de l’État. Dans un pays fier de célébrer ses 60 ans, et qui prétend respecter les standards juridiques et moraux du monde éclairé, on pourrait s’attendre à ce qu’il ait le courage de permettre à Vanunu d’être enfin libre, une bonne fois pour toutes.
publié par Haaretz le 18 avril
Yossi Melman
http://www.haaretz.com/hasen/spages/975302.html
traduction : C. Paque, Afps
La semaine prochaine, le ministre de l’Intérieur va renouveler, pour la cinquième fois, l’interdiction faite à Mordechai Vanunu de quitter Israël.
Ceci viendra compléter les restrictions édictées par le Commandement pour les affaires intérieures, qui reposent partiellement sur la réglementation d’état d’urgence de l’époque du Mandat britannique, et interdisant à Vanunu de s’approcher des ambassades étrangères comme de parler à des étrangers. Il a été confiné à la ville de Jérusalem, et doit signaler tous ses mouvements hors de ce périmètre. Ces restrictions ont pour effet de continuer à le punir pour ses crimes, pour lesquels il a pourtant déjà payé.
Le harcèlement de Vanunu par l’État d’Israël n’a pas de précédent, et constitue une déviation de toutes les normes légales généralement acceptées. Vanunu, qui travaillait comme jeune technicien au centre nucléaire de Dimona dans les années 70 et 80, a fait connaître les secrets du nucléaire israélien au Sunday Times en 1986. En conséquence, il a été enlevé par des agents du Mossad alors qu’il se trouvait en Italie, a été ramené en Israël, poursuivi en justice, et condamné pour espionnage et trahison à 18 ans de prison, dont une partie a été exécutée en régime cellulaire qui a failli le rendre fou.
Après sa libération en avril 2004, Vanunu a cherché à quitter le pays, à fonder une famille, et à commencer une nouvelle vie. On a récemment dit que la Norvège était disposée à lui donner asile et à lui fournir un permis de travail. Mais le gouvernement israélien, avec un total arbitraire et un pouvoir destructeur particulièrement illogique, refuse de l’y autoriser. Après que Vanunu a effectué sa peine, un comité spécial comprenant les ministres de la justice, de la défense et de l’intérieur, a décidé de lui appliquer des mesures cruellement restrictives. Vanunu a refusé de l’accepter et a enfreint certaines des restrictions qui lui étaient imposées, en particulier celle de parler à des étrangers. Il a donné de nombreuses interviews à des médias étrangers et a été poursuivi en justice à ce titre. La cour de Jérusalem l’a condamné à six mois de prison, peine qui a été suspendue jusqu’à la fin de la procédure d’appel devant être finalisée le mois prochain.
Vanunu est une personne complexe et difficile. Il reste obstinément attaché à ses principes, de façon admirablement inconditionnelle, et il est prêt à en payer le prix. Il erre entre différents appartements et des petits hôtels à Jérusalem-Est, et il a eu des difficultés pour louer quelque chose comme pour trouver un travail. Les Palestiniens de Jérusalem-Est ont peur d’entrer en contact avec lui tandis que la société juive israélienne, dont il ne cherche pas à se rapprocher, le rejette.
Il est impopulaire de défendre Vanunu, qui est l’une des personnes les plus injuriées en Israël. Les ministres en exercice, comme la plupart des parlementaires et des officiels de haut rang, y compris le procureur général, restent silencieux. Depuis la libération de Vanunu, il y a eu quatre ministres de la justice successifs : Yosef Lapid, Tzipi Livni, Haim Ramon, et actuellement Daniel Friedmann. Aucun d’entre eux n’a jamais tenté de soulever la question du degré d’inhumanité, d’injustice et de bêtise démontré par l’État quant à ce douloureux dossier.
Celui qui mène la campagne pour confiner Vanunu au territoire israélien, c’est l’officier de sécurité en chef au ministère de la Défense, qui est en charge de prévenir toutes les fuites au sujet du réacteur de Dimona. Pendant des années, ce poste a été rempli par Yehiel Horev, dont le comportement à de nombreux égards a donné lieu à controverses. Horev a démissionné il y a plusieurs mois, mais les mesures qu’il a édictées pour Vanunu restent en vigueur.
Le principal argument du responsable de la sécurité, que les ministres et officiels de haut rang ont accepté sans discuter, est que Vanunu continue à représenter un danger pour la sécurité du pays. En d’autres termes, il est censé détenir des informations confidentielles qu’il pourrait rendre publiques s’il était autorisé à sortir du pays. Mais ceci pose problème. En matière de renseignement, on se doit de prendre en compte le pire des scénarios, c’est-à-dire que Vanunu a raconté au Times tout ce qu’il savait. Si l’on suit la logique de l’État, Vanunu restera pour toujours un danger pour la sécurité, et les restrictions le concernant ne seront jamais levées.
On aurait pu attendre de Friedmann, qui a pour objectif de corriger les injustices du système judiciaire, qu’il remette à tout le moins en question la gestion de ce dossier par le clan du ministère de la Défense. Il n’a pas répondu à la question du Haaretz sur sa position à ce sujet. Le nouveau responsable de la sécurité au ministère de la Défense, Amir Kain, a refusé de répondre à la question de savoir pendant combien de temps encore Vanunu serait puni.
Pendant ce temps, les restrictions qui lui sont imposées sont automatiquement prorogées, gardant Vanunu comme prisonnier perpétuel de l’État. Dans un pays fier de célébrer ses 60 ans, et qui prétend respecter les standards juridiques et moraux du monde éclairé, on pourrait s’attendre à ce qu’il ait le courage de permettre à Vanunu d’être enfin libre, une bonne fois pour toutes.
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