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Sept leçons sur le Dieu des chrétiens

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Sept leçons sur le Dieu des chrétiens Empty Sept leçons sur le Dieu des chrétiens

Message par Le_simple Ven 25 Avr - 17:11

Dans un nouvel essai, Rémi Brague, spécialiste de la pensée médiévale juive, chrétienne et arabe, distingue sept caractéristiques de la divinité dans le christianisme. Entretien.

Le Figaro Magazine - Les trois monothéismes, les trois religions d'Abraham, les trois religions du Livre : dans votre nouveau livre *, vous dénoncez ces expressions passées dans le langage courant...

Rémi Brague - Je commence en effet par attaquer ces trois expressions, qui dominent le discours médiatique. Elles sont d'autant plus dangereuses qu'elles partent d'une excellente intention. Mais elles produisent de la confusion, cachent la vérité et empêchent de penser. Ce n'est pas de la même façon que les trois religions comprennent l'unicité de Dieu, le rôle d'Abraham, la place de leur Livre sacré. Le rapport du christianisme au judaïsme n'a rien à voir avec le rapport du christianisme à l'islam. Le christianisme a en commun avec le judaïsme un livre, celui que les chrétiens appellent l'Ancien Testament, et l'histoire qu'il raconte. L'islam, en revanche, ne croit pas que l'Ancien et le Nouveau Testament, tels que les lisent aujourd'hui juifs et chrétiens, soient les textes authentiques qui ont été confiés à Moïse et à Jésus. Ils auraient été trafiqués, mais heureusement remplacés par le Coran, seul resté intact, et donc seul nécessaire.

Les deux religions bibliques, judaïsme et christianisme, ont en commun l'idée d'une alliance de Dieu avec l'homme : Dieu entre dans l'Histoire pour le libérer. Il délivre Israël de la captivité en Egypte ; pour les chrétiens, Il délivre l'humanité du péché dans une autre Pâque. La spécificité du christianisme est qu'il pousse l'idée d'alliance jusqu'à l'incarnation : dans une seule et même personne s'allient les deux natures, divine et humaine. L'islam ne reconnaît pas l'incarnation : pour lui, Jésus est un prophète, rien de plus. Mais c'est que, déjà, il ne connaît pas l'idée biblique d'alliance et d'histoire du salut.

Quelles sont les conditions d'un dialogue entre chrétiens et musulmans ?

D'abord, les mêmes que celles, très évidentes, de tout dialogue vrai entre qui que ce soit : respect, confiance, bonne volonté, etc. Ensuite, il faut une bonne connaissance mutuelle. Avec le judaïsme, le dialogue est facilité par le fait qu'il existe des chrétiens qui connaissent bien le judaïsme, et des juifs qui connaissent bien le christianisme, au point d'en enseigner l'histoire. Avec l'islam, il y a jusqu'à présent un déséquilibre : l'Occident a produit depuis le XVIe siècle des islamologues très compétents, juifs et chrétiens ; en revanche, les musulmans qui connaissent bien le christianisme sont encore peu nombreux.

La condition principale est de placer le débat sur le terrain où il peut être fécond. Paradoxalement, ce n'est pas le terrain religieux. Celui-ci est piégé, car l'islam se comprend comme un post-judaïsme et un post-christianisme. Il se voit d'une part comme la religion primitive, la seule religion d'Abraham ; il se voit d'autre part comme la religion définitive, destinée à remplacer judaïsme et christianisme, tous deux périmés. Reste pour le dialogue le terrain de l'humanité commune, de la raison, de la civilisation.

Le Dieu des chrétiens, vous le rappelez, pardonne les péchés. Mais que se passe-t-il dans une époque qui ne croit plus au péché ?

Le Dieu de la Bible, et donc aussi des chrétiens, n'est pas le seul à pardonner. Celui de l'islam est le Miséricordieux. Le Dieu des chrétiens ne se contente pas de passer l'éponge. Il cherche à guérir de l'intérieur la liberté blessée de l'homme. Ce pourquoi il doit monter un dispositif assez raffiné, ce que l'on appelle l'histoire du salut. Croire au péché ? Quelle horreur ! Ce n'est pas au péché que croient les chrétiens. C'est au pardon des péchés. Un « péché », ce n'est pas une faute plus grave qu'une autre ; c'est une faute, quelle qu'en soit la gravité, vue sous l'angle du pardon. En termes techniques : sous l'angle de la rémission. Cela veut dire que Dieu non seulement nous pardonne et nous redonne sa confiance, mais qu'il peut réparer notre liberté. Elle avait été blessée, ankylosée par les mauvais choix passés. Il s'agit de la retourner de l'intérieur, de libérer la liberté, si l'on peut dire.

Quand on ne croit plus au pardon des péchés, la faute reste entière. On la camoufle sous divers noms : dysfonctionnements, erreurs, problèmes, complexes, etc. Et sous diverses explications : cerveau reptilien, exploitation, souvenirs de nursery, etc. Notre société s'épuise dans une confession de ses fautes ou plutôt des fautes de ses ancêtres, c'est plus confortable. Mais cette confession ne débouche sur aucune absolution. Elle ne produit donc qu'un sentiment de culpabilité écrasant, paralysant, suicidaire. Finalement, j'aurais bien envie de retourner votre constatation : s'il y a une époque qui croit au péché, et dur comme fer, c'est bien la nôtre ! L'ennui, c'est que nous ne croyons plus qu'à cela...

L'Europe occidentale est tout à la fois sécularisée et multiculturelle. Quel avenir voyez-vous pour la foi chrétienne dans notre société ?

Et quel avenir voyons-nous pour notre société ? Si le christianisme était en recul dans une Europe vigoureuse, confiante, entreprenante, ce ne serait pas si grave. Mais je n'ai pas tellement l'impression que l'Europe ait de bonnes joues roses... Je m'amuse parfois à donner du mot « séculier » une étymologie grinçante. Comme vous le savez, « séculier » vient de « siècle », c'est une sorte de doublet de « séculaire ». Je dirais donc : est séculier celui qui croit que l'horizon ultime de la vie humaine est un siècle, et qui, par ses comportements, fait en sorte que cela soit vrai. L'avenir de la foi chrétienne, c'est justement la foi en l'avenir.

http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2008/04/12/01006-20080412ARTFIG00013-sept-lecons-sur-le-dieu-des-chretiens.php

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Message par avec-amour-et-paix Ven 25 Avr - 20:03

tres intéressant
rose
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