DOSIER:L’Afghanistan comme espace vide. Le parfait Etat colonial du XXIº siècle
2 participants
Forum Politique Francophone international :: DISCUSSIONS INTERNATIONALES (ouvert aux Invités) :: GUERRE,CONFLIT, OPPRESSION du PEUPLE dans le MONDE actuel
Page 1 sur 1
DOSIER:L’Afghanistan comme espace vide. Le parfait Etat colonial du XXIº siècle
Cette tragédie que nous confortons avec nos troupes
Pascual Serrano Envoyer à un(e) ami(e) Imprimer
Recension du livre : “ » de Marc W. Herold
En géopolitique on appelle espace vide une région géographique qui ne représente pas une grande valeur ni une grande richesse par elle même, mais qui, stratégiquement, ne doit pas être occupée par une force ennemie. L’objectif militaire n’est donc pas d’exploiter économiquement cette région, mais, au contraire, de la maintenir occupée et d’y exercer un contrôle pour un coût minimum ; on fait très peu d’efforts pour y développer une activité économique et encore moins pour y investir en vue de son développement. Pour Marc W. Herold, l’auteur de « L’Afghanistan comme espace vide.
Le parfait Etat colonial du XXIº siècle », le drame de l’Afghanistan résulte du fait que ce pays est précisément considéré par les Etats-Unis comme un espace vide. Après les attentats du 11-S, avec l’excuse de traîner en justice ses responsables, Bush donna l’ordre d’envahir l’Afghanistan. Lorsqu’ils n’eurent retrouvé ni Ben Laden ni le mollah Omar, les Etats-Unis déclarèrent qu’il s’agissait de démocratiser l’Afghanistan. On sut, par la suite, que l’objectif final c’était l’invasion de l’Irak qui, lui, n’était pas à proprement parler un espace vide puisqu’il était plein de pétrole.
Et c’est ainsi, selon Marc W. Herold, que l’Afghanistan devient la néo-colonie idéale du XXIº siècle : un espace vide pour être administré au plus bas prix. Le pays est donc devenu opium, violence, opulence obscène de la nouvelle classe dirigeante corrompue, marionnette des envahisseurs et une farce de Parlement.
S’il y a quelques jours, lors de la présentation du livre d’Hernando Calvo Ospina : « La Colombie, laboratoire de sortilèges », je disais que la meilleure façon de comprendre un conflit ou une crise c’est d’ouvrir un bon livre au lieu de se laisser mener par les médias et si je prenais l’exemple de ce livre pour ce qui est de la situation en Colombie, aujourd’hui je dois énoncer la même affirmation à propos de l’Afghanistan et du livre d’Herold.
Ce professeur en Développement Economique de l’Université du New Hampshire, aux Etats-Unis, parfait connaisseur et très grand spécialiste de la tragédie humanitaire afghane, nous présente un travail exhaustif de recueil de données, d’informations, de témoignages et d’enquêtes qui nous font pénétrer au cœur du drame afghan mieux que ne le ferait aucun média. Marc W. Herold nous démontre avec sa rigoureuse information sur la technologie militaire comment les Etats-Unis, dans leurs attaques supposées dirigées contre des talibans, massacrent en fait des civils sans se soucier le moins du monde de ces vies humaines. Il démonte tout le mensonge créé autour de la farce des élections législatives dans un pays absolument analphabète, un pays où seulement 6% de la population a accès à l’électricité, où ne fut pas assurée la protection des partis d’opposition ce qui les empêcha de mener campagne et où furent ignorées les accusations de fraude lancées par la totalité des groupes de l’opposition. Une fois exclus tous les partis et hommes politiques opposés à l’occupation, l’actuel président fut le seul à disposer des moyens et de la sécurité nécessaires pour mener campagne à travers le pays ; dans la capitale, l’endroit le plus politisé et où il est le plus facile de se rendre aux urnes, la participation ne fut que de 35%.
Il dénonce aussi les mensonges répandus sur la reconstruction qui n’existe pas, l’enrichissement de pas moins de 2.300 ONG qui pillent tout l’argent de la soit disant coopération puisque 80% des fonds de l’agence pour la coopération sont destinés à payer fort cher des conseillers techniques extérieurs. L’une de ces ONG s’est consacrée à offrir 65.800 iPod sur lesquels étaient enregistrés des messages électoraux de Karzaï. Et pendant ce temps, 50.000 enfants travaillent dans les rues de Kaboul des journées de 14 heures, dans le pays qui détient le taux le plus élevé de malnutrition au monde : 70%.
Malgré les 2,5 milliards d’euros destinés à la reconstruction, on n’a pas mis en marche une seule centrale électrique ni un seul réseau de distribution d’eau. Des 289 écoles et des 253 cliniques que l’Agence pour la coopération étatsunienne (USAID) avait promis d’ouvrir, seulement et respectivement huit et huit ont ouvert.
On constate le pillage du pays par une kleptocratie locale au sommet de laquelle on trouve le président pantin mis en place par les Etats-Unis, Hamid Karzaï. Il s’est créé une caste politique qui n’hésite pas à expulser des familles pauvres pour se faire construire de grandes résidences de luxe. Outre l’argent obtenu grâce à la corruption, le salaire mensuel d’un député est de 2.750 euros – alors que pas une loi n’est votée - dans un pays où un médecin gagne 39 euros par mois.
Il est de notoriété publique que la production d’opium a doublé en Afghanistan après l’occupation, mais ce qu’on ne disait pas et qu’Herold, lui, nous dit, ce sont les complicités et les liens tissés entre l’équipe de Karzaï au pouvoir et la production et le trafic de l’opium. Le gouverneur de la province de Helmand a été pris par des agents des unités anti-narcotiques des Etats-Unis avec dix tonnes d’opium et Karzaï s’est contenté de le recaser au Senat. La lutte de l’armée d’occupation contre l’opium se borne à s’en prendre au seul moyen de subsistance d’un grand nombre de paysans qui sont par conséquent poussés à rejoindre les insurgés.
Pour ce qui est du déroulement de la guerre, les médias taisent le fait que l’armée afghane, entrainée et équipée par les Etats-Unis, a perdu le quart de ses effectifs parce qu’ils ont déserté. Marc W. Herold a recueilli aussi les témoignages terrifiants des survivants de dizaines de massacres présentés par les occupants comme autant de combats livrés contre les talibans, mais qui ne se finissent que par des bilans où on ne compte que des femmes, des vieillards et des enfants morts ou blessés.
Mais connaître toutes ces grandes vérités ne servira à rien si nous ne dénonçons pas la complicité des gouvernements qui, alors qu’ils nous racontent qu’ils sont en train de démocratiser et de reconstruire, ne font que répandre le chaos, la tragédie et la mort. L’un d’eux est le gouvernement espagnol.
Marc W. Herold : « L’Afghanistan comme espace vide. Le parfait Etat colonial du XXIº siècle ». Editions Foca. Madrid. 200. www.foca.es
Pascual Serrano Envoyer à un(e) ami(e) Imprimer
Recension du livre : “ » de Marc W. Herold
En géopolitique on appelle espace vide une région géographique qui ne représente pas une grande valeur ni une grande richesse par elle même, mais qui, stratégiquement, ne doit pas être occupée par une force ennemie. L’objectif militaire n’est donc pas d’exploiter économiquement cette région, mais, au contraire, de la maintenir occupée et d’y exercer un contrôle pour un coût minimum ; on fait très peu d’efforts pour y développer une activité économique et encore moins pour y investir en vue de son développement. Pour Marc W. Herold, l’auteur de « L’Afghanistan comme espace vide.
Le parfait Etat colonial du XXIº siècle », le drame de l’Afghanistan résulte du fait que ce pays est précisément considéré par les Etats-Unis comme un espace vide. Après les attentats du 11-S, avec l’excuse de traîner en justice ses responsables, Bush donna l’ordre d’envahir l’Afghanistan. Lorsqu’ils n’eurent retrouvé ni Ben Laden ni le mollah Omar, les Etats-Unis déclarèrent qu’il s’agissait de démocratiser l’Afghanistan. On sut, par la suite, que l’objectif final c’était l’invasion de l’Irak qui, lui, n’était pas à proprement parler un espace vide puisqu’il était plein de pétrole.
Et c’est ainsi, selon Marc W. Herold, que l’Afghanistan devient la néo-colonie idéale du XXIº siècle : un espace vide pour être administré au plus bas prix. Le pays est donc devenu opium, violence, opulence obscène de la nouvelle classe dirigeante corrompue, marionnette des envahisseurs et une farce de Parlement.
S’il y a quelques jours, lors de la présentation du livre d’Hernando Calvo Ospina : « La Colombie, laboratoire de sortilèges », je disais que la meilleure façon de comprendre un conflit ou une crise c’est d’ouvrir un bon livre au lieu de se laisser mener par les médias et si je prenais l’exemple de ce livre pour ce qui est de la situation en Colombie, aujourd’hui je dois énoncer la même affirmation à propos de l’Afghanistan et du livre d’Herold.
Ce professeur en Développement Economique de l’Université du New Hampshire, aux Etats-Unis, parfait connaisseur et très grand spécialiste de la tragédie humanitaire afghane, nous présente un travail exhaustif de recueil de données, d’informations, de témoignages et d’enquêtes qui nous font pénétrer au cœur du drame afghan mieux que ne le ferait aucun média. Marc W. Herold nous démontre avec sa rigoureuse information sur la technologie militaire comment les Etats-Unis, dans leurs attaques supposées dirigées contre des talibans, massacrent en fait des civils sans se soucier le moins du monde de ces vies humaines. Il démonte tout le mensonge créé autour de la farce des élections législatives dans un pays absolument analphabète, un pays où seulement 6% de la population a accès à l’électricité, où ne fut pas assurée la protection des partis d’opposition ce qui les empêcha de mener campagne et où furent ignorées les accusations de fraude lancées par la totalité des groupes de l’opposition. Une fois exclus tous les partis et hommes politiques opposés à l’occupation, l’actuel président fut le seul à disposer des moyens et de la sécurité nécessaires pour mener campagne à travers le pays ; dans la capitale, l’endroit le plus politisé et où il est le plus facile de se rendre aux urnes, la participation ne fut que de 35%.
Il dénonce aussi les mensonges répandus sur la reconstruction qui n’existe pas, l’enrichissement de pas moins de 2.300 ONG qui pillent tout l’argent de la soit disant coopération puisque 80% des fonds de l’agence pour la coopération sont destinés à payer fort cher des conseillers techniques extérieurs. L’une de ces ONG s’est consacrée à offrir 65.800 iPod sur lesquels étaient enregistrés des messages électoraux de Karzaï. Et pendant ce temps, 50.000 enfants travaillent dans les rues de Kaboul des journées de 14 heures, dans le pays qui détient le taux le plus élevé de malnutrition au monde : 70%.
Malgré les 2,5 milliards d’euros destinés à la reconstruction, on n’a pas mis en marche une seule centrale électrique ni un seul réseau de distribution d’eau. Des 289 écoles et des 253 cliniques que l’Agence pour la coopération étatsunienne (USAID) avait promis d’ouvrir, seulement et respectivement huit et huit ont ouvert.
On constate le pillage du pays par une kleptocratie locale au sommet de laquelle on trouve le président pantin mis en place par les Etats-Unis, Hamid Karzaï. Il s’est créé une caste politique qui n’hésite pas à expulser des familles pauvres pour se faire construire de grandes résidences de luxe. Outre l’argent obtenu grâce à la corruption, le salaire mensuel d’un député est de 2.750 euros – alors que pas une loi n’est votée - dans un pays où un médecin gagne 39 euros par mois.
Il est de notoriété publique que la production d’opium a doublé en Afghanistan après l’occupation, mais ce qu’on ne disait pas et qu’Herold, lui, nous dit, ce sont les complicités et les liens tissés entre l’équipe de Karzaï au pouvoir et la production et le trafic de l’opium. Le gouverneur de la province de Helmand a été pris par des agents des unités anti-narcotiques des Etats-Unis avec dix tonnes d’opium et Karzaï s’est contenté de le recaser au Senat. La lutte de l’armée d’occupation contre l’opium se borne à s’en prendre au seul moyen de subsistance d’un grand nombre de paysans qui sont par conséquent poussés à rejoindre les insurgés.
Pour ce qui est du déroulement de la guerre, les médias taisent le fait que l’armée afghane, entrainée et équipée par les Etats-Unis, a perdu le quart de ses effectifs parce qu’ils ont déserté. Marc W. Herold a recueilli aussi les témoignages terrifiants des survivants de dizaines de massacres présentés par les occupants comme autant de combats livrés contre les talibans, mais qui ne se finissent que par des bilans où on ne compte que des femmes, des vieillards et des enfants morts ou blessés.
Mais connaître toutes ces grandes vérités ne servira à rien si nous ne dénonçons pas la complicité des gouvernements qui, alors qu’ils nous racontent qu’ils sont en train de démocratiser et de reconstruire, ne font que répandre le chaos, la tragédie et la mort. L’un d’eux est le gouvernement espagnol.
Marc W. Herold : « L’Afghanistan comme espace vide. Le parfait Etat colonial du XXIº siècle ». Editions Foca. Madrid. 200. www.foca.es
avec-amour-et-paix- Journalistes
-
Nombre de messages : 3537
Age : 61
Localisation : montpellier
Humeur : belle
tendances politiques : anarchiste
Date d'inscription : 18/02/2008
Niveau de Courtoisie:
Gérer par le Tribunal:
(14/14)
Argent de poche:
(0/100)
Re: DOSIER:L’Afghanistan comme espace vide. Le parfait Etat colonial du XXIº siècle
Thomas Mulcair était de passage à l'émission de Gilles Proulx pour une entrevue hier midi. Lorsque Gilles Proulx a demandé au député du NPD s'il s'inquiétait des conséquences d'un retrait des troupes canadiennes, voici la réponse donnée par Mulcair.
Aux femmes qui sont exécutées par les talibans, Thomas Mulcair dit: "c'est votre problème !".
C'est quand même incroyable. En 2005, Thomas Mulcair a fait des pieds et des mains pour sauver 3-4 grenouilles dans une swamp de Laval. En 2008, le même Mulcair ne veut même pas lever le petit doigt pour sauver des êtres humains vivants sous la tyrannie des talibans.
On caricature souvent la droite comme étant indifférente au sort des déshérités alors que l’on décrit la gauche comme étant un havre de solidarité. À entendre Mulcair, on devrait plutôt conclure que c'est le contraire.
Pourtant j`aime bien le NPD, mais il y a des connards dans tous les partis.
Déchet- Serviteur
-
Nombre de messages : 756
Age : 56
Localisation : Dans une poubel appeler planet terre
Humeur : Dangereuse
tendances politiques : Révolutionaire
Date d'inscription : 05/03/2008
Niveau de Courtoisie:
Gérer par le Tribunal:
(14/14)
Argent de poche:
(1/100)
Re: DOSIER:L’Afghanistan comme espace vide. Le parfait Etat colonial du XXIº siècle
L`entrevue avec gilles proux.
voici le lien: http://www.antagoniste.net/
voici le lien: http://www.antagoniste.net/
Déchet- Serviteur
-
Nombre de messages : 756
Age : 56
Localisation : Dans une poubel appeler planet terre
Humeur : Dangereuse
tendances politiques : Révolutionaire
Date d'inscription : 05/03/2008
Niveau de Courtoisie:
Gérer par le Tribunal:
(14/14)
Argent de poche:
(1/100)
Re: DOSIER:L’Afghanistan comme espace vide. Le parfait Etat colonial du XXIº siècle
Les merveilleux succès de l'Otan en Afghanistan
Des renforts de l'OTAN pour protéger Kaboul des talibans
LE MONDE | 09.12.08
Les forces de la coalition internationale en Afghanistan ne cachent désormais plus leur inquiétude face à l'insécurité croissante qui règne dans le pays et notamment à Kaboul, la capitale du pays.
L'armée américaine a confirmé, lundi 8 décembre, que la nouvelle brigade américaine de 4 000 hommes qui doit s'ajouter aux 70 000 soldats de l'OTAN déjà sur place sera déployée aux portes de Kaboul. Même si un bataillon sera envoyé dans la province très instable de Kunar, à la frontière afghano-pakistanaise, cette annonce officialise la détérioration de la situation, y compris dans la ville la plus sécurisée du pays.
Ces derniers mois, Kaboul s'est transformée en véritable bunker, les ambassades et la plupart des bâtiments officiels, ceints de hauts murs de béton, sont devenus quasi inaccessibles.
Les assassinats et enlèvements ciblant des humanitaires et des journalistes se sont multipliés autour et dans la capitale. Des attaques spectaculaires ont visé, en 2008, les grands hôtels de Kaboul, l'ambassade d'Inde, deux ministères afghans et le président Hamid Karzaï. Les insurgés, notamment ceux dirigés par le chef rallié aux talibans Sirajuddin Haqqani, s'y meuvent à leur guise.
La nomination, mi-octobre, d'un nouveau ministre de l'intérieur, Mohammad Hamif Atmar, salué par la communauté internationale pour ses compétences, n'a pas fait oublier que la responsabilité de la sécurité de Kaboul avait été confiée, cet été, aux Afghans par la France, en charge de la région centre. Une passation de pouvoir présentée comme symbolique de la stratégie de l'OTAN en Afghanistan.
L'arrivée des renforts aux portes de Kaboul sonne comme un aveu d'impuissance. L'armée américaine tente désormais de sécuriser les abords de la capitale, au sud, à l'ouest et à l'est. Trois accès sur quatre autour de Kaboul ne sont plus sûrs tant pour les étrangers que pour les Afghans. Seule la vallée du Panshir, au nord, reste accessible. Parmi les secteurs à risque figure le district de Saroubi, à une heure de route de Kaboul où les dix soldats français ont été tués le 18 août.
L'INSURRECTION "STIMULÉE"
"Les insurgés ne prendront jamais Kaboul tant que l'OTAN est là mais la pression ne cesse de croître", concède une source américaine à Kaboul. L'état-major américain, en Afghanistan, a indiqué, lundi, que "ni le harcèlement ni les attaques des convois d'approvisionnement ne mettaient en danger la coalition".
Une organisation non gouvernementale, le Conseil international sur la sécurité et le développement, a estimé, lundi, que les talibans et leurs alliés étaient présents dans "deux tiers du territoire en 2008, contre la moitié en 2007". Le mollah Omar, chef des talibans, a assuré, dimanche, que les renforts "stimuleraient l'insurrection" et il prédit que les pertes de la coalition, "qui se comptent par dizaines, se multiplieront pour se compter par centaines".
Jacques Follorou
Article paru dans l'édition du 10.12.08.
++++++
Selon un rapport controversé, les talibans contrôleraient près des trois quarts de l'Afghanistan
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 08.12.08
Les talibans auraient une présence permanente dans 72 % de l'Afghanistan en 2008, contre 54 % l'année dernière, et ils menaceraient trois des quatre principales voies d'accès à Kaboul, selon une étude publiée lundi 8 décembre par un centre de réflexion européen, le Conseil international sur la sécurité et le développement (ICOS, ex-Conseil de Senlis).
La notion de "présence permanente" renvoie à au moins une attaque recensée par semaine, selon l'ICOS. "Confiants dans leur expansion en dehors du Sud rural, les talibans sont aux portes de la capitale et s'infiltrent dans la ville à leur guise. Sur les quatre accès menant à Kaboul, trois sont compromis par l'activité des talibans", selon cette étude. "Après sept années d'occasions manquées, (...) les talibans constituent de facto le pouvoir en place dans un bon nombre de villes et de villages dans le Sud", estime l'ICOS.
ASPHYXIE DE KABOUL
Vers l'ouest, "la route n'est plus sûre tant pour les Afghans que pour les étrangers, dès l'entrée dans la province de Wardak, à trente minutes des limites de Kaboul. La route du sud à travers la province de Logar n'est pas sûre non plus. Vers l'est, en direction de Jalalabad, le district de Saroubi à une heure de route n'est pas sûr non plus", détaille le rapport. "En bloquant les voies d'accès, les talibans asphyxient la capitale et établissent des bases à proximité, à partir desquelles ils peuvent lancer des attaques dans Kaboul. (...) Cette dynamique a créé un environnement favorable au développement des activités criminelles, et les liens entre talibans et organisations criminelles sont tels qu'il est de plus en plus difficile de distinguer les uns des autres", souligne le Conseil.
Encore plus grave, les talibans sont en train de gagner la confiance de la population, selon le rapport. "En s'appuyant sur les motifs locaux de mécontentement contre l'OTAN et le gouvernement de Kaboul, de l'éradication des champs d'opium aux pertes civiles dans les bombardements, du chômage très élevé au sous-développement chronique en dépit des milliards de dollars d'aide, l'insurrection a réussi à élargir sa base de soutien traditionnel et a gagné une légitimité politique parmi de nombreux Afghans", juge le Conseil. Entre janvier et août 2008, les Nations unies ont dénombré 393 civils tués dans des frappes aériennes.
Les conclusions de l'ICOS sont pourtant mises en doute. "Ce chiffre ne nous paraît absolument pas crédible. Les talibans ne sont présents que dans le Sud et dans l'Est, ce qui représente déjà moins de 50 % du pays", estime le porte-parole de l'OTAN, James Appathurai. Pour certains spécialistes des questions de sécurité, le rapport de l'ICOS, même s'il reflète un sentiment assez répandu en Afghanistan, contient un certain nombre d'erreurs évidentes et tire des conclusions fausses.
Ce rapport est présenté au moment où le mollah Mohammad Omar, chef des talibans, appelle, à l'occasion de la fête religieuse musulmane de l'Aïd al-Adha, les Afghans à s'unir contre les "occupants" et à ne pas participer à l'élection présidentielle en 2009. Cet appel intervient alors que les Etats-Unis annoncent le déploiement de forces supplémentaires aux abords de Kaboul pour en protéger les accès
++++++++
L'Otan "préoccupée" par les attaques contre ses camions
lundi 8 déc
BRUXELLES (AFP) - L'Otan s'est dite lundi "préoccupée" par la répétition des attaques des talibans contre ses camions au Pakistan mais a affirmé qu'elles n'avaient pas d'impact sur l'approvisionnement et la capacité d'action de ses troupes en Afghanistan.
"Certes, c'est une cause de préoccupation pour nous, mais des incidents de ce genre n'ont pas d'impact stratégique. Nous avons d'autres voies pour acheminer le matériel à nos troupes", a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'Alliance atlantique.
"Nous continuons d'avoir les approvisionnements nécessaires", a-t-il assuré.
L'Isaf sous commandement Otan peut aussi compter sur l'acheminement de matériel par la voie aérienne, en attendant la conclusion d'accords de transit ferroviaire pour le matériel non létal négociés avec les Républiques d'Asie centrale pour compléter celui déjà conclu cette année avec la Russie.
Des talibans ont incendié lundi près de Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan, une centaine de véhicules de l'Otan, dont 50 camions servant à approvisionner l'Isaf.
Déjà dimanche, 250 talibans avaient pris d'assaut deux dépôts de l'Otan, également près de Peshawar, tuant un gardien et incendiant plus de 200 camions et d'autres véhicules transportant des équipements pour les 53.000 soldats de l'Isaf.
Un chef taliban pakistanais avait averti fin novembre que les insurgés chercheraient à bloquer l'approvisionnement des troupes de l'Isaf ainsi que de celles placées sous commandement direct américain en Afghanistan.
Il y a moins d'une semaine, des talibans avaient mis le feu à Peshawar à une dizaine de poids-lourds bourrés d'équipements pour l'Otan.
Le porte-parole de l'Otan a souligné que le gouvernement pakistanais avait déjà apporté son aide en escortant des convois destinés à l'Isaf et empruntant la passe de Khyber, proche de Peshawar, et continuerait de le faire.
A la mi-novembre, après une attaque des talibans, le Pakistan avait interrompu pendant une semaine la traversée de la passe avant de la rouvrir au trafic sous la protection de ses soldats.
Le commandant en chef de l'armée pakistanaise, le général Ashfaq Kayani, reçu par l'Otan à Bruxelles, s'était engagé le 19 novembre à protéger l'approvisionnement des troupes internationales en Afghanistan.
Roland Marounek à alerte_otan
Des renforts de l'OTAN pour protéger Kaboul des talibans
LE MONDE | 09.12.08
Les forces de la coalition internationale en Afghanistan ne cachent désormais plus leur inquiétude face à l'insécurité croissante qui règne dans le pays et notamment à Kaboul, la capitale du pays.
L'armée américaine a confirmé, lundi 8 décembre, que la nouvelle brigade américaine de 4 000 hommes qui doit s'ajouter aux 70 000 soldats de l'OTAN déjà sur place sera déployée aux portes de Kaboul. Même si un bataillon sera envoyé dans la province très instable de Kunar, à la frontière afghano-pakistanaise, cette annonce officialise la détérioration de la situation, y compris dans la ville la plus sécurisée du pays.
Ces derniers mois, Kaboul s'est transformée en véritable bunker, les ambassades et la plupart des bâtiments officiels, ceints de hauts murs de béton, sont devenus quasi inaccessibles.
Les assassinats et enlèvements ciblant des humanitaires et des journalistes se sont multipliés autour et dans la capitale. Des attaques spectaculaires ont visé, en 2008, les grands hôtels de Kaboul, l'ambassade d'Inde, deux ministères afghans et le président Hamid Karzaï. Les insurgés, notamment ceux dirigés par le chef rallié aux talibans Sirajuddin Haqqani, s'y meuvent à leur guise.
La nomination, mi-octobre, d'un nouveau ministre de l'intérieur, Mohammad Hamif Atmar, salué par la communauté internationale pour ses compétences, n'a pas fait oublier que la responsabilité de la sécurité de Kaboul avait été confiée, cet été, aux Afghans par la France, en charge de la région centre. Une passation de pouvoir présentée comme symbolique de la stratégie de l'OTAN en Afghanistan.
L'arrivée des renforts aux portes de Kaboul sonne comme un aveu d'impuissance. L'armée américaine tente désormais de sécuriser les abords de la capitale, au sud, à l'ouest et à l'est. Trois accès sur quatre autour de Kaboul ne sont plus sûrs tant pour les étrangers que pour les Afghans. Seule la vallée du Panshir, au nord, reste accessible. Parmi les secteurs à risque figure le district de Saroubi, à une heure de route de Kaboul où les dix soldats français ont été tués le 18 août.
L'INSURRECTION "STIMULÉE"
"Les insurgés ne prendront jamais Kaboul tant que l'OTAN est là mais la pression ne cesse de croître", concède une source américaine à Kaboul. L'état-major américain, en Afghanistan, a indiqué, lundi, que "ni le harcèlement ni les attaques des convois d'approvisionnement ne mettaient en danger la coalition".
Une organisation non gouvernementale, le Conseil international sur la sécurité et le développement, a estimé, lundi, que les talibans et leurs alliés étaient présents dans "deux tiers du territoire en 2008, contre la moitié en 2007". Le mollah Omar, chef des talibans, a assuré, dimanche, que les renforts "stimuleraient l'insurrection" et il prédit que les pertes de la coalition, "qui se comptent par dizaines, se multiplieront pour se compter par centaines".
Jacques Follorou
Article paru dans l'édition du 10.12.08.
++++++
Selon un rapport controversé, les talibans contrôleraient près des trois quarts de l'Afghanistan
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 08.12.08
Les talibans auraient une présence permanente dans 72 % de l'Afghanistan en 2008, contre 54 % l'année dernière, et ils menaceraient trois des quatre principales voies d'accès à Kaboul, selon une étude publiée lundi 8 décembre par un centre de réflexion européen, le Conseil international sur la sécurité et le développement (ICOS, ex-Conseil de Senlis).
La notion de "présence permanente" renvoie à au moins une attaque recensée par semaine, selon l'ICOS. "Confiants dans leur expansion en dehors du Sud rural, les talibans sont aux portes de la capitale et s'infiltrent dans la ville à leur guise. Sur les quatre accès menant à Kaboul, trois sont compromis par l'activité des talibans", selon cette étude. "Après sept années d'occasions manquées, (...) les talibans constituent de facto le pouvoir en place dans un bon nombre de villes et de villages dans le Sud", estime l'ICOS.
ASPHYXIE DE KABOUL
Vers l'ouest, "la route n'est plus sûre tant pour les Afghans que pour les étrangers, dès l'entrée dans la province de Wardak, à trente minutes des limites de Kaboul. La route du sud à travers la province de Logar n'est pas sûre non plus. Vers l'est, en direction de Jalalabad, le district de Saroubi à une heure de route n'est pas sûr non plus", détaille le rapport. "En bloquant les voies d'accès, les talibans asphyxient la capitale et établissent des bases à proximité, à partir desquelles ils peuvent lancer des attaques dans Kaboul. (...) Cette dynamique a créé un environnement favorable au développement des activités criminelles, et les liens entre talibans et organisations criminelles sont tels qu'il est de plus en plus difficile de distinguer les uns des autres", souligne le Conseil.
Encore plus grave, les talibans sont en train de gagner la confiance de la population, selon le rapport. "En s'appuyant sur les motifs locaux de mécontentement contre l'OTAN et le gouvernement de Kaboul, de l'éradication des champs d'opium aux pertes civiles dans les bombardements, du chômage très élevé au sous-développement chronique en dépit des milliards de dollars d'aide, l'insurrection a réussi à élargir sa base de soutien traditionnel et a gagné une légitimité politique parmi de nombreux Afghans", juge le Conseil. Entre janvier et août 2008, les Nations unies ont dénombré 393 civils tués dans des frappes aériennes.
Les conclusions de l'ICOS sont pourtant mises en doute. "Ce chiffre ne nous paraît absolument pas crédible. Les talibans ne sont présents que dans le Sud et dans l'Est, ce qui représente déjà moins de 50 % du pays", estime le porte-parole de l'OTAN, James Appathurai. Pour certains spécialistes des questions de sécurité, le rapport de l'ICOS, même s'il reflète un sentiment assez répandu en Afghanistan, contient un certain nombre d'erreurs évidentes et tire des conclusions fausses.
Ce rapport est présenté au moment où le mollah Mohammad Omar, chef des talibans, appelle, à l'occasion de la fête religieuse musulmane de l'Aïd al-Adha, les Afghans à s'unir contre les "occupants" et à ne pas participer à l'élection présidentielle en 2009. Cet appel intervient alors que les Etats-Unis annoncent le déploiement de forces supplémentaires aux abords de Kaboul pour en protéger les accès
++++++++
L'Otan "préoccupée" par les attaques contre ses camions
lundi 8 déc
BRUXELLES (AFP) - L'Otan s'est dite lundi "préoccupée" par la répétition des attaques des talibans contre ses camions au Pakistan mais a affirmé qu'elles n'avaient pas d'impact sur l'approvisionnement et la capacité d'action de ses troupes en Afghanistan.
"Certes, c'est une cause de préoccupation pour nous, mais des incidents de ce genre n'ont pas d'impact stratégique. Nous avons d'autres voies pour acheminer le matériel à nos troupes", a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'Alliance atlantique.
"Nous continuons d'avoir les approvisionnements nécessaires", a-t-il assuré.
L'Isaf sous commandement Otan peut aussi compter sur l'acheminement de matériel par la voie aérienne, en attendant la conclusion d'accords de transit ferroviaire pour le matériel non létal négociés avec les Républiques d'Asie centrale pour compléter celui déjà conclu cette année avec la Russie.
Des talibans ont incendié lundi près de Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan, une centaine de véhicules de l'Otan, dont 50 camions servant à approvisionner l'Isaf.
Déjà dimanche, 250 talibans avaient pris d'assaut deux dépôts de l'Otan, également près de Peshawar, tuant un gardien et incendiant plus de 200 camions et d'autres véhicules transportant des équipements pour les 53.000 soldats de l'Isaf.
Un chef taliban pakistanais avait averti fin novembre que les insurgés chercheraient à bloquer l'approvisionnement des troupes de l'Isaf ainsi que de celles placées sous commandement direct américain en Afghanistan.
Il y a moins d'une semaine, des talibans avaient mis le feu à Peshawar à une dizaine de poids-lourds bourrés d'équipements pour l'Otan.
Le porte-parole de l'Otan a souligné que le gouvernement pakistanais avait déjà apporté son aide en escortant des convois destinés à l'Isaf et empruntant la passe de Khyber, proche de Peshawar, et continuerait de le faire.
A la mi-novembre, après une attaque des talibans, le Pakistan avait interrompu pendant une semaine la traversée de la passe avant de la rouvrir au trafic sous la protection de ses soldats.
Le commandant en chef de l'armée pakistanaise, le général Ashfaq Kayani, reçu par l'Otan à Bruxelles, s'était engagé le 19 novembre à protéger l'approvisionnement des troupes internationales en Afghanistan.
Roland Marounek à alerte_otan
avec-amour-et-paix- Journalistes
-
Nombre de messages : 3537
Age : 61
Localisation : montpellier
Humeur : belle
tendances politiques : anarchiste
Date d'inscription : 18/02/2008
Niveau de Courtoisie:
Gérer par le Tribunal:
(14/14)
Argent de poche:
(0/100)
Sujets similaires
» Afghanistan
» OTAN hors d’Afghanistan.
» au nettoyage des débris et déchets de l'espace
» La fusion nucléaire se donne le siècle pour faire ses preuves
» Sarkozy confirme l'envoi d'un bataillon dans l'est de l'Afghanistan
» OTAN hors d’Afghanistan.
» au nettoyage des débris et déchets de l'espace
» La fusion nucléaire se donne le siècle pour faire ses preuves
» Sarkozy confirme l'envoi d'un bataillon dans l'est de l'Afghanistan
Forum Politique Francophone international :: DISCUSSIONS INTERNATIONALES (ouvert aux Invités) :: GUERRE,CONFLIT, OPPRESSION du PEUPLE dans le MONDE actuel
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum