Chine - L’empire du Milieu champion des condamnations à mort

Chine - L’empire du Milieu champion des condamnations à mort
Sébastien Cometti, le mercredi 16 avril 2008 à 04:00

A quelques mois des Jeux olympiques, la Chine collectionne les embarras. Un rapport publié par Amnesty International vient de nouveau gêner le futur hôte du symbole international de paix.


Alors que la question tibétaine et la gestion sulfureuse de la protection de la flamme olympique sont encore sur toutes les lèvres en tout point du globe, la Chine est désignée comme le pays accusant le plus grand nombre de condamnations à mort en 2007. Selon le classement établi par Amnesty International, le pays aurait procédé à 470 exécutions l’an dernier. Cependant, le rapport de l’ONG indique un net progrès de la Chine qui a divisé par deux le nombre de ses mises à mort par rapport à l’année 2006.

Les experts de l’ONG ont confirmé toutefois que ce nombre était à prendre au conditionnel, et ce à plus d’un titre. Selon les représentants d’Amnesty, le nombre de mises à mort en Chine dépasse largement les 470 exécutions que l’organisation a pu enregistrer. « Nous croyons réellement qu’il y a eu une baisse du nombre d’exécutions », souligne Pers Bannister, spécialiste de la peine de mort chez Amnesty International.

Diminution ou ralentissement ?
« Mais nous ne savons pas dans quelle mesure cette réduction durera ni ce qu’elle signifie puisque cela relève du secret d’Etat », remarque le spécialiste qui redoute une diminution qui ne serait que le fruit d’un « encombrement » momentané, donnant lieu ensuite à une augmentation brutale des exécutions une fois les peines capitales validées.

Selon les experts d’Amnesty International, la sensible baisse constatée récemment en Chine pourrait s’expliquer par une réforme judiciaire instaurée par Pékin en janvier 2007. Depuis, les condamnations à mort sont systématiquement contrôlées par la plus haute cour du pays, censée assurer que la peine capitale est réservée aux crimes les plus graves. Ces contrôles supplémentaires pourraient être à l’origine de ce ralentissement qui s’avérerait alors n’être que passager.

L’Iran dans le collimateur
Le ministère des Affaires étrangères chinois n’a pas souhaité réagir à ce rapport. Il avait auparavant reproché à Amnesty international d’être « biaisé et hostile à la Chine ». Les chiffres n’accablent pas que la seule Chine, l’Iran, en deuxième position de ce triste classement, est également montré du doigt avec pas moins de 377 personnes exécutées en 2007 dont un homme lapidé pour adultère. Le pays, tout comme le Yémen et l’Arabie saoudite, est par ailleurs épinglé pour ses exécutions de mineurs.

Le plus jeune condamné à mort en 2007 était un Iranien de 13 ans. Au total, au moins 3.347 condamnations à mort ont été perpétrées l’année dernière dans 51 pays différents et au moins 27.500 personnes seraient dans l’attente d’être exécutées. Point noir de ce rapport, la transparence « douteuse » de certains pays, comme la Mongolie ou le Vietnam. Autre inquiétude, alors que nous sommes au XXIe siècle, certaines exécutions rappellent les époques moyenâgeuses. En 2007, l’Arabie saoudite a tout de même condamné et exécuté un Egyptien pour sorcellerie.