Un bien-pensant à géométrie variable . Robert Ménard, marchand de Bien .
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Un bien-pensant à géométrie variable . Robert Ménard, marchand de Bien .
Un bien-pensant à géométrie variable . Robert Ménard, marchand de Bien .
C'est le héros de la semaine, celui grâce auquel la question du boycott des JO a été posée dans d'autres termes. Mais qui est donc vraiment Robert Ménard ? Un journaliste ? Un activiste ? Un bien-pensant ?
Dans les années 1970, Bob Dénard, mercenaire de son état, revenait souvent dans les bulletins d'information. Dans les années 2000, c'est la binette de Robert Ménard qui s'invite dans les JT, un peu comme si un ambassadeur du Bien, né en Oranie comme BHL, avait succédé au porte parole du Mal qu'était Bob, expert en intrigues africaines.
En théorie, Robert Ménard est un journaliste. D'ailleurs, il a la carte. En pratique il est un activiste des droits de l'homme et du journalisme. Du coup, ça fait déjà vingt-trois ans qu'il n'en fait plus, du journalisme, depuis qu'il a fondé avec le journaliste-éditeur Jean-Claude Guillebaud et Emmanuelle Duverger, sa compagne, Reporters sans Frontières. Sur le modèle, bien sûr, de Médecins sans Frontières. Rony Brauman figurait d'ailleurs parmi les parrains de l'association. RSF marchait sur deux jambes : la défense des journalistes réprimés dans le monde et la réflexion critique sur le métier de journaliste. Un second volet auquel tenait beaucoup Guillebaud : i«quand on interpelle les leaders des pays du tiers-monde sur les atteintes aux libertés de la presse chez eux, a-t-il [expliqué à marianne2.fr, la question qui se pose automatiquement à nous, est de savoir quel usage nous faisons de notre liberté.» ]i
Un bien-pensant à géométrie variable
Or, au bout de sept ans, Robert Ménard a arrêté la critique des médias au prétexte que l'on ne pouvait à la fois tendre la sébile aux médias d'une main et leur donner des coups de bâton de l'autre. Il a d'ailleurs reconnu lui-même ce choix dans un ouvrage co-écrit avec sa compagne, La Censure des bien-pensants (Albin Michel, Paris 2003).
RSF a donc remisé son bâton, et Jean-Claude Guillebaud a poursuivi ailleurs son travail de critique des médias. RSF est devenue une PME de l‘humanitaire, ce qui n'a pas empêché Ménard, vingt ans plus tard, de reprendre Médias, un trimestriel de réflexions sur les médias, financé notamment par Stéphane Courbit. Ces bonnes fréquentations lui ont même permis d'obtenir la Légion d'honneur en mars 2008. Dans le même temps, Ménard prend parfois des positions étonnantes pour un bien-pensant, comme sur le Rwanda, où il ferraille contre les suppôts de Kagamé qui mènent la chasse aux Français supposés complices du génocide.
La transparence s'arrête où commence le sponsoring
Avec le double coup d'éclat de l'activiste à Athènes, puis à Paris, la dictature chinoise a été mise en accusation dans le monde entier, et Ménard a été salué, à juste titre, comme le grain de sable qui a fait dérailler la grosse locomotive libérale-communiste chinoise, et de cela on lui sera reconnaissant. Mais on doit également noter que la PME RSF prend des allures de multinationale du Bien : 50 000 tee-shirts noirs vendus en une journée, par ici la monnaie ! En tout Bien tout honneur, rétorquera-t-il en ex-trotskiste roué et rhéteur, et il aura raison. Ménard n'est pas un garçon intéressé. Critiqué par les alters pour son «anti-chavisme primaire» (il est de fort mauvaise foi sur le sujet), Ménard développe une conception absolue de la liberté de penser.
Sauf que la transparence s'arrête où commence le sponsoring : à la demande des entreprises qui le subventionnent, il ne cite pas leur nom publiquement pour ne pas gêner leur business en Chine, où ils respectent fort peu les droits des travailleurs.
Une version plus courte de cet article est publiée dans le numéro de Marianne du 12 avril.
Vendredi 11 Avril 2008 - 00:12
Philippe Cohen
C'est le héros de la semaine, celui grâce auquel la question du boycott des JO a été posée dans d'autres termes. Mais qui est donc vraiment Robert Ménard ? Un journaliste ? Un activiste ? Un bien-pensant ?
Dans les années 1970, Bob Dénard, mercenaire de son état, revenait souvent dans les bulletins d'information. Dans les années 2000, c'est la binette de Robert Ménard qui s'invite dans les JT, un peu comme si un ambassadeur du Bien, né en Oranie comme BHL, avait succédé au porte parole du Mal qu'était Bob, expert en intrigues africaines.
En théorie, Robert Ménard est un journaliste. D'ailleurs, il a la carte. En pratique il est un activiste des droits de l'homme et du journalisme. Du coup, ça fait déjà vingt-trois ans qu'il n'en fait plus, du journalisme, depuis qu'il a fondé avec le journaliste-éditeur Jean-Claude Guillebaud et Emmanuelle Duverger, sa compagne, Reporters sans Frontières. Sur le modèle, bien sûr, de Médecins sans Frontières. Rony Brauman figurait d'ailleurs parmi les parrains de l'association. RSF marchait sur deux jambes : la défense des journalistes réprimés dans le monde et la réflexion critique sur le métier de journaliste. Un second volet auquel tenait beaucoup Guillebaud : i«quand on interpelle les leaders des pays du tiers-monde sur les atteintes aux libertés de la presse chez eux, a-t-il [expliqué à marianne2.fr, la question qui se pose automatiquement à nous, est de savoir quel usage nous faisons de notre liberté.» ]i
Un bien-pensant à géométrie variable
Or, au bout de sept ans, Robert Ménard a arrêté la critique des médias au prétexte que l'on ne pouvait à la fois tendre la sébile aux médias d'une main et leur donner des coups de bâton de l'autre. Il a d'ailleurs reconnu lui-même ce choix dans un ouvrage co-écrit avec sa compagne, La Censure des bien-pensants (Albin Michel, Paris 2003).
RSF a donc remisé son bâton, et Jean-Claude Guillebaud a poursuivi ailleurs son travail de critique des médias. RSF est devenue une PME de l‘humanitaire, ce qui n'a pas empêché Ménard, vingt ans plus tard, de reprendre Médias, un trimestriel de réflexions sur les médias, financé notamment par Stéphane Courbit. Ces bonnes fréquentations lui ont même permis d'obtenir la Légion d'honneur en mars 2008. Dans le même temps, Ménard prend parfois des positions étonnantes pour un bien-pensant, comme sur le Rwanda, où il ferraille contre les suppôts de Kagamé qui mènent la chasse aux Français supposés complices du génocide.
La transparence s'arrête où commence le sponsoring
Avec le double coup d'éclat de l'activiste à Athènes, puis à Paris, la dictature chinoise a été mise en accusation dans le monde entier, et Ménard a été salué, à juste titre, comme le grain de sable qui a fait dérailler la grosse locomotive libérale-communiste chinoise, et de cela on lui sera reconnaissant. Mais on doit également noter que la PME RSF prend des allures de multinationale du Bien : 50 000 tee-shirts noirs vendus en une journée, par ici la monnaie ! En tout Bien tout honneur, rétorquera-t-il en ex-trotskiste roué et rhéteur, et il aura raison. Ménard n'est pas un garçon intéressé. Critiqué par les alters pour son «anti-chavisme primaire» (il est de fort mauvaise foi sur le sujet), Ménard développe une conception absolue de la liberté de penser.
Sauf que la transparence s'arrête où commence le sponsoring : à la demande des entreprises qui le subventionnent, il ne cite pas leur nom publiquement pour ne pas gêner leur business en Chine, où ils respectent fort peu les droits des travailleurs.
Une version plus courte de cet article est publiée dans le numéro de Marianne du 12 avril.
Vendredi 11 Avril 2008 - 00:12
Philippe Cohen
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